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sur 398 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle ».

Le titre de cet ouvrage autobiographique fait référence à l'Evangile selon Saint Jean, et exprime la dualité de l'auteur, qui aurait pu, tel le grain de blé ne pas mourir et poursuivre le destin tracé par son éducation puritaine, alors que renonçant à celle-ci, il révèle sa personnalité enfouie.


Dans une première partie, Gide évoque une enfance de sale gosse, celui qui mord la joue qu'on lui tend, qui écrase les pâtés de sable de ses petits camarades et se cache sous les tables pour des jeux interdits, sévèrement corrigés au nom de la décence instrumentalisée par le médecin de famille.
Derrière les souvenirs incertains, modifiés par la reconstruction de l'imagination qui mêle les époques et les lieux, se dessine le bonheur des premières impressions dans un monde qu'on découvre et interprète à l'aune d'une expérience minimale.

On y découvre aussi une scolarité totalement anarchique, dispensée par des précepteurs éphémères et des cours de piano médiocres qui n'ont pas découragé l'enfant amoureux de la musique.

Inévitablement cette enfance « confinée » ne développe pas la sociabilité et fait le lit du désespoir des années de lycée, qui auront malgré tout permis la rencontre d' amis fidèles .

C'est dans la deuxième partie, qui relate un voyage en Afrique du Nord avec son ami Paul Albert Laurens qui lui fait tourner la page de son éducation protestante, qu'il prend la parti d'assumer son homosexualité.

Gide ne fait pas le fanfaron, il porte un regard sévère sur ses obsessions, et sur l'enfance à la fois privilégiée, (au moins jusqu'à la mort de son père) et ne s'accorde pas de remises de peines.

Bien entendu, malgré une pudeur relative, les pages qu'il consacre à ses relations charnelles avec de jeunes prostitués algériens ne peuvent que choquer. Elles sont à remettre dans leur contexte mais restent inexcusables et inacceptables, par cette recherche de plaisir sans aucune considération pour l'être humain instrumentalisé et avili. Elles sont le témoin d'une évolution des consciences qui ne peut aller que vers l'amélioration du genre humain.

Autobiographie sans complaisance, rédigée avec sincérité et simplicité, qi permet de comprendre un peu mieux l'oeuvre et l'auteur.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Pour moi, Gide est encore une énigme. Qu'en sais-je ? Peu de choses. Je me souviens de deux livres de poche aligné sur l'unique tablette de mon lit cosy qui contenait tous mes livres à l'époque (Une centaine). Je devais avoir treize ou quatorze ans. Parmi ces livres, il y avait Balzac, Jules Verne, Victor Hugo, Anatole France, quelques livres de la collection spirales et d'autres de la bibliothèque verte des éditions Hachette. Dans mes souvenirs, il y avait deux livres de Gide : Isabelle et la Symphonie pastorale. Je me souviens bien de ce qui a motivé mon intérêt pour Balzac, Victor Hugo ou Jules Verne en revanche, je n'ai aucun souvenir qui puisse expliquer la présence de Gide. Sans doute, ai-je été attiré par le titre et l'illustration de la couverture du livre de poche, chose à laquelle je suis encore sensible aujourd'hui. J'ai lu ces deux livres à l'époque et ils m'ont laissé une bonne impression. Ils représentent pour moi, avec d'autres, une certaine nostalgie de mes premières lectures. J'ai gardé aussi un goût particulier pour les livres de poche dont les illustrations de couverture, souvent des aquarelles, étaient magnifiques. Elles invitaient à la lecture, au mystère, à l'aventure, j'ai rarement été déçu d'un texte dont l'illustration m'avait attiré.

 Quelque temps plus tard, j'ai acheté "les nourritures terrestres", les premières lignes m'ont rebuté. Les années ont passé et je n'ai plus jamais relu Gide, ni ses oeuvres ni sa biographie. Depuis, il est tombé un peu dans l'oubli. Pourquoi cette désaffection et ce regain pour Gide entre mon adolescence et aujourd'hui ? Gide n'est pas un auteur populaire et il n'a pas écrit beaucoup de romans. Il fait parti des grands écrivains, avec Proust et Valéry, qui ont dominé la période entre les deux guerres mondiales. Aujourd'hui plus personne ne lit Gide, même s'il est toujours considéré, du point de vue du style, comme un écrivain majeur du XXe siècle.

