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EAN : 9782700704013
415 pages
Aubier Montaigne (05/01/2011)
4/5   7 notes
Résumé :
Le 11 novembre 1918, lorsque prennent fin les quatre années de combats, de sacrifices et de massacres qui ont bouleversé l'Europe, les hommes, hébétés, contemplent les ruines. Ces ruines, ce sont celles d'une époque: celle de la modernité triomphante. où les maîtres mots étaient progrès. science. culture, et où l'on avait foi en l'avenir de l'humanité. Beaucoup, alors, diagnostiquent le déclin de la civilisation européenne, et s'interrogent avec angoisse sur la dest... >Voir plus
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
En lieu et place de l’ascension de l'homme vers le surhomme rêvé par les écrivains apocalyptiques de la modernité, la « guerre de Nietzsche » avait dégradé l'homme au niveau d' une bête déshumanisée, sans aucun des traits héroïques que le philosophe de Zarathoustra avait attribués à sa bête blonde. L'image de la guerre que les artistes, désenchantés et bouleversés par l'horreur, représentèrent pendant et après le conflit n'avait rien de glorieux, ni même d'humain.

Presque aucun d'entre eux, à l'exception peut-être des futuristes italiens, ne conserva son enthousiasme guerrier et son orgueil national après avoir fait l’expérience de la vraie guerre, qui faisait véritablement dégénérer l'homme européen à la condition des bêtes. « Des poux, des rats, des barbelés, des puces, des grenades, des bombes, des cavernes, des cadavres, du sang, de l'eau-de-vie, des souris, des chats, des gaz, des canons, de la crotte, des balles, des mortiers, du feu, de l'acier, voilà ce qu'est la guerre ! » nota dans son journal, dans un style télégraphique, le peintre allemand Otto Dix, combattant sur le front occidental. Otto Dix était un lecteur passionné de Nietzsche, il était parti comme volontaire à la guerre pour se confronter au danger de mort et vivre une existence intense et exaltante.
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Tout énigmatique, mécanique, anonyme, diabolique et bestiale qu'elle avait été, la Grande Guerre n'en apparaissait pas moins comme une symbiose monstrueuse entre modernité et barbarie, entre humanité et animalité. Cette symbiose semblait réaliser de fait, avec une cruauté qui dépassait toute imagination, les prophéties sur la catastrophe de l'homme moderne, emporté par les créatures mécaniques qu'il avait lui-même inventées pour accroître sa puissance. La guerre elle-même était une nouvelle apocalypse, c'est à dire une nouvelle révélation quand au destin de l'homme, non plus comme prévision prophétique de l'avenir, mais comme description de la réalité du présent : la modernité, en vertu de son essence catastrophique, avait accompli la destruction de la civilisation au moyen des puissances technologiques qui avaient semé la mort en masse. L'homme les avait inventées pour accroître sa domination de la nature et du monde, mais il en devenait finalement l'esclave et la victime.
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J'ai assisté avant-hier [...] à une chose navrante. Un pauvre bougre a dû aller chier. Il est sorti de la sape, il n'avait pas fait quatre mètres qu'il a été nettoyé. Impossible d'aller le chercher. Les balles passaient si serrées que c'eût été une folie. On a assisté tous à son agonie, il appelait ses copains par leur nom. Il appelait sa femme, il appelait sa gosse, Marcelle. Cela a duré 20 minutes. Tout le monde pleurait. Jamais de ma vie, je n'ai été autant bouleversé. Cette guerre de tranchée est faite de petits assassinats dans le genre de celui-là. Tu dors, tu manges dans la boue, dans l'eau. Sortir de la vie que nous avons menée et être obligés à ce métier-là. Je ne comprends pas comment les hommes peuvent le faire. C'est pour moi incompréhensible. Quelle résistance et quelle souplesse dans l'organisme humain. [...] Ce n'est pas fini cette affaire-là; nous voyons à certains symptômes les signes d'une campagne beaucoup plus longue que l'on ne pensait.

Telle était la réalité de la guerre, comme la décrivait Fernand Léger le 27 octobre 1914.
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La modernité de la raison, de l'égalité, de l’émancipation et des droits de la personne avait été anéantie dans la vie de tranchée. Une seule modernité survivait dans la Grande Guerre, une modernité dont la puissance s’amplifia même, énormément : la modernité des armes, de l'organisation, de la discipline et du contrôle de l’État sur la vie de l'individu. La guerre produisait, effectivement, une métamorphose de l'âme et du corps du combattant. Mais l'homme nouveau engendré par cette métamorphose relevait plus de la machine ou de l'être bestial que d'un niveau supérieur d'humanité et de civilisation.
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La Grande Guerre avait abouti sur le champ de bataille au même résultat que l’avènement de la civilisation industrielle dans la vie sociale : l'une et l'autre avaient dégradé l'homme en l'abaissant au rang d'instrument de la machine.
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