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3,67

sur 210 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La lecture des livres de Sylvie Germain est toujours, pour moi, une expérience intime qui agit en profondeur, dans le coeur et dans l'esprit. Je retrouve dans son univers des questions, des émotions, des situations qui apparaissent dans une étrange familiarité avec mon propre monde. Quelque chose de l'ordre de l'indicible.
"A la table des hommes" n'a pas fait exception à la règle car ce roman brasse le temps, les époques, les gens, les genres, l'actualité et le passé.
Dès le début le merveilleux surgit du réalisme d'une scène de guerre. Nourri au sein d'une femme, un porcelet devient Babel, enfant sauvage dont la seule amie est une corneille. Dans un pays où la guerre n'est qu'endormie, il fait l'apprentissage des humains et de leur langage. Devenu Abel, il apprend les éclats de rire, l'insoumission et la tendresse, auprès de Clovis et Rufus. Né de la barbarie, Abel avance en prenant le meilleur de l'humain et lorsque la barbarie surgit à nouveau il fait front avec ce qu'il a construit : la certitude d'avoir aimé et d'avoir été aimé, "la joie d'avoir reçu cette part d'amour et d'amitié".
C'est un roman d'humanité que nous offre Sylvie Germain, de cette humanité qui sait donner et aimer autant que blesser et haïr. Intemporelle mais marquée du sceau de l'actualité la plus effroyable, l'histoire se tient à la lisière du merveilleux, piochant des images dans les textes fondateurs pour en faire émerger de nouvelles visions. L'écriture ample, ondoyante, possède une extraordinaire puissance d'évocation et sait nourrir la réflexion sans jamais se montrer didactique.
Un roman qui m'a submergée d'émotions !
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C'est un très beau livre. Pas tant par l'histoire qui est racontée que par le style de S.G. de lecture facile, fluide, et en même temps parfois un vocabulaire recherché, poétique. Elle fait dire d'ailleurs à son personnage « les mots sont déjà des histoires à eux seuls ».
S.G a des expressions fulgurantes : »les corps-signets », « les corps-tuteurs »( pour nommer les adultes qui ont accompagné Babel, le personnage central du roman.) « habiter le temps », « il ressasse les mots, les tourne et les retourne, les suce longuement, ainsi que des noyaux de fruits jusqu'à l'amande »( ça fait penser à un texte de Neruda , où les mots sont presque les mêmes)…..
Le livre nous parle du monde : les guerres absurdes et fratricides, le rapport des hommes et des animaux, la destruction de la nature, la perte du lien homme-nature-animaux. Elle évoque l'actualité : les migrants, les religions instrumentalisées qui servent de prétextes aux conflits sanglants. Mais ce n'est pas un livre d'explication, plutôt une sorte de fable. On ne sait pas à quelle guerre Babel a survécu ; lui –même ne veut pas le savoir ni s'en souvenir. Il veut être du côté du vivant : »j'ai appris que nous avons la même origine, nous les vivants, tous les vivants. La terre, les éléments ».
Ce livre nous parle du mal, de la méchanceté, de la violence, mais aussi de la bonté, de la générosité .
On y retrouve les thèmes d' autres romans de S.G. : la cruauté et la mort, la recherche de l'identité… Malgré la noirceur de bien des pages, le roman n'est pas totalement pessimiste.
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Pas de notion de temps, de lieu dans ce roman qui fait penser à un conte philosophique.Une réflexion , une interrogation sur l'homme à travers un enfant sauvage; le héros du roman.
Cet enfant qui présente une grande part animal,qui est proche de la nature nous allons suivre sa vie ponctuée de multiples péripéties.Il essaye de survivre à la guerre, fait des rencontres, des apprentissages,essayant de survivre à la violence des hommes .Très beau roman.
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Un roman, un conte? en tout cas de belles métaphores et images qui illustrent un essai poétique sur l'homme inséparable de sa violence et de son Anthropomorphisme fatal pour le reste de la création. Une corneille, un enfant sauvage...des effluves du Rapport de Brodeck, une lecture vraiment étrange mais qui me donne envie d'en savoir plus sur cette auteure.
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Voici le dernier roman de Sylvie Germain, à prendre comme un conte.
Nous sommes dans une ferme près d'un village, peut-être dans les Balkans. Les habitants et les animaux de cette ferme sont attaqués et massacrés. Seuls survivants : une femme, et un porcelet blessé. Elle va le soigner, l'allaiter, avant de mourir aussi. le porcelet, livré à lui-même, va survivre en forêt, avec d'autres animaux rescapés comme lui.
Etrangement, au cours d'une rencontre violente avec un jeune blessé, il va se transformer, en jeune garçon, et être recueilli par des villageois. Ce garçon, complètement sauvage, va se familiariser, petit à petit avec le genre humain.
Si le sujet peut rebuter des esprits cartésiens, on finit par croire à cette histoire étrange, et on se laisse bercer par ce conte philosophique : la cruauté envers un être différent, mais aussi l'attention d'un vieil homme envers lui, et la découverte du monde avec des yeux purs. Très beau roman de Sylvie Germain, à découvrir.
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Quelle idée de commencer un roman avec pour personnage principal un cochon ? Je craignais un peu cette entrée en matière, mais heureusement, cela ne dure pas, le cochon se transformant vite en homme (cet aspect quelque peu fantastique du roman m'a étonné, mais après tout, pourquoi pas).

