Citations sur Les guerriers de l'hiver (22)
- Il existe une vieille légende. Je ne suis pas impartiale à son sujet. Au début, les anciens dieux ont créé un troupeau d'animaux parfaits. Ils avaient quatre pattes, quatre bras et deux têtes. Et leur bonheur était absolu. Les dieux ont posé leurs regards sur cette félicité et en sont devenus jaloux. Alors un jour, le chef des dieux a lancé un puissant sortilège. Et, en un instant, tous ces animaux ont été coupés en deux et dispersés à la surface du monde. Désormais, chaque animal n'avait plus qu'une seule tête, deux bras et deux pattes. Et ils étaient éternellement voués à parcourir la terre à la recherche de leur autre moitié, en quête de l'union parfaite.
Une chouette blanche s'élança du haut sommet d'un arbre et passa en planant au dessus du cheval et de son cavalier. Un rat maigre fila dans la neige au clair de lune et fit une embardée lorsque les serres de la chouette lui touchèrent le dos. Cette embardée le mit presque hors de danger.
Presque.
Dans ce lieu glacé, un "presque" revenait à un arrêt de mort. Ici, tout était noir ou blanc, net et clairement défini, sans aucune délicate nuance de gris. Des contrastes sévères. Le succès ou l'échec, la vie ou la mort. Pas de deuxième chance, pas d'excuse.
- Le mot "Honneur" ne serait-il qu'un son pour toi ? demanda Nogusta. Tu as basé ton crédit sur la confiance. Tu as juré de rembourser. Et maintenant, tu deviens un voleur sans parole.
- Qu'est-ce qui a bien pu te mettre de si sale humeur ? demanda Bison.
- Tu ne comprendrais pas même si je le gravais sur ton front simiesque, répondit sèchement le Noir. Va te soûler. Un homme devrait toujours en rester à ce qu'il fait le mieux.
ça porte malheur de se faire tuer le jour de son anniversaire, quand on est roi.
(Skanda)
- Les Ventrians ont une bénédiction qui dit : "Que tous tes rêves - sauf un - se réalisent."
- En quoi est-ce une bénédiction ? Un homme ne serait pas plus heureux si tous ses rêves se réalisaient ?
- Non, répondit Kebra en hochant la tête. Ce serait affreux. Que resterait-il à vivre ? Nos rêves sont ce qui nous pousse vers l'avant. Nous voyageons de rêve en rêve.
- Les forces du mal sont en train de se réunir, et tous les espoirs reposent dans les mains de trois vieillards. Ça me ferait presque croire en la Source. Nous avons ici affaire à un sens de l'humour d'ordre cosmique.
- Eh bien, mon ami, moi, j'y crois. Et si j'avais dû choisir trois vieillards pour sauver le monde, j'aurais pris les mêmes qu'Elle. Nogusta gloussa.
- Moi aussi, mais ça prouve bien l'arrogance de ces vieillards.
Réfléchis. Vite s'il le faut... Mais réfléchis toujours !
(Ndr : conseil du Loup Blanc en cas de danger...)
Comme il quittait le dais, Malikada s'approcha de lui.
- Vous vous êtes fait un ennemi, aujourd'hui, murmura-t-il.
Le Loup Blanc observa une pause, et croisa le regard de faucon du prince.
- C'est une perspective infiniment préférable à celle de vous avoir comme ami, répliqua-t-il.
Parfois - le plus souvent - on n'a pas ce qu'on veut. On a même rarement ce qu'on mérite. On a ce qu'on a. C'est tout.
- Au bout du compte, personne ne s'en sort, siffla Nogusta. C'est la vie. On naît, on vit, on meurt. Tout ce qui compte, c'est la façon dont nous menons notre barque. Et même ça ne dure pas longtemps. L'Histoire nous oublie. Elle oublie tous les hommes, à la fin. Tu veux des certitudes ? ça, c'en est une.
(Ndr : à Dagorian)