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3,41

sur 87 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je n'aurais jamais imaginé que Stella puisse écrire un roman aussi ambitieux et aussi abouti (et puis c'est super bien traduit par Leslie Damant-Jeandel, ce qui ne gâche rien) : tout baigne du début à l'amère fin dans une ambiance froide, pesante et étouffante à la "Battlestar Galactica". Plus qu'agréablement surpris par la qualité de l'ensemble, je suis conquis !
Vous n'aimerez peut-être pas forcément Stella parce que vous avez adoré David et, a contrario, vous ne détesterez pas obligatoirement Stella parce que vous n'appréciez pas David.

L'auteure marche dans les pas des plus grands : les incontournables Howard et Moorcock évidemment, Miéville et Swainston, le Karl Eward Wagner de "Lynortis" et le Richard Scott Bakker du "Prince du Néant", mais aussi Steven Erikson et Joe Abercrombie
Pour parler fantasy francophone c'est entre l'héroïsme noir de Fabrice Colin et la poésie noire de Charlotte Bousquet.
La parenté avec le "Vengeance" du plus moorcockien des auteurs français est vraiment intéressante mais Stella ne suit pas le chemin d'un revival Metal Hurlant à la "Bloodlust". Froideur, noirceur, nihilisme… En comparant Dave et Stella, on prend bien conscience de ce qui différencie Héroïc-Gantasy et Dark Fantasy : amours, amitiés, devoir, trahison, complots… tout est là, mais noyé dans un immense océan de désespérance.

C'est tout à l'honneur de Stella Gemmell de ne pas avoir être facilement tomber dans le fan service en singeant David Gemmell (même si les inspirations, les thèmes, les piques et les gimmicks ont fatalement un air de famille). Nous somme dans un Dark Fantasy de la plus belle eau que ne tombe pas trop facilement dans le grimm & gritty. Il s'agit de la plus force mais aussi de la plus grande faiblesse du roman, mais c'est un peu la loi du genre qui nous intéresse ici. Car on navigue tellement dans le gris foncé qu'il n'y a pas de figure à laquelle se raccrocher ou s'identifier pour vibrer. Et quand on parvient à s'attacher à l'un des nombreux personnages du roman, paf il meurt très violemment (bienvenue dans fantasy à la G.R.R. Martin qui existait bien avant G.R.R. Martin n'en déplaise à certains Fantaisix).
De la même manière la courte espérance de vie des personnages secondaires ne permet pas de développer les petits zooms humanistes qui donnent des raisons d'espérer en l'humanité, car ici ils concernent les morts et non les vivants…
Et c'est aussi un peu déroutant de voir ces personnages cabossés par la vie passer du plus fol espoir au désespoir le plus profond en quelques pages. Mais ainsi va la vie non ?

Le background ? On emprunte les de chemins défrichés par David Gemmell, mais on lorgne sur le nihilisme howardien.
Ambition, humiliation, exploitation… les alliés d'hier sont devenus les ennemis d'aujourd'hui pour la Cité. Les guerriers peints en bleu qui ont jadis sonné la révolte ont été massacrés jusqu'au dernier (hommage aux Pictes de Bran Mac Morn ou aux Highlanders de William Wallace ?). D'autres ont pris la relève années après années et sont appelés Bleus par les Rouges de la Cité. Plutôt que rechercher un compromis on n'a pas hésité à sacrifier plusieurs générations des siens pour abattre des cités, détruire des nations, massacrer des peuples entiers. Pour les habitants de la Cité c'est la conscription universelle donc la parité absolue entre les femmes qui meurent en masse inutilement et les hommes qui meurent en masse inutilement…
Mais les frères Tisserand qui mène l'immense coalition de tous les peuples de l'Est ont un plan : l'Immortel Araeon qui dirige la Cité doit mourir quel qu'en soit le prix pour en finir avec une guerre sans fin.
Le worldbuilding est volontairement épuré pour filer l'allégorie : la Cité qui sombre peu à peu, c'est bien sûr l'Occident dévoré par une ambition sans borne qui se dévore lui-même après avoir dévoré le reste du monde… Nous sommes donc dans la très gemmellienne critique de la décadence de la civilisation en général (Howard) ou en particulier (Moorcock).
Bref sans compassion, pas de civilisation !


