AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782823609493
192 pages
Editions de l'Olivier (14/01/2016)
3/5   16 notes
Résumé :
Delphine se fait renverser par une voiture. Transportée à l'hôpital dans un état grave, elle se retrouve immobilisée. Pendant son séjour, elle tient une sorte de journal mental qui suit l'évolution de son état et de sa douleur. Mais les injections de morphine biaisent son jugement. Dans ses délires s'immiscent des extraits de l'émission télévisée Les chiffres et les lettres.
Que lire après Le monde sensibleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3

sur 16 notes
5
0 avis
4
2 avis
3
7 avis
2
0 avis
1
0 avis
Ils s'étaient rencontrés trois jours avant, Delphine et Elvin. Des regards échangés dans la rue baignée de soleil, puis des sourires timides autour d'un verre, des questions banales, des réponses évasives, des rires, des silences et des pas de danse.
Il pleuvait à verse ce soir-là, le grand soir où ils devaient se revoir. Et ce n'était pas pour déplaire à Delphine, elle qui se protège tant de l'agitation et du brouhaha. Les trottoirs sont clairsemés, les gens ne traînent pas, pressés, le visage caché sous leur parapluie. La jeune femme est géographe, elle étudie les cartes. Voyage en rêve sur tous les continents. Elle aimerait arpenter la planète mais le monde lui fait peur.
En retard, elle court sous la pluie, se hâte. Enfin, elle le voit, de l'autre côté de la route. Vêtements trempés et esprit embué, elle traverse... et n'arrivera jamais en face. Blessée grièvement par une voiture, Delphine se réveille à l'hôpital.
La voilà dans le monde sensible, bloquée sur un lit. Autour de son corps, le personnel médical s'affaire. On lui demande de mesurer sa douleur, de un à dix. Des minutes, des jours, des semaines à voir ces chiffres danser devant elle... elle invente des formules mathématiques, plonge au plus profond d'elle-même, sonde les perceptions de l'intérieur qui se mêlent inévitablement aux bruits du dehors – des cris de patients, des discussions de médecins et de visiteurs, le son de la télévision... La morphine est bienfaisante, le corps prisonnier – dépendant – de tout mouvement, l'esprit lévite, les rêves sont hallucinatoires... Delphine fait le tour de sa personne au gré des variations de la douleur et de la présence ou non de Morphée.
Un roman de sensations porté par un souffle lyrique.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
Commenter  J’apprécie          110
Delphine est géographe, elle voyage dans sa tête, les yeux rivés sur des cartes. Ce jour-là, elle avait un rendez-vous avec un amoureux, un quasi inconnu rencontré peu de jours avant, lorsqu'elle a été renversée par une voiture. Accident grave qui la laisse comateuse à l'hôpital, sans nouvelle de cet Elvin dont elle ne connaissait ni le nom ni l'adresse…
Voilà Delphine seule avec ses souffrances et ses plaies. Seule avec ces nouveaux rêves, ceux d'un voyage intérieur. Délire morphinique hospitalier d'une malade qui s'enferme provisoirement dans son corps et dans ses douleurs de classe 0 à 10… Les bruits les voix, les sons, prennent une toute autre importance lorsqu'on est enfermé dans un corps immobile. Tous les moments d'une journée hospitalière sont décrits avec férocité et réalisme, même s'ils sont imprégnés de ce délire dû à la morphine, seule à même de soulager les douleurs. Et dans une chambre d'hôpital, la vie est vite routinière. Il y a le chirurgien qu'on attend pendant des heures et des jours ; les infirmières et les médecins, qui font leur travail, mais disent rarement les mots que le malade attend, pas le temps, pas à eux de le faire. Il y a aussi les voisins de chambre, leurs familles, visiteurs bruyants ou éplorés. Les séries télé, minables mais réconfortantes. Et les médicaments, les nombres, les doses, l'intensité de la douleur, la chimie qui soigne, le mystère des délires, la victoire sur le monde sensible, celui de la douleur, des nerfs endormis, des jambes qui ne sentent plus rien.
Voilà un roman quelque peu déroutant, mais c'est une incursion intéressante dans la tête du malade, le délire est présent mais réduit au minimum, rendant assez crédibles les élucubrations hallucinées de la narratrice.
Commenter  J’apprécie          20
Delphine est géographe, et rencontre trois jours plus tôt Elvin. Les regards échangés puis une danse plus tard, ils décident de se revoir. Ce soir-là, elle le voit sur le trottoir d'en face, elle court, traverse, et ce fut le choc : Delphine se fait renverser par une voiture. Elle voulait arpenter la planète, la connaître dans ses moindres recoins malgré sa peur.
le réveil se fait dans un entre deux, un moment où le corps est une masse inerte que nous ne savons plus faire bouger. Elle se reconnecte à la réalité avec lenteur. Elle connaît le flou, les bruits perçus sans les reconnaître, et ce jeu de deviner ce qui se passe plus loin. Fermer les yeux et les ouvrir. Être trop faible pour rester éveiller, trop faible pour dormir. Elle découvre cette échelle verbale de la douleur, de 0 à 10, et ces chiffres qui la suivront tout au long de son séjour à l'hôpital.

le résumé de ce livre résonnait en moi. L'envie de découvrir ce qui se cachait derrière cette hospitalisation. J'ai été surprise, choquée, interloquée, triste de lire entre ces pages des moments que j'ai vécus. M'y replonger a été chargé d'émotion.