 Il est né à Paris en 1869 dans une famille de la haute bourgeoisie protestante. Il perd très tôt son père, à l'aube de sa douzième année. Il restera marqué par l'éducation stricte de sa mère contrastant avec le souvenir d'un père doux et compréhensif. La fortune familiale lui permet de bénéficier de précepteurs particuliers, il apprend à jouer du piano et deviendra un bon musicien amateur. Il s'intéresse à la science, à l'entomologie, mais surtout à la littérature et produira très tôt un premier recueil de poésie à compte d'auteur qui passera complètement inaperçu. A l'école Alsacienne à Paris, il se lit d'amitié avec Pierre Louys. Plus tard, il fréquentera les cercles littéraires parisiens et rencontrera Paul Valéry et Stéphane Mallarmé. Il obtient un grand succès avec la publication des nourritures terrestres dont le lyrisme est salué par une partie de la critique. Son roman le plus lu sera "La Symphonie pastorale" publié en 1919 qui traite du conflit entre la morale religieuse et les sentiments. Il est aussi connu pour son journal qu'il rédigera toute sa vie. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1947 et meurt à Paris en 1951.

 Dans "Si le grain ne meurt" Gide raconte ses souvenirs de jeunesse et ses débuts littéraires. On découvre un personnage très complexe, tourmenté, incertain dans ses opinions (plus tard, il sera antidreyfusard sans doute par antisémitisme, puis reviendra sur ses convictions tout en restant un peu ambigu, il se fera le chantre du communisme en 1930 puis exprimera sa désillusion après son voyage en URSS en 1936). Son autobiographie est une sorte de confession. Ce qui frappe le plus c'est l'auto dénigrement de l'auteur partagé entre le souhait de contrôler ses sentiments et ses pulsions et l'envie d'y céder pour mieux les dépasser. Dans la deuxième partie de ce livre Gide, révèle et assume son homosexualité et raconte sans vergogne quelques expériences avec des enfants lors de son voyage en Afrique du Nord. Ce type de confession serait inimaginable de nos jours, ce qui montre bien la distance qui nous sépare de cette époque. Gide serait aujourd'hui considéré comme un pédocriminel (terme qui tend à remplacer celui de pédophile), même si ses déviances ont été peu nombreuses et limitées dans le temps. C'est ce type de comportement qui sera la cause de sa rupture avec Paul Claudel le porte-drapeau d'un catholicisme sans concession.

 Quant au style, c'est celui d'un grand écrivain maîtrisant parfaitement son art. Il a porté à des sommets la concision et la pureté de la langue française. J'ai beaucoup aimé son respect absolu des règles de concordance des temps, il emploie volontiers l'imparfait du subjonctif : "...je les retrouvais pendant quelques semaines chaque été, soit qu'elles vinssent à la Roque, soit que nous allassions à Cuverville..." (Si le grain ne meurt page 94). Cette manière d'écrire est complètement dépassée aujourd'hui et plus un seul écrivain contemporain ne maîtrise le subjonctif.

 Je reste un peu secoué par les révélations de Gide dans son autobiographie, mais j'admire néanmoins la sincérité et l'honnêteté d'un homme qui n'a pas cherché à caché les misères de la condition humaine qu'il personnifiait à certains égards. Je ne peux pas dire que je connais André Gide, mais je commence à percevoir à la suite de ces quelques lectures un personnage étonnamment complexe et intriguant. Sans doute vais-je poursuivre ma découverte de Gide en lisant quelques-unes de ces oeuvres les plus connues comme l'immoraliste et les caves du Vatican, sans oublier son journal ou sa correspondance avec Paul Claudel.