Dans la 1ère partie Bartellus, qui ressemble fort au Maximus de "Gladiator" qui aurait définitivement perdu la raison, fait la connaissance des orphelins Elihah et Emly dans la boue et la fange des entrailles de la Cité. Amis achluophobes et claustrophobes ce roman n'est pas fait pour vous du tout !
En leur compagnie nous traversons les différents niveaux antiques, médiévaux et renaissance d'une ville mievillesque présentant toutes les strates géologiques de la misère humaine tandis qu'une aristocratie qui se croit au-dessus du commun des mortels (au sens propre comme au sens figuré) continue ses games of thrones qui coûtent la vie à des millions d'innocents… Être immortel c'est être éternellement blasé disait Dave dans "Waylander III" : il s'agit d'une des nombreuses et riches thématiques développées par le roman.

8 ans plus tard, la 2e partie se concentre sur l'aristocrate guerrière Indaro Kerr Guillaume et ses compagnons pris au piège d'une sale guerre qui n'en finit plus. Durant la bataille de la plaine de sang, franchement difficile de distinguer les Chats Sauvage de la Troisième Maritime, les Brûleurs de Ponts de Steven Erikson et les croisés de Richard Scott Bakker.
Oui c'est long et peut-être lent, oui c'est froid et sans doute très noir mais j'ai vraiment ressenti l'épuisement physique et psychologique de soldats au bout du bout du rouleau que furent nos aïeux à Verdun ou Stalingrad (Dan Abnett style ?)

La 3e partie est plus classique : on renoue avec les fils de l'intrigue dans une ambiance à la Drenaï où Bartellus en quête de vengeance fait alliance avec la mystérieuse Archange pour renverser le tyran honni.

La 4e partie est plus intimiste car en captivité Fell Aron Lee, un Parménion dépressif ressemblant fort à Mel Gibson, se remémore son passé dans un flashback terrible empruntant aux plus sanglantes tragédies antiques avec des morceaux du "Territoire des loups" et de "Hunger Games" : le club des 5 nous amène ainsi les 1ères révélations sur les fils l'intrigue.
Stella nous montre que la cruauté des puissants n'a aucune limite et la soif de vengeance des petites gens elle aussi. Résistants Bleus et déserteurs Rouges font alors alliance pour mettre fin à cette horrible et interminable guerre…

On croit que les choses vont enfin bien tourner pour nos personnages si malmenés depuis le début du roman, et bien pas du tout car la 5e partie nous met encore plus la tête sous l'eau en nous dévoilant le monstrueux visage des frères Vincerii à travers les yeux de la courtisane Petina, de l'espionne Amita et du conjuré Riis.
Je n'avais rien lu d'aussi sombre et amer depuis "Le Royaume des Chimères" du maître R.E. Howard. le massacre du Petit Opéra est pire encore que celui des Noces Pourpres de Martin. A ce moment on comprend que cela va très mal finir pour tout le monde…

La 6e partie accélère le rythme : les chapitres sont plus courts, les POV alternent plus vite. Les pions sont mis en place sur l'échiquier pour le Jour des Offrandes alors que tout s'annonce sous les pires auspices avec la multiplication des trahisons.

Remember le dernier combat d'Argurios dans "Troie" ! Remember le Seigneur Maître de "L'Empire ultime" de Sanderson ! La 7e partie accumule les révélations, les cataclysmes, les grands drames et les grands actes d'héroïsme.
L'apport d'un grand nombre d'informations s'avère déroutant car on s'aperçoit que le Destin est en marche depuis le tout début et le sacrifice de Ranul, bien aidé par une éminence grise encore plus pourrie et manipulatrice que le Littlefinger du TdF.


