Si le grain ne meurt

La partie la plus intéressante est l'évolution d'André Gide à travers son milieu familial, certes bourgeois avec des principes et des valeurs, mais dans une éducation peu sévère, assez permissive où les bonnes, les institutrices, les professeurs de musique et autres cousins cousines gravitent autour de lui toute sa jeunesse.
Les souvenirs sont exposés dans un ordre aléatoire pour ne pas dire dans un désordre insouciant et involontaire, qu'il justifie volontiers : « ...et qu'on ne cherche point de logique dans l'exposé de mes raisons ; je les présente en vrac, comme elles m'étaient venues et sans les ordonner davantage. »

Gide se gargarise du verbe « comprendre » à foison. J'ai relevé les nombreuses phrases suivantes :

-comme on comprenait bien le pourquoi du plaisir !

-ma mère restant d'avis que l'enfant doit se soumettre sans chercher à comprendre, mon père ardant toujours une tendance à tout m'expliquer.

-assurément j'étais trop jeune encore, et ma mère me répétait trop souvent, et à propos de trop de choses : « Tu comprendras plus tard »

-Je ne pouvais comprendre à cet âge (j'avais dix ans) que les lamentations d'Ernestine s'adressaient à la galerie

-en vérité, je crois que je ne comprenais pas ce que l'on me voulait, ce que l'on attendait de moi.

-Vous trouvez cela stupide parce que vous êtes trop jeune, répliqua-t-il avec suffisance. Vous comprendrez cela plus tard.

-Tu n'as pas besoin de comprendre cela maintenant », ou : « Tu comprendras cela plus tard. »

-me paraît aujourd'hui que ma mère aurait pu profiter de ce temps pour me faire apprendre l'anglais par exemple ; mais c'était là une langue dont mes parents se réservaient l'usage pour dire devant moi ce que je ne devais pas comprendre

-Du moins dus-je me rappeler ses paroles, plus tard, lorsque je fus mieux éduqué pour les comprendre.


Sans doute Gide a passé ses premières années a essayer de comprendre la vie pour rendre la sienne vivable et tout à fait honorable, ce qui ne rassure pas toujours sa mère qui finit par renoncer à ses espoirs. Gide est à la fois opiniâtre et peu sûr de lui.
Bien écrit, avec une singulière liberté naturelle.
Ses lectures, ses écrits, les rencontres amicales et intimes sont ses meilleurs atouts pour arriver à un équilibre. Malheureusement, cette 2ème partie du livre qui illustre cette quête ne m'a pas captivé plus que ça : je n'ai pas été passionné par ce parcours intellectuel qui devenait au fur et à mesure ennuyeux et pas si exceptionnel.

Ce roman autobiographique ne m'a pas marquée, alors que je l'ai lu plusieurs fois. Je ne l'ai pas trouvé particulièrement intéressant pour comprendre Gide, ni bien original dans sa forme. A lire si vous adorez Gide, mais sinon je pense qu'on peut s'en passer...