J'ai eu l'immense chance de recevoir
Les guerriers de l'hiver en participant à Masse Critique, et je remercie Babelio pour ce cadeau. Recevoir un roman de Gemmell lors de ma première participation, c'est plus que je ne pouvais espérer !
Les guerriers de l'hiver prends chronologiquement place après La quête des héros perdus, environ 300 ans après
Légende. Mais il n'est quasiment pas relié aux évènements précédents. En effet, la fin de la quête des héros perdus nous laissait avec les deux petits-fils jumeaux de Tenaka Khan, et la promesse d'une guerre à venir. Dans
Les guerriers de l'hiver la guerre de Jumeaux est citée lors d'une discussion entre Nogusta et Dagorian sur les Trente : « Ils n'ont plus de temple depuis la guerre des Jumeaux » laquelle semble avoir eu lieu de nombreuses années auparavant.
Ici, l'empire Drenaï a vaincu l'armée Ventriane et l'empereur Skanda règne sur l'empire. Il épousé Axiana, une princesse Ventriane, enceinte de lui, et il a pardonné à l'armée qui est maintenant sous ses ordres. Maintenant, Skanda renvoie ses plus vieux guerriers chez eux, à Drenan, avec une pension et un bout de terrain. Trois d'entre eux : Nogusta, Bison et Kebra, vont sans s'en rendre compte être pris au coeur d'une bataille des plus importantes.
Ici, l'ennemi n'est pas un peuple, mais une race démoniaque qui veut envahir le monde. Pour cela, Anharat, seigneur des démons, veut réaliser une prophétie : à la mort de trois rois, les démons marcheront sur terre et les ténèbres règneront. Nos trois héros se retrouvent au coeur d'une quête qui ne les touche en rien et qui semble perdue d'avance. Une fois de plus, l'avenir du monde dépend de vieillards en qui personne ne croit, et ils devront affronter des ennemis bien plus puissants qu'eux.
Assez rapidement, deux des trois rois de la prophétie meurent, et Axiana porte en elle le troisième. La ville est sous l'emprise des démons, sous forme d'ectoplasmes invisibles qui, le soir venu, possèdent les hommes et exacerbent leurs pires émotions pour leur faire commettre l'irréparable. Tous ceux qu'elle croyait ses amis et protecteurs la recherchent et elle n'a d'autre choix que de s'enfuir loin de la ville d'Usa aux cotés de Dagorian, un jeune soldat, et d'Ulmenetha, sa suivante qui est aussi prêtresse. Leur chemin finira bien assez tôt par rencontrer celui de Kebra, Nogusta et Bison.
Je crois que c'est la première fois que Gemmell a de si nombreux « héros » qui finissent par se rencontrer après avoir suivi leur propre chemin une partie du roman. On suit, tout d'abord, les trois vieux guerriers :
Kebra, qui est un archer, et le meilleur qui soit. Il a cinquante six ans et est celui qui semble le plus serein sur son age, même si la baisse de sa vue lui fait terriblement mal. Il est doux, calme et posé, de bons conseils et capable d'écouter, mais il déteste le contact et la proximité. C'est un personnage tourmenté, mais cependant très prévenant et compréhensif. Il va tisser des liens forts avec d'autres personnages du roman.
Bison, un guerrier de plus de 60 ans toujours près à se battre. Il m'a beaucoup rappelé Druss dans sa description physique : c'est un colosse, une brute épaisse, une montagne de muscles. Mais la ressemblance s'arrête ici. Là où Druss est juste extrêmement bourru, Bison est grossier, mal élevé, il manque d'honneur, c'est une brute, il n'est pas bien malin, il est vulgaire et a un comportement déplacé la plupart du temps. Pratiquement tous les personnages du roman ne l'apprécient pas, même ses deux amis les plus proches. Mais c'est un personnage bien plus profond que ça, et on le découvre au fur et à mesure du roman. Je l'ai adoré.
Et enfin, Nogusta, un Noir qui a longtemps souffert de racisme, et qui malgré la cinquantaine passée est toujours un combattant exceptionnel, une machine à tuer, même s'il n'est plus ce qu'il était. C'est un personnage énigmatique, dont le passé nous est révélé par bribes tout au long du livre. Il possède un talisman, un médaillon autour du cou qui lui donne le pouvoir du troisième oeil. Il a des visions plus ou moins précises du futur. Ce talisman est un héritage familial qui remonterait jusqu'à un ancêtre bien particulier, qui pourrait changer la donne...On peut voir une représentation du talisman de Nogusta, sur la couverture réalisée par
Didier Graffet (un des meilleurs illustrateurs de fantasy avec Todd Lockwood selon moi !)
On découvre ensuite d'autres personnages, à peine plus en retrait que les trois héros, tels que la reine Axiana, femme de l'empereur Skanda, ainsi que sa suivante Ulmenetha, deux personnages qui vont être au coeur de l'intrigue, et vont devoir s'adapter à la situation. La reine, habituée à être servie, va devoir revoir son jugement sur les gens qui l'entourent, et Ulmenetha quant à elle, va changer d'un point de vue plus... mystique. On découvre aussi Dagorian, jeune officier ayant rejoint l'armée un peu contre son gré, à la mort de son père soldat. le jeune homme, bien que doué, aurait préféré continuer sa formation de prêtre. ( /!\mini spoiler : J'aurais cru que Gemmell allait créer une histoire d'amour entre lui et Axiana, l'amour étant toujours une de ses thématiques principales, mais il a réussi à me surprendre. /!\ ) Il y a aussi Antikas Karios, premier officier de l'armée de Skanda, un des meilleurs épéistes de l'univers de Gemmell. Nogusta avoue ne pouvoir le battre même au meilleur de sa forme. Il est un personnage assez noir mais que l'honneur guide à chacun de ses pas, et je préfère laisser le suspens sur son rôle dans l'histoire. On rencontre aussi Kalizkan, un sorcier très apprécié du peuple, qui va se révéler bien plus important qu'il n'y paraît au premier abord, ainsi que Malikada, prince ventrian et parent de la reine. Enfin, Conalin, Pharis et Sufia, trois enfants qui semblent très secondaires au premier abord, mais qui ont leur importance.
Je vais m'arrêter là, avant de trop en dévoiler sur ce roman. Je finirai juste par dire qu'il n'y a pas de doute, c'est un Gemmell, la trame principale est celle dont on a l'habitude. Et pourtant, j'ai trouvé ce roman très différent des autres de la saga Drenaï, il m'a semblé bien plus sombre, probablement du fait que la magie noire (dite sanglante) et le monde démoniaque sont plus présents que dans les autres romans. J'ai encore été surprise et j'en ai été ravie, et je recommande ce roman auquel je donne la note maximale sans aucune hésitation !