Passionnant, intelligent, émotionnel… Plus qu'un 1er roman excellent, une oeuvre ambitieuse à laquelle il ne manque vraiment pas grand-chose pour être une référence du genre. Mais un roman pas toujours facile d'accès car il faut brancher ses neurones pour reconstituer à partir des POV de personnages à la courte espérance de vie la trame d'un roman non linéaire et combler les non dits à la Hérodote, Thucydide ou Tacite qui parsèment le récit (d'autant plus qu'on reste volontaire évasif sur les pouvoirs des Serafims et qu'on laisse des portes entrouvertes pour une suite éventuelle).
Un joyau pas aussi bien taillé qu'on le souhaiterait, mais un beau joyau tout de même.
Alors oui si on est très exigeant cela peut manquer de cinématogaphie dans la mise en scène par rapport à Dave, donc d'efficacité ou d'intensité, mais de là à parler d'un roman plan-plan sans talent réel ni étincelle ou de 500 pages d'exposition qui débouchent sur un dénouement creux et maladroit comme ose l'écrire le site consacré à la Fantasy Elbakin.net il faut vraiment être un gros blasé de très mauvaise foi. Car peu importe le nom sur la couverture, il semble difficile de mettre moins de 8,5 à un roman aussi réussi, quand bien même n'est-il pas totalement abouti pour autant.
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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J'ai eu la chance et la joie de me voir attribuer La Cité lors du tirage au sort d'une Masse Critique de Babelio, et je me suis plongée dans sa lecture dès réception.

Stella Gemmel signe ici son premier roman en solo. Il n'aura pas échappé aux puristes du genre qu'elle est la récente veuve d'un maître de la fantasy, David Gemmel, et qu'elle a collaboré étroitement à certains de ses écrits. Les mauvaises langues s'en donneront à coeur joie pour ne voir en ce titre solo qu'un ersatz du maître. Pour ma part, je me suis refusée à aborder cette histoire avec cet a priori, c'était insultant pour le talent de l'artiste.
Parce que talent il y a, c'est indéniable! Stella Gemmel signe ici une magnifique fresque d'Héroïc Fantasy. Un pari osé, à mon sens, pour une première oeuvre, que celui de nous offrir une histoire dense de près de 580 pages. Voir plus si les caractères étaient de taille standard. Mais non, pas d'inquiétude, je n'ai pas sorti la loupe!
La couv' est magnifique et la 4ème de couv' est plus qu'alléchante. Et que dire du contenu? Si ce n'est qu'il tient diablement bien ses promesses.

Je déplore un rythme un peu lent dans le 1er tiers du roman, lenteur relative mais nécessaire puisque le décor se doit d'être planté et que cela ne peut se faire en quelques lignes si on veut réellement s'imprégner des ambiances. Relative car l'aventure commence dès les premières pages, avec la découverte de certains personnages principaux et des remous de leur existence: Elija et sa soeur Emly, qui vont se retrouver très vite séparés; la fière Indaro; l'énigmatique Archange et le vieil homme, Barthellus, qui n'est pas celui qu'il veut bien laisser paraître.
Dans ce 1er tiers, la Cité se dévoile par ses bas-fonds, ses égouts, ses strates inférieures ancestrales, et ce, dans un climat oppressant et anxiogène de puanteur et d'obscurité, de dangers et de mort. La Cité serait-elle un colosse au pieds d'argile? Ses fondations profondes et anciennes sont-elles aussi solides que la Citadelle, en surface, l'affiche? L'existence d'une société parallèle souterraine est-elle le reflet d'un déclin annoncé? Des questions se posent déjà, des mystères apparaissent nébuleusement.

Le 2ème tiers nous ramène à la surface... mais l'ambiance n'est est pas moins sombre. Un autre aspect de la Cité est dévoilé, celui de la guerre incessante dont on ne se souvient plus du début et dont on n'imagine pas la fin, dont on ne sait plus qui est qui, de l'agresseur ou de l'agressé..., celui de ses paysages désolés, dévastés et devenus stériles par excès de sang dans les sols... Un cimetière à ciel ouvert où chaque jour, les soldats se lèvent pourtant pour mener la bataille... de là, une réflexion quasi-philosophique et intemporelle sur la notion de la guerre, de sa justification ou pas. Pour qui, pour quoi, pour servir les intérêts d'un peuple ou assouvir la soif inextinguible de pouvoir d'un seul être? le mystère sur la nature et l'identité de l'Empereur de la Cité se dessine peu à peu, au fil des événements et lors des flashbacks sur les vies de chacun. Les conspirations et les vengeances prennent corps.
Stella Gemmel réussit le tour de force de décrire avec moults détails et précisions chaque coup porté et chaque mouvement et stratégie, tactique de groupes sans en casser le rythme trépidant, guerrier et sanglant. Un véritable bonheur visuel tout autant que littéraire. On est loin de scènes édulcorées et d'un héroïsme angélique; on est dans la réalité épuisante et horrible des combats quasi-suicidaires des différents camps.
On retrouve Indaro, on découvre Fell et ses compagnons d'horreur. Les personnages s'étoffent et en deviennent attachants: on veut les suivre jusqu'au bout, on veut qu'ils s'en sortent. Par conséquent, on vibre, on tremble pour et avec eux. Parce que ce roman épique exhale aussi l'émotion par la sueur de chacun, par chaque goutte de sang versé.