Ce point de départ explique que le personnage principal, Babel, perçoive le monde en couleurs et en senteurs. Un roman très olfactif et colorés, donc.

Mais là où l'auteure m'a conquise, c'est en utilisant un vocabulaire très précis, un langage soutenu pour nous parler des bassesses des hommes. Sa langue nous projette littéralement dans les hautes sphères pour nous raconter combien les hommes sont terre à terre et violents.

J'ai aimé le passage sur le Prix Nobel Piotr Kapitsa qui a fait le calcul du lieu de résidence de Dieu, soit à environ neuf années-lumières de la Terre.

Il est également fait référence aux portraits du Fayoum, comme dans le roman-fleuve de Mathias Enard.

Une auteure à part dans les lettres françaises.

L'image que je retiendrai :

Celle de la corneille se perchant sur les épaules de Babel, compagnon fidèle avec qui il communique.

Une citation :

« Et il a raconté la façon dont le physicien avait procédé pour évaluer la distance à laquelle ledit Dieu avait planté son trône céleste. Kapista s'était basé sur le lancement de prières émises en 1905, vers la fin de la guerre russo-japonaise, par des popes pleins de ferveur patriotique et leurs ouailles les plus dévotes. Dans leur appel, ils adjuraient Dieu de châtier leurs ennemis. La réponse était arrivée dix-huit ans plus tard, en 1943, sous la forme d'un violent séisme qui avait frappé une partie de l'île centrale du Japon(…). Les prières voyageant certainement comme les photons à la vitesse de la lumière dans le vide intersidéral, soit 300 000 kilomètres à la seconde, et l'accusé de réception de la part de Dieu idem, Kapista avait pu ainsi élaboré son calcul. » (p.194)
Lien : http://alexmotamots.fr/?p=1783
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J'ai adoré comme toujours cet ouvrage de Sylvie Germain qui est l'une de mes autrices phares !
Elle nous emmène dans un univers loufoque mais qui nous semble réel, avec des personnages tellement pittoresques qu'on a l'impression de les connaître.
Une fable sur la guerre d'abord, sur le handicap ensuite, sur le lien qui unit la nature à l'homme, et enfin sur la haine et la violence. Tellement de sujets tous toujours autant d'actualité bien que ce livre ait été écrit en 2016 (il y a donc pas loin de 10 ans en fait !).
Je ne vais qu'évoquer ce qu'il se passe dans le premier chapitre et je vous déconseille la lecture de tout résumé si comme moi vous n'aimez pas qu'on vous révèle ce qu'il se passe après la seconde moitié du livre !
Au début, donc, nous suivons un porcelet qui tente de survivre dans un environnement ravagé par la guerre. C'était ma partie préférée et je pense qu'un livre uniquement sur ce sujet aurait pu être extraordinaire. Au début j'étais un peu déçu de la tournure qu'a pris le récit au bout de quelques chapitres... Finalement l'histoire tient la route, les personnages sont attachants et on aime suivre ce nouveau récit !
Je tire donc mon chapeau à Sylvie Germain qui encore une fois nous fait vivre des aventures humaines (et pas que ici !) incroyables en nous faisant y croire.
Le lien avec Magnus est évident bien que les livres soient très différents, mais si vous avez apprécié Magnus je vous conseille À la table des hommes !
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Quel livre magnifique. Je le lis alors que Poutine essaie d'envahir l'Ukraine et n'hésite pas à massacrer la population. Sylvie Germain nous conte une fable. L'histoire d'Abel qui est né dans un corps d'adolescent et doit apprendre à être un homme, à vivre avec les hommes et à comprendre les hommes. Sylvie Germain fait dire à ces personnages des choses tellement justes :
- Les hommes sont malades de rivalité, de gloire, de puissance ;
- Aux bêtes l'insanité, l'abrutissement et de soupçon de dangerosité. Aux hommes, l'intelligence, le savoir, la science, le sérieux ;
- La meilleure définition de l'homme est la suivante : Créature bipède et ingrate.
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Empli d'humanité, ce livre est plutôt déroutant par le ton particulier adapté par l'auteure. Mais le fil se découvre progressivement, révélant une (des) histoire(s) et des personnages attachants.
A lire comme on se promène dans la nature, en prenant le temps de s'arrêter en chemin pour observer les détails et déguster les saveurs qui parsèment cette aventure.
A lire, délicieusement.
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