Explication du titre, d'après Wikipédia :

Si le grain ne meurt fait allusion aux versets de l'Évangile selon Jean : " Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit.Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. "

Jean 12, 24-25

Ce choix de titre exprime l'enjeu de la vie de Gide :L'enfant qu'il reconnaît en lui-même, oppressé et paralysé par l'éducation puritaine et sévère de sa mère, doit mourir et céder la place au jeune homme épanoui, créatif et libre d'esprit.

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Est ce toujours utile d'écrire son autobiographie....
Peut être. Gide en tout cas ici quitte le masque. Maître de la perversion, c'est sans détours qu'il nous livre son histoire. Celle d'un jeune en camisole spirituelle qui livre son combat. Ni contre dieu, ni contre le diable, mais contre lui même. Se dire, se nommer, faire face au miroir c'est l'exercice de ce livre. Comment a t il pu survivre à ces enchevêtrement de fausse moralité, de dogme, de puritanisme ? Comment en tenant si fermement les évangiles arrive t il en cette fin du 19e siècle à s'affranchir contre lui même ? Mieux vaut ici parler de mémoires. le terme "confessions" demanderait quelque pardon que nous ne pourrions pas accorder. Récit au rythme et à,la lumière d'une époque qui jettera Wilde dans une geole...
Si le grain ne meurt , c'est sans doute quelque fois grâce à l'ivraie...
Astrid SHRIQUI GARAIN
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Je l'avais lu à l'adolescence et séduite par le style, émue par la détresse de l'écrivain qui parait se livrer avec une rare authenticité, je n'y avais vu que du feu...
À la relecture, j’ai envie de dire : j’y vois une écriture subtile, précise et lyrique pour circonscrire la confusion qui nous fait toucher du doigt cette capacité phénoménale que possède l'humain de se sublimer et de se mentir à soi-même.
La première partie retrace les évènements qui ont marqué son enfance et son adolescence et son entrée dans le monde des lettres.
Il est né dans de beaux draps : j'entends par là dans l'aisance d'une famille où l'on sait se tenir et où on ne consent pas, par exemple, à habiter dans des maisons sans portes cochères !
Il perd son père à 11 ans. Un père attachant et libéral dont il gardera la nostalgie. Sa mère, restée veuve, de religion protestante lui impose une éducation excessivement puritaine et rigoriste.
À l'école, il se fait harceler, voire torturer par un groupe d'enfants hargneux et violents. Pour être dispensé de classe, il feint une maladie nerveuse. Et cela marche. Très vite un mécanisme d'évitement se met en place, car on le devine par la suite, à des moments clefs de sa vie, il aura tour à tour des maux de tête, des fluxions de poitrine gravement invalidantes qui s'avéreront finalement être d'origine somatique.
Choyé par une mère assez bornée, mais aimante il sera confié à divers précepteurs choisis sans beaucoup de discernement. C'est d'ailleurs par ce biais que se développe un amour des lettres qui s'enracine dans un désir de transgression. Il rejoint assez tard l'école alsacienne où il rencontre Pierre Louÿs. Après son bac (en passant par le lycée Henri IV) et la confirmation de ses ambitions littéraires, il fréquente les salons parisiens et se lie avec de nombreux poètes : Valery, Heredia, Mallarmé.