L'hospitalisation et cette blouse qui infantilise, ce "on" impersonnel qui nous enlève notre identité. Ces fils entrants et sortants de notre corps, causant honte, brulure, gène. Et cette douleur, qu'une échelle jusqu'à 10 ne suffit pas à décrire. Pourtant, la description de ce milieu est neutre : elle explique et décrit les événements qui rythment une journée. Elle explique les passages, les regards, ce qu'on dit aux patients, ce qu'on garde pour la famille. Ce non-dit permanent. Cette douleur qui accompagne le corps. Elle donne de la vie à sa plaie, lui donne un souffle, lui donne la parole. Celle-ci s'exprime et se rappelle à sa mémoire.
Il y a également ce rapport à la Morphine et Morphée. Celui-ci chez qui elle plonge volontiers pour reposer le corps et la tête. Cette douleur qu'elle essaye de feindre, de ne pas lui donner de l'importance pour l'empêcher de l'atteindre.

L'écriture de l'auteur est marquée, fait de phrases courtes, de chapitres courts donnant un rythme. On suit une ligne chronologique, de l'accident, à l'hôpital et ainsi de suite. le premier roman de Nathalie Gendrot m'a émue pour la proximité avec mon vécu. Mais j'y aurais souhaité plus de rage : beaucoup de tristesse, mais aussi de l'espoir.

En bref :
Un premier livre qui m'a émue, exposant avec neutralité les moments rythmant une hospitalisation. Une écriture fluide permettant au lecteur de suivre les ressentis du personnage.

Lien : http://lecturedaydora.blogsp..
Commenter  J’apprécie          30
Un roman étrange et vaporeux, audacieux puisqu'il raconte en trois scènes un voyage intérieur, avant, pendant et après l'accident qui mène à l'hospitalisation et à la morphine. Regarder ailleurs et se permettre de dire ce qui ne peut s'exprimer autrement. On délire paisiblement avec Nathalie Gendrot, on dérive vers une douleur insoutenable et on se pose les questions essentielles du corps en souffrance qui refuse de se battre puis se révolte pour la survie.
Commenter  J’apprécie          50
L'héroïne, Delphine, est géographe, elle voyage dans sa tête en lisant des cartes. Elle est renversée par une voiture alors qu'elle rejoint un récent amoureux. C'est un roman étrange, l'essentiel se passe à l'hôpital dans une ambiance vaporeuse en présence de morphine et de Morphée, dans l'attente, pendant des heures, du chirurgien, de l'autoévaluation de la douleur. A l'hôpital, la vie est vite routinière. C'est un voyage intérieur et on a l'impression que Delphine n'a pas envie de revenir dans le monde réel. A la sortie de ce long tunnel, elle doit réinventer sa vie. Un roman qui se lit facilement. Les phrases sont courtes, les chapitres aussi. YR
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Je revenais sur terre sous la forme d'un circuit hydraulique. Au poignet, l'entrée. Entre les jambes, la sortie. J'étais une pièce du circuit, celle qui transforme le liquide de perfusion en urine. Pendue par la veine du poignet et par la vessie, je découvrais la sérénité souffrante. (…) Peu d'entre mes membres n'étaient pas endoloris mais je faisais l'irréelle expérience du transport des sens d'un bout à l'autre du circuit. Je ne contrôlais rien, ne décidais rien, ne voulais rien. J'étais une pure présence idiote, larvaire. Rien ne pouvait être exigé de moi, pas même de pisser seule. Je lévitais, sans aucune forme de plaisir, mais plutôt dans un abandon nerveux absolu, dans cet espace incertain entre la souffrance et l'indifférence. »
Commenter  J’apprécie          40
« La douleur, c'est une rencontre mythologique, c'est le monstre marin qui surgit dans l'existence de Phèdre, c'est comme trouver le dieu Morphée dans sa chambre. Quand elle est là, l'esprit est trop occupé pour la comprendre. Quand elle a disparu, elle n'existe même plus comme souvenir. On ne peut rien en faire. On ne peut pas la décrire, on ne peut pas s'en souvenir. C'est un fantôme qui change de forme sans arrêt. Elle demeure tapie au fond du cerveau primitif, dans la partie animale de la conscience. Comme le dieu Morphée, elle sait adopter n'importe quel visage. Quand elle se sent appelée par une apparition qui lui ressemble, elle déploie ses ailes ; alors, l'ombres s'étend, sans image, sans forme ; c'est un trouble incontrôlable, un voyage dans le temps des sensations. »
Commenter  J’apprécie          20
« Zéro est l'ailleurs du corps, celui qui ne sent pas. La non-douleur, la paralysie, la tétanie, l'insensation : tout un monde s'ouvre après ce zéro. C'est le monde insensible. À partir de 1 on passe de l'autre côté, celui qui perçoit, qui sent. De 1 à 10, on fait le tour du monde sensible. »
Commenter  J’apprécie          20
Un couple qui s'embrasse se délecte de la sensation d'une coupole étoilée sous ses paupières.
Commenter  J’apprécie          60
Morphine ne fait pas mourir la Douleur, elle oblige à regarder ailleurs.
Commenter  J’apprécie          30

Video de Nathalie Gendrot (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nathalie Gendrot
Nathalie Gendrot - le monde sensible .Nathalie Gendrot vous présente son ouvrage "Le monde sensible" aux éditions de L'Olivier. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/gendrot-nathalie-monde-sensible-9782823609493.html www.mollat.com Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
+ Lire la suite
autres livres classés : morphéeVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (25) Voir plus




{* *} .._..