Quand je sors de l’ombre, elle se fige de la tête aux pieds. Elle voit l’arme pointée sur elle, ses mains se mettent à trembler. Je les regarde s’agiter de petits soubresauts pathétiques et je dois avouer que j’aime ça.
(J’ai appris le silence)
Raconter ce que je suis. Ce que je vis. Ce qui m’obsède. Jusqu’à faire de mes nuits d’interminables moments de solitude où mes yeux, grands ouverts, scrutent les lendemains. Où mon cerveau tourne en boucle et s’épuise à chercher des réponses.
Je ne sais pas si quelqu’un lira ces lignes un jour et préfère ne pas le savoir.
Je m’appelle Aurore, j’aurais dix-huit ans dans un peu
plis de quinze jours.
(Aurore)
C’est si loin…
C’est si long, deux semaines, lorsqu’on souffre jour et nuit.
Devant moi, une feuille blanche. Un cahier entier de feuilles blanches.
Comme autant de possibilités. Autant de mains auxquelles me raccrocher pour éviter la chute, peut-être.
Ce soir, j’ai décidé d’écrire tout ce que j’avais à dire. Tout ce que mon cœur, énorme mais si fragile, ne peut plus contenir.
Ce soir, m’ouvrir les veines et noircir ces pages avec mon sang.
(Aurore)
Leurs familles les condamnent à mort parce qu'elles ont choisi librement leur fiancé, qu'elles ont refusé un mariage forcé. Parce que leur comportement a été jugé immoral. Parce qu'elles ont subi un viol.
Souvent, il suffit d'une simple rumeur.
Ceux qui les assassinent ne sont pas considérés comme des criminels.
Mais comme des héros.
Le proviseur arriva, à bout de souffle, au pied du bâtiment B. Demandant des explications sur ce mouvement de panique.
Il ne comprit rien.
Reçut une balle en pleine tête.
Quand je sors de l'ombre, elle se fige de la tête aux pieds. Elle voit l'arme pointée sur elle, ses mains se mettent à trembler. Je les regarde s'agiter de petits soubresauts pathétiques et je dois avouer que j'aime ça.
Il irradiait de lui tant de haine que beaucoup se retournèrent sur son passage.
Ne plus jamais être obligé de parler. Ne plus avoir besoin de mots. Ne plus avoir besoin de rien. Ne plus être une erreur de la nature. N’avoir jamais existé. N’être plus rien. Presser la détente. Et oublier, enfin. » p 72 a – 3
A force de trahisons, de mesquineries, de mensonges. Ces petites choses qu'on peut choisir de ne pas voir mais que moi, je ne parviens pas à occulter. Ces petites choses qu'on peut choisir d'oublier alors que moi, je les range méticuleusement dans ma tête.
Je sais désormais que je la verrai mourir chaque nuit. Je sais que je ne serai pas mariée de force. Et que je vais rejoindre mes rêves.