Le dernier tiers de ce gros pavé marque le départ concret des luttes de chacun et de tous. Il n'est plus temps de tergiverser, de tester, de se questionner... c'est le moment de prendre partie et de se lancer dans l'ultime assaut. Et là aussi, l'auteur nous régale avec un suspens de tous les instants, en nous plaçant sous différents points de vue et d'action. le tout dans une fluidité qui nous pousse à vouloir aller plus vite, à ne pas cesser de tourner les pages, pour savoir enfin où se situe la victoire... s'il y a même une victoire! Car c'est fatalement vers la chute au sens propre comme au sens figuré que tous se précipitent. le dénouement est des plus surprenants et inattendus. La mort est au rendez-vous, loin de la gloire et des honneurs. La vérité éclate loin de tout idéal de paix sereine et porteuse d'avenir léger. C'est une plongée dans la noirceur et le marasme de l'âme humaine... ou celle des Dieux.

Pour conclure, je dirais que, sans conteste, à mon sens, c'est du grand art. Ne vous laissez surtout pas rebuter par l'épaisseur de l'ouvrage, l'histoire en a besoin, le lecteur en a besoin. Tout y est, des scènes d'action, de l'horreur, de l'angoisse, du fantastique, de l'humanisme... C'est un total régal livresque et je me refuse à croire que Stella Gemmel ne donnera pas suite à cette Cité. Ne serait-ce que pour nous éclairer sur le destin des Serafim, d'Elija, d'Emly... et de certains autres... C'est un livre que je conseille de tout coeur à tous les accros d'Héroïc Fantasy, vous ne serez vraiment pas déçus, c'est certain!
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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J'attendais ce roman depuis quelques mois avec impatience. J'ai suivi sa sortie en Angleterre avec grand interêt et j'ai couiné (true story!) quand j'ai enfin vu la date de sortie en France. Je n'ai donc pas hésité un seul instant quand Babelio a proposé La Cité dans son dernier Masse Critique. C'était le livre que j'attendais et par chance j'ai été désigné pour le recevoir.

Pourquoi tant d'impatience me direz vous? Car Stella Gemmell est la veuve du regretté David Gemmell alias Dieu dans mon panthéon des écrivains. J'espérai sincèrement que Stella Gemmell allait se lancer en solo dans l'écriture après avoir collaboré tant d'années avec son mari. Et là après avoir refermé ce superbe pavé, je peux vous assurer que Stella Gemmell a du talent! La Cité est un roman très difficile à résumer tellement il est dense. Ce roman se déroule sur plusieurs années et nous avons affaires à de multiples personnages ; Fell, Indaro, Bartellus et tant d'autres. Tous à leur manière et à leur niveau, vont jouer un rôle dans la tentative de destitution de l'Empereur. Personnages énigmatique et puissant qui dirige d'une poigne de fer La Cité. La Cité qui est pour moi, un personnage à part entière. Ville tentaculaire qui s'agrandit au fils des années au fur et à mesure des batailles, elle est l'élément central du roman : à la fois décors et protagoniste.

Je dois avouer que par moment, je me suis senti un peu perdue face à la complexité de l'intrigue. L'histoire se met en place petit à petit et on change de point de vue régulièrement. le lien est entre les différents personnages ne se fait pas tout de suite. Mais au fil des pages les pièces du puzzle se met en place, tout s'éclaire enfin! Alors oui c'est vrai c'est parfois un peu long et un peu compliqué. Mais on oublie rapidement ces petits défauts tellement l'histoire est prenante et l'écriture magnifique!

En conclusion, je ne peux que vous conseiller de vous jeter sur La Cité. Stella Gemmell signe là, un roman prenant, palpitant et grandiose. Il ne fait aucun doute que je lirai la suite, car suite il y aura!!! La Cité est pour moi un vrai coup de coeur et l'histoire du vieux Bartellus restera longtemps dans ma mémoire.
Lien : http://over-books.blogspot.f..
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