Ça y est. On a fait l’amour…
Je ne trouve pas les mots pour dire ce que je ressens. Ce que je vis.
C’est si différent des fois précédentes. De ce que j’ai pu connaître avant lui.
Il est si beau. Il est si… Non, je ne trouve pas les mots. Je ne suis plus capable d’écrire. Sans doute parce que le bonheur, contrairement à la douleur, n’a pas de mots. Pas de phrases.
Il se vit, il ne s’écrit pas.
Les Nations unies estiment que, chaque année dans le monde, plus de cinq mille femmes meurent au nom de « l’honneur ». Le nombre de ces victimes serait en réalité trois à quatre fois supérieur selon les organisations non gouvernementales. En Afghanistan, en Albanie, en Arabie Saoudite, en Bosnie, à Bahreïn, au Bangladesh, en Bosnie-Herzégovine, au Brésil, au Cambodge, en Égypte, aux Émirats arabes unis, en Éthiopie, en Géorgie, en Inde, en Indonésie, en Irak, en Iran, en Israël, en Jordanie, au Liban, au Maroc, au Mexique, au Népal, au Nigeria, à Oman, en Ouzbékistan, en Palestine, au Qatar, en Somalie, au Soudan, en Syrie, en Turquie, au Yémen… Ainsi qu’au Canada et en Europe : Allemagne, Belgique, France, Grande-Bretagne, Italie, Suède…
Leurs familles les condamnent à mort parce qu’elles ont choisi librement leur fiancé, qu’elles ont refusé un mariage forcé. Parce que leur comportement a été jugé immoral. Parce qu’elles ont subi un viol.
Souvent, il suffit d’une simple rumeur.
Ceux qui les assassinent ne sont pas considérés comme des criminels.
Mais comme des héros.
Non, je ne trouve pas les mots. Je ne suis plus capable d'écrire. Sans doute parce que le bonheur, contrairement à la douleur n'a pas de mots. Pas de phrases. Il se vit, il ne s'écrit pas.
"Écrire une Nouvelle, c'est tenter, en quelques lignes de donner vie à un personnage, de faire passer au lecteur autant d'émotions qu'en plusieurs centaines de pages. C'est en cela que la Nouvelle est un genre littéraire exigeant, difficile et passionnant." Karine Giebel
Il est si beau. Il est si... Non, je ne trouve pas les mots. Je ne suis plus capable d'écrire. Sans doute parce que le bonheur, contrairement à la douleur, n'a pas de mots. Pas de phrases.
Il se vit, il ne s'écrit pas.
Mais aujourd'hui, ma vie s'est arrêtée. Elle se résume à un seul sentiment, à une seule obsession.
Elle se résume à lui.
Respirer loin de lui me fait mal. Vivre sans lui me fait mal. Le voir me fait mal.
Ne pas le voir, c'est bien pire.
Je m'appelle Aurore, je suis au lycée, en terminale littéraire. Mes meilleurs amis sont d'encre et de papier. Ces héros et ces héroïnes qui peuplent les romans et traversent ma vie en y laissant des traces.
Indélébiles si l'auteur est doué.
Ces fameuses traditions, qui nous ont suivis jusqu'ici.
Ces putains de traditions.
Que je porte comme un corset, qui m'étouffent chaque jour un peu plus.
Les souvenirs affluent ; vague haute, sombre et peuplée de naufragés.