Depuis l'enfance, il est amoureux de sa cousine Madeleine qui le repousse plus ou moins, mais dont il devine le profond chagrin lorsqu'elle surprend sa mère en situation d'adultère. Cet amour platonique parait sincère. Il n'y rentre strictement aucune sensualité. Avec du recul, on comprend que c'est un prétexte, que cela va lui permettre de retarder sa mue ou la prise de conscience de sa véritable sexualité.
C'est dans la deuxième partie qu'il se découvre et s'avoue clairement un penchant pour les hommes à l'occasion d'un voyage avec son ami Paul Laurens. Évidemment malgré le beau style, les scrupules et circonlocutions, il est impossible de ne pas être gêné. Non par l'homosexualité qui n'a rien d'illégitime, mais parce qu'il s'agit là d'enfant (ou de très jeunes ados) et de relations consentantes et… tarifées. J'ai envie de dire avec Camus que dans ce cas, un homme, ça s'empêche. Il y avait en lui, visiblement, une complète dissociation entre le désir voire la passion physique et l'amour. La rencontre avec Wilde est significative sur ce point, car ce dernier lui propose un rapport avec un adolescent de moins de 16 ans…
On voit qu'il se débat dans la confusion, qu'il lutte contre lui-même, écartelé entre un penchant qu'il tient pour naturel et ses convictions chrétiennes. D'ailleurs, il tombe malade. Il tentera plus tard de concilier les deux par un tour de passe-passe rhétorique qui donne naissance à des envolées lyriques qui paraissent – à la relecture – toujours aussi séduisantes, mais nébuleuses. C'est ce qui au demeurant est assez touchant. En gage de sa sincérité : quand sa mère meurt et en hommage sans doute à cette mère abusive qu'il affectionne malgré tout, comme s'il voulait à tout prix se racheter et terrasser ses démons, il se fiance à Madeleine. C'est sur cette note de renoncement et d’espoir que se termine le livre.
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Je relis assez fréquemment ce livre, plus souvent, la première partie, celle consacrée à son enfance, et plus particulièrement celles relatant ses séjours uzétiens dans la maison familiale, relecture quand l'envie me prend de faire une promenade littéraire dans ce duché gardois. Retrouver, respirer les lieux qu'il décrit, le Gardon, l'hôtel Béchard où sa grand-mère achetait les tendres aloyaux aux olives, la pâtisserie sous les arcades de la Grande Place aux Herbes qui approvisionnait la famille en dessert dominical, - en vol-au-vent, en quenelles, en croûtillon au lard ou en floconneuse brandade - , l'Esplanade…), croiser furtivement l'ombre des gens qu'il a côtoyé, (la belle cousine de Flaux aux cheveux portés en bandeaux, au profil de camée, l'épaule provocante, son oncle, Charles, professeur au collège de France…) Ses souvenirs et témoignages, ceux de sa famille sont conservés maintenant dans le musée municipal, l'ancien palais épiscopal .
Si vous êtes dans les environs, lisez ou relisez ce livre, avec un oeil différent, un oeil de touriste cultivé , et allez musarder dans cette petite ville. Elle est classée Ville d'art depuis 1965 et a été une des premières à bénéficier de la Loi Malraux. Vous y rencontrerez André enfant, un Gide beaucoup moins austère que celui qui se profilera dans d'autres oeuvres .

