Citations sur D'ombre et de silence (89)
Je devine les prières récitées en silence.
Je devine les espoirs et les peurs.
J'ai souvent détesté ma vie.
Je n'ai rien construit, à part un cimetière pour mes rêves.
Là au moins, on ne pourra pas me les voler.
Parfois, le soir, je leur rends visite dans leur dernière demeure et j'exhume les plus beaux, les plus fous. Ou les plus simples.
Avec son accent mélodieux, s'aidant parfois de mots d'anglais, Kilia raconte l'Afrique, son Afrique. Son pays natal, la Somalie, décor magique, misère tragique.
Sa tante qui l'a excisée quand elle avait sept ans, ses parents qui l'ont forcée à se marier avec cet homme qui lui a fait trois enfants avant de se tirer comme un voleur. Un lâche.
Avant cet entretien, elle n'avait que peu d'espoir. En cet instant, elle n'en a plus aucun. Elle touche déjà une allocation parent isolé, ne peut prétendre à plus. Si elle trouvait un appartement avec un vrai bail, elle aurait droit aux allocations logement. Mais personne ne voudra jamais lui louer la moindre chambre de bonne vu sa situation et ses revenus.
Si elle est expulsée ce sera le foyer ou la rue. Delphine le sait. Sa demande de HLM est restée lettre morte et la liste d'attente est encore interminable avant que son tour vienne.
Être comme les autres...Entrer dans le moule, même s'il est trop étroit pour nous. Ne pas dépasser ni en hauteur ni en largeur, n avoir aucun relief, aucune aspérité que les autres pourraient saisir pour vous mettre à terre et vous rouer de coups.
Et moi, je l'ai suivie partout où elle est allée. J'ai construit ma vie autour de la sienne, comme on fabrique un écrin pour protéger ce qu'il y a de plus précieux.
J'ai toujours veillé sur son talent puisque je n'en avais aucun.
J'ai souvent détesté ma vie.
Je n'ai rien construit, à part un cimetière pour mes rêves.
Là au moins, on ne pourra pas me les voler.
Parfois, le soir, je leur rends visite dans leur dernière demeure et j'exhume les plus beaux, les plus fous. Ou les plus simples.
Je n’ai rien construit, à part un cimetière pour mes rêves. Là au moins, on ne pourra pas me les voler. Parfois le soir , je leur rends visite dans leur dernière demeure et j’exhume les plus beaux, les plus fous. Ou les plus simples.
Il ne sait pas rendre le mal qu'on lui fait. Incapable de se défendre. Incapable de protester, de montrer les crocs. Il encaisse tout, supporte tout. Comme un bon soldat de cette saloperie d'armée qu'on nomme humanité.
Je m'appelle Aurore, je suis au lycée, en terminale littéraire. Mes meilleurs amis sont d'encre et de papier. Ces héros et ces héroïnes qui peuplent les romans et traversent ma vie en y laissant des traces. Indélébiles si l'auteur est doué.