Ces fameuses traditions, qui nous ont suivis jusqu’ici.
Ces putains de traditions.
Que je porte comme un corset, qui m’étouffent chaque jour un peu plus.
(Extrait de Aleyna)
J’ouvre l’imposante porte en bois et admire quelques instants le parc baigné de lumière. Ces grands arbres tranquilles, témoins silencieux de la rage des hommes.
Témoins de ma folie.
(Extrait de J’ai appris le silence)
Pourquoi toutes ces nuits avec lui ? Là, juste sous mon nez. Comme si je n’existais pas, comme si je n’étais rien pour elle.
Mais sans doute que je ne suis rien pour elle !
Rien ?
Je serai son ultime cauchemar. C’est déjà quelque chose.
(Extrait de L’été se meurt)
Ces idées noires ont grandi en moi de façon alarmante. Au point que j’ai déjà songé à en finir. À abréger ma courte vie pour ne plus avoir mal.
Oui, j’y ai pensé.
Et ces derniers temps, j’y pense de plus en plus souvent…
Mes parents ont dû oublier de me fabriquer avec une armure, un casque et un gilet pare-balles.
Je suis sans protection. Je suis nue et vulnérable.
Et, surtout, je me sens impuissante.
Mais cela, personne ne le sait, personne ne s’en doute. Parce que je donne le change. Parce que je ris avec mes copines, parce que je rassure mon frère et même mes parents. Mes parents… Que pourraient-ils voir, de toute façon ? Ils se consacrent corps et âme à leur travail, sans doute pour oublier que leur couple est un échec cuisant.
(Extrait d’Aurore)
L’important, c’est de lui montrer que je pense à elle, que je veille sur elle. Que je suis là, toujours. Comme depuis quarante ans.
C’est court, quarante ans. Ça passe si vite.
(Extrait de Le printemps de Juliette)
Elle germe doucement. Prenant racine dans la peur, le désespoir et la douleur.
Chaque jour, elle grandit, s’épanouit en vous, diffusant lentement le poison dans vos veines et jusque dans vos muscles. Elle agite vos nerfs, gangrène votre cerveau.
Bientôt, elle vous envahit totalement, tel un liquide glacial. Elle devient votre unique sentiment, votre seule raison de vivre.
Votre obsession.
Elle vous assèche, vous ôtant jusqu’à la dernière miette de compassion ou d’empathie.
Mais elle vous donne une force aussi inestimable qu’inespérée.
La haine.
(Extrait de J’ai appris le silence)
J’ai souvent détesté ma vie.
Je n’ai rien construit, à part un cimetière pour mes rêves.
Là au moins, on ne pourra pas me les voler.
(Extrait de Aleyna)
Mon existence n’a été qu’une succession de jours sans saveur ni odeur jusqu’à ce que je la rencontre.
Je n’ai jamais vraiment été malheureux. Ce fut pire.
Je n’ai jamais vraiment été.
J’ai traversé la vie comme le vent traverse la cime des arbres. Sans laisser de traces. Inlassablement, tristement.
Vainement. (« L’Été se meurt »)
La misère, la précarité, les angoisses… Le chagrin aussi, sans doute. Tout ce qui vous aide à vieillir. Tout ce qui vous pousse doucement vers la tombe.
Un pas chaque jour.
(Extrait de Ce que les blessures laissent au fond des yeux)
Encore des éclats de rire. Alban restait immobile, se voulant impassible. Comme si tout cela ne l’atteignait pas. Alors que chaque mot s’enfonçait dans ses chairs comme le scalpel d’un chirurgien dément.
(Extrait d’Aurore)