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sur 398 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est une autobiographie de sa jeunesse qu'André Gide nous offre.
Qu'est-ce encore que ce titre bizarre ?
Si le grain ne meurt fait allusion aux versets de l'Évangile selon Jean :
« Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. »
Il exprime ainsi tout l'enjeu de la vie de Gide : « L'enfant obtus » qu'il reconnaît en lui-même, oppressé et paralysé par l'éducation puritaine et sévère de sa mère, doit mourir et céder la place au jeune homme épanoui, créatif et libre d'esprit.
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Par bien des côtés, ma jeunesse personnelle ressemble à la sienne :
Obtus, fils unique, père prof, mère « tu comprendras plus tard », naviguant entre mes familles maternelle et paternelle, me sentant différent comme il le fut, tabassé par les élèves, solaire,…, passant des heures à regarder un petit être vivant (moi fasciné par les têtards et pieds de tomates, lui plein d'insectes ou de jeunes plantes ), trimbalé à droite-à gauche par mes parents, et d'établissement en établissement, prenant des notes….. Mais peut-être le seul point différent est que je n'ai jamais eu de tendance homosexuelle, bien au contraire.
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Pourtant, malgré l'identification, ce livre qui est aussi une re-lecture, ne progresse pas dans le nombre d'étoiles : trois, je ne sais pourquoi… Sans doute qu'une telle jeunesse, malgré notre enthousiasme, celui d'André et le mien, n'est pas visible dans cette biographie ?
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André Gide n'a point fait mystère de son homosexualité; mais lorsqu'en 1923 il publie Si le grain ne meurt, les esprits de l'époque ne sont sans doute pas prêts à cette forme de confidence. C'est donc avec la pleine conscience du trouble qu'il va susciter qu'il affirme préférer l'insuccès plutôt que s'écarter des libertés de conduite et de pensée qu'il s'octroie, en butte à une éducation puritaine et à une mère certes aimante, mais possessive.

La disparition de son père dans sa prime adolescence le livre à l'amour de cette mère que l'on peut qualifier de castratrice : "Et je sentis soudain tout enveloppé par cet amour qui désormais se refermait sur moi." Et Lorsque cette dernière rend son dernier soupir, il avoue "s'abimer dans un gouffre d'amour, de détresse et de liberté." C'est à cette étape de sa vie en 1895 qu'il clôt cet ouvrage ; bien avant le succès dans sa carrière d'écrivain et la consécration avec le prix Nobel en 1947.

Si ce n'était la qualité de l'écriture, que la préciosité rend malgré tout un brin désuète même pour ce début de vingtième siècle, cet ouvrage autobiographique me rendrait le personnage fort peu sympathique. On y découvre un auteur qui ne cherche pas à plaire, à qui la liberté de ton est permise du fait de l'aisance matérielle dans laquelle le place sa famille ; et dont la liberté de moeurs, si elle pouvait être réprouvée par la morale de l'époque, serait condamnée par la justice d'aujourd'hui.

La culture classique indéniable et la qualité d'écriture ne sauraient être suffisantes à m'encourager d'approfondir la découverte de cet auteur. Mais peut-être n'ai-je pas commencé par l'ouvrage ad'hoc pour cela ?
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Ce récit autobiographique concerne les années d'enfance et de jeunesse de Gide, depuis sa naissance ("Je naquis le 22 novembre 1869") jusqu'au décès de sa mère Juliette en mai 1895 et l'annonce de ses fiançailles avec sa cousine Madeleine qui est ici appelée Emmanuèle. le récit, que Gide achèvera en 1924, se décompose en deux partie inégales : d'une part les années de formation (élève ou lycéen qui le plus souvent étudiait avec des précepteurs), qui couvre les trois quarts du livre, où il nous parle de ses liens d'amitié avec ses cousines ou avec ses condisciples tel Pierre Louis (qui écrira plus tard sous le pseudonyme de Pierre Louÿs) et d'autre part les années de découverte de sa sexualité et notamment de son penchant pour les jeunes éphèbes d'Afrique du Nord. Si la première partie est souvent ennuyeuse et ne brille que par le style de son auteur, d'un classicisme parfaitement maîtrisé, la seconde partie m'a touché davantage dans sa recherche d'une façon juste (sincère mais sans exhibitionnisme) de raconter sa première expérience homosexuelle et sur le bouleversement qui cela provoquait en lui. le passage où il raconte ses quelques soirées avec Oscar Wilde ne manque pas de sel non plus. Toutefois je reste étonné qu'André Gide qui deviendra quelques années plus tard un intellectuel engagé (contre le nazisme et le communisme stalinien en particulier) soit aussi silencieux sur les rapports de classes et qu'il n'exprime aucun scrupule à jouir de sa position de jeune bourgeois que la situation extrêmement favorisée de ses parents lui permettait d'avoir.
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Gide raconte sa vie, son enfance, mais il cherche surtout à expliquer ses choix, son écriture et à monter pourquoi et comment il a aimé les hommes. C'est surtout utile pour les amoureux de l'auteur, de l'époque et pour ceux qui voudraient comprendre l'itinéraire d'un écrivain homosexuel.
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Récit Autobiographique – André Gide revient sur sa vie depuis sa petite enfance jusqu'à ses fiançailles avec Emmanuèle sa cousine.