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“Les Mémoires ne sont jamais qu'à demi sincères, si grand que soit le souci de vérité: tout est toujours plus compliqué qu'on ne le dit.” Sa vie et sa pensée sont certes compliquées - mais quand il décide d'écrire ses Mémoires, Gide ne s'embarrasse pas de faux-semblants. Construit en deux parties bien distinctes, Si le grain ne meurt révèle deux aspects de sa personnalité qui ne le montrent pas sous un très bon jour : d'abord en enfant ingrat à l'éveil intellectuel tardif, puis en compagnon de débauche d'Oscar Wilde, découvrant lors d'un voyage son attirance pour les jeunes garçons. Si cet aspect scandalise les contemporains de Gide - et continue de ternir, légitimement, son image, ses amants étant tout juste adolescents -, cette mise à nu complète est cependant passionnante pour qui veut cerner l'influence de la vie de Gide sur son oeuvre. de l'Immoraliste à la Porte étroite, de Paludes aux Faux-Monnayeurs, c'est toute la production romanesque de Gide que l'on retrouve par fragments, diffractée, dans ces mémoires de jeunesse qui restent un modèle du genre.
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Autobiographie d'André Gide : son milieu privilégié, son enfance, ses parents, sa famille, son éducation, ses découvertes littéraires, sa passion pour la musique, ses rencontres avec des écrivains. Il s'agit en même temps d'une peinture du Paris littéraire du début du XXème siècle.
Dans la deuxième partie du récit, Gide évoque ses voyages, la découverte de son homosexualité qu'il a du mal à assumer à l'époque et avec l'éducation qu'il a reçue.
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Au-delà des témoignages de première main sur le gratin littéraire de l'époque (Gide rencontre Wilde en Algérie...), et des ébats trop connus dans le sable, voici la plus poignante confession au style d'une haute tenue. Quoi de plus émouvant que la narration des amours naissantes du célèbre directeur de la NRF avec sa future épouse? Elles donneront le jour à La Porte Etroite, La Symphonie Pastorale encore, et se lisent à coeur ouvert dans Et Nunc Manet In Te. Cette faille de toute une vie ô combien publique reste secrète en dépit de tous les étalages..."Lécher sa plaie", écrivait René Char.
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Le seul livre de Gide que je relis avec plaisir. le seul livre de Gide que je relis. le seul livre de Gide.
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Ce sont des Mémoires écrites par l'auteur vers cinquante ans et couvrant son enfance et sa première jeunesse, qui s'étalent à la fin du XIXe siècle.
André Gide est issu d'une famille bourgeoise, protestante, rigoriste, père professeur de droit. Son enfance fut assez chaotique, entre Paris, la Normandie, Uzès, partagé entre ses familles maternelle (Rouen et alentours) et paternelle (Cévennes). Orphelin de père à 11 ans, sa scolarité est discontinue, entre renvois de l'École Alsacienne pour mauvaise conduite (comprendre masturbation) ou maladies sans support vraiment organique. Son éducation est alors et souvent assurée par des précepteurs ou professeurs particuliers. Enfant timide, mal intégré, il est cependant entouré de cousins et cousines, autant de compagnons de jeux l'autorisant à une certaine familiarité avec la nature - intérêt pour l'entomologie - et à un sens approfondi de l'amitié.
Gide s'éprendra de sa cousine Madeleine (nommée Émanuèle dans le récit), cultivant pendant des années une relation platonique, intellectuelle, sublimée. Après avoir été une première fois évincé, il finira par l'épouser après la mort de sa mère - à la toute fin du récit - (mais ce mariage ne fut pas consommé, selon certains). Cette relation fut fondatrice : ce que l'auteur aime par dessus tout chez sa cousine, c'est sa vertu, sa foi, sa moralité. Lui-même, à l'instar de l'influence portée par sa mère, est entièrement imprégné de rigueur protestante, de puritanisme sévère, et à la fois d'une sincérité brûlante.
Assez vite, André Gide se lie d'amitié avec Pierre Louis et se met à fréquenter des cercles littéraires dont celui de Stéphane Mallarmé.
Une évolution se dessine en lui, il découvre la diversité du monde, la richesse de la nature chez chacun, la possibilité que la vie soit moins uniforme, plus “chatoyante“ que ne le promettait sa morale rigoureuse.
Gide rejette son puritanisme jugé aliénant et adopte une liberté d'esprit émancipatrice qui trouvera son point d'orgue lors d'un voyage en Afrique du Nord en 1893-94, Tunisie puis Algérie (Biskra, Alger) avec son ami Paul Laurens, puis avec Oscar Wilde qu'il rencontre ensuite : là s'exprime son homosexualité, on dira plutôt son attrait pour de jeunes adolescents, qu'il “consomme“ plus qu'il n'entretient avec eux une relation amoureuse ou égalitaire. Il les respecte, mais ce sont des mineurs ! La tolérance à ces pratiques était alors différente, expliquant la possibilité d'aveux. Son homosexualité révélée, plus que sa préférence pour des adolescents, fit tout de même scandale à la sortie du livre.
Cet ouvrage est divisé en deux parties, d'importance inégale, enfance et milieux familial et intellectuel, imprégnation spirituelle dans la première, voyage en Afrique du Nord dans la seconde. On y trouve le plaisir qu'on rencontre dans ces mémoires d'une autre époque, immersion dans une nature explorable (si l'on ose dire), réflexions philosophiques et spirituelles intenses, amitiés étoffées. On y surprend un personnage d'intérêt, on peut découvrir Gide et avoir envie de mieux le connaître.
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