De santé fragile, il va peu à l'école. Sa famille appartient à une bourgeoisie aisée et lui permet de suivre une scolarité chaotique auprès de précepteurs. Marqué par la mort de son père alors qu'il a une dizaine d'années, le petit garçon vit avec sa mère et Anna une dame de compagnie entre Paris, la Normandie et Uzès.

J'ai mis énormément de temps à lire ce livre : Un peu chaque soir alors que mes anciennes habitudes sont plutôt de dévorer un livre en deux-trois jours. du coup, je ne sais pas si ce sont ces nouvelles circonstances de lecture ou le livre en lui même mais ce livre m'a paru très long (à peine 370 pages cependant)

J'ai d'ailleurs plus aimé la deuxième partie où Gide part en Algérie avec son ami Paul Laurens. Jeune adulte, il découvre ses « penchants » homosexuels et c'est avec beaucoup de pudeur qu'il en rend compte. Il essaie de rentrer dans la « norme » en se persuadant être amoureux de sa cousine et en « partageant » Miriem, la belle prostituée, avec son ami Paul. A Alger, il rencontrera le sulfureux Oscar Wilde en 1893. Ce même Oscar Wilde quelques années plus tard sera emprisonné pour « Homosexualité ».

Rien de sulfureux dans ce récit de Gide : des impressions, des réflexions sur la famille, la religion, l'écriture et l'amitié, l'amour spirituel pour sa cousine qu'il dissocie de ses désirs pour de jeunes hommes.

En conclusion : Un livre lu sans réelle passion mais sans ennui. Il ne m'a pas enthousiasmé comme avait su le faire « les nourritures terrestres » lu il est vrai à l'adolescence.
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Roman autobiographique d'André Gide commençant à sa naissance en 1869 et finissant à ses fiançailles avec sa cousine.

L'enfance de Gide est celle d'un grand bourgeois élevé dans la rigueur protestante. Il a peu d'amis mais reste très entouré par sa mère ou sa gouvernante (Anna). L'enfant se révèle nerveux et hypersensible. Son éducation se fait en dents de scie. Chaque personne rencontrée dans cette biographie est traitée comme un personnage de roman et Gide détaille la vie de ceux qui eurent de l'importance pour la sienne: Anna Shackelton, sa gouvernante, ses parents (mère de Normandie, père du Midi) et plus tard ses amis, poètes et écrivains dont bon nombre sont des célébrités: Heredia, Mallarmé, Wilde... pour ne citer qu'eux.

Une première partie -la plus longue- insiste sur la formation de son goût pour la littérature et la musique, goût teinté de mysticisme, sur ses amitiés (selon lui toujours profondes) avec Pierre Louÿs par exemple, ses déboires: mort de son père et mainmise de sa mère, omniprésente même entre les lignes. Certains passages ne vont pas sans évoquer Les nourritures terrestres, tant ils sont empreints de prose poétique d'un lyrisme un peu désuet, ainsi à propos d'une promenade avec sa cousine:

"Eblouissement pur, puisse ton souvenir, à l'heure de la mort, vaincre l'ombre! Mon âme, que de fois, par l'ardeur du milieu du jour, s'est rafraîchie dans ta rosée." (211)

La deuxième partie concerne son premier voyage en Algérie et sa découverte de l'homosexualité (voire de sa pédophilie car ses amants n'ont guère que 14 ans). Bien sûr Gide transpose ses actes en esthète gavé de littérature grecque. Il explique longuement que l'acte sexuel, chez lui, se sépare de l'amour (pour sa cousine) plus métaphysique. Il sépare l'âme du corps, ce qui lui évite bien des problèmes. D'un côté il y a la vie sexuelle débridée et de l'autre l'amour platonique d'un mariage qui - si je ne m'abuse - ne sera pas consommé. Lors de son second voyage, il y rencontre Wilde (qui lui assumait tout, non sans difficultés) en compagnie de Lord Alfred Douglas qui lui valut un procès retentissant.

A la fin, à la mort de sa mère, Gide n'éprouve pas de tristesse pour sa disparition:

"Je m'attristais de voir souffrir ma mère mais pas beaucoup de la quitter." (366)

Ses efforts de sincérité sont louables et l'on pense aux Confessions de Rousseau, mais que de précautions oratoires! que de circonlocutions! Il met un temps infini avant de dire les choses à tel point qu'il s'en rend compte lui-même:

"Pourquoi je raconte tout cela? Oh! simplement pour retarder ce qui va suivre. Je sais que cela n'a pas d'intérêt." (296)

le style, de facture très classique, a parfois tendance à enfler vers le lyrisme (précédemment cité) et on en ressort un peu gavé de subjonctifs imparfaits, de conditionnels passés deuxième forme et de passés antérieurs. Mais un agacement m'a pris à lire la vie de Gide - ce qui n'enlève en rien ses qualités littéraires ni son apport pour la littérature française mais qui doit participer de ma révolte constante contre cette bourgeoisie oisive quoique encore cultivée à cette époque - car franchement, il ne s'est pas réellement posé de problèmes matériels: ce qu'il a voulu faire, il l'a fait et l'argent n'était pas un souci. le propos est un brin nombriliste mais sa préciosité implique un vocabulaire foisonnant et choisi, une syntaxe grammaticalement impeccable.


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