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Lu en V.O.
J'ai beaucoup aimé ce livre...
Natalia Ginzburg nous fait revivre toute sa famille : son père Giuseppe, scientifique, professeur d'université, d'origine juive, colérique, quelque peu tyran, sa mère Lidia, ses frères et soeurs, ses grands-parents, oncles et tantes mais également les amis tous ces personnages.
Le milieu dans lequel ils évoluent est celui d'intellectuels, de personnages célèbres, écrivains, scientifiques, profondément antifascistes.
Il y a donc énormément de personnages - lors de ma lecture je me suis fait un petit arbre généalogique et ai recensé les amis de chaque membre de la famille.
Les portraits sont dessinés avec beaucoup de pudeur : l'auteure se garde de porter de jugement (à de rares exceptions près).
Le roman se déroule durant la montée du fascisme, les lois raciales, la guerre mais ces événements sous-jacents sont à peine esquissés et pourtant ils sont importants dans la vie de Natalia Ginzburg qui verra son mari arrêté, torturé et tué en prison !
Elle ne parle pas d'elle, pas de ses sentiments, quelques brefs mots nous apprendront la mort de son mari, une simple phrase nous apprendra son remariage !
Pourquoi avoir aimé ce livre alors que le contexte de l'Italie en ce temps n'est pas développé, que tout cela pourrait paraître superficiel ?
Pour de nombreuses raisons :
je citerai d'abord les expressions utilisées par les personnages, le père surtout, mais également la mère, la grand-mère utilisent des phrases, des expressions qui deviennent culte dans sa famille, et qui sont répétées, donnant un rythme au livre et lui apportant beaucoup d'humour. Ces phrases expliquent tant le titre italien (Lessico famigliare) que le titre donné à l'édition française.
J'ajouterai que le milieu est particulièrement intéressant, Natalia Ginzburg fait le portrait de personnages importants : des écrivains comme Cesare Pavese, Carlo Levi, des personnages comme Adriano Olivetti.
Dans la relation de ses souvenirs d'adulte, le livre se fait moins léger, les événements, même s'ils ne sont que légèrement évoqués, nous en sommes conscients.
J'ai apprécié le style, très fluide.
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J'avais beaucoup aimé les Voix du soir et là, j'ai dévoré Les Mots de la tribu, prix Stega 1963.
Natalia Ginzburg (1916-1991) raconte sa famille depuis les années 30 jusqu"au début des années 50 à travers les mots, les expressions ressassées ou les anecdotes ressurgis du passé qui font d'eux une tribu singulière. La narratrice est la petite dernière. Sa voix semble effacée. D'abord derrière celle des grands, dans l'enfance. Puis contrainte au secret durant toute son adolescence et sa vie de jeune femme, marquées par le combat clandestin anti-fasciste de ses frères puis les persécutions anti-juives et l'arrestation tragique de son mari, Leone Ginzburg. L'écriture est limpide.

Petite, c'est la voix du père qui domine ses souvenirs. Il tonitue, il vitupère, il éructe comme s'il était au théâtre avec une voix de stentor : « Ne faites pas d'inconvenances ! Ne faites pas de souillonneries ! Ne faites pas de nègreries !  »Le père est un universitaire, spécialiste d'anatomie comparée à l'université de Turin. Il dicte sa loi sur toute la famille, refuse que ses cinq enfants aillent à l'école primaire pour éviter les maladies, porte des jugements tranchés moraux ou esthétiques avec des mots hauts en couleurs, mâtinés de dialecte et d'argot. le monde est rempli d'ânes et d'ânesses. La mère en apparence docile le suit à distance. Elle est d'un naturel joyeux et optimiste, aime les arts et les lettres, chante Lohengrin à tue-tête volontiers à la fin du dîner et lit Proust, cet empoté. Derrière leur apparente opposition, qui nourrira la personnalité ambivalente de Natalia Ginzburg, on sent beaucoup de complicité et de tendresse entre les époux. Les mots des domestiques et ceux des parents à leur égard dessinent aussi le portrait de la bourgeoisie turinoise encore traditionnelle. On voit aussi les différences de traitement entre les garçons et les filles.

Ensuite, ce sont les mots des frères et soeur. Ils s'affrontent pour des peccadilles ou des choses qu'elle ne comprend pas. Ils ont des secrets, font des messes-basses. L'Histoire fait son apparition à travers les discussions des frères qui veulent agir contre la dictature et le père, plus intellectuel et plus pessimiste, qui veut d'abord les protéger. Ce sont toujours des anecdotes significatives qu'elle raconte, des mots vrais que les historiens n'utilisent pas. La famille cache Turati (grande figure politique socialiste que le père tient pour un ingénu). La narratrice l'a déjà vu une fois mais elle fait l'obéissante et l'appelle Paolo Ferrati. Cependant elle ne comprend rien au mensonge des parents. A la fin du séjour Turati/Ferrati lui demande de ne raconter à personne qu'il a habité chez eux. Et il part avec deux hommes et son beau-frère Adriano Olivetti, qui désormais sera aussi en fuite. Ce moment marque la fin de l'innocence. Les frères Levi et leurs amis du mouvement “Giustizia e Libertà”(Salvatorelli, Foa, Ginzburg) sont des « conspirateurs » avec de hautes responsabilités dans la lutte anti-fasciste. La narratrice les montre uniquement sur le terrain privé par rapport à sa vie de famille et les récits qu'elle a entendus...

Après-guerre Natalia Ginzburg travaille comme éditrice et s'impose comme traductrice (Proust) dans la maison Enaudi naissante. Elle raconte bien le besoin de mots, de débats, de polémiques après la chape de plomb fasciste. Elle trouve les mots justes pour évoquer la solitude intérieure de Cesare Pavese. Et puis elle revient aux mots de sa tribu.

Le livre est plein d'amour et de finesse. Un vrai bonheur.
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Petite deception.
De ma premiere lecture, d'avant le deluge, je gardais de bons souvenirs. Il faut croire qu'ils se sont fanes avec le rechauffement climatique.

C'est une tranche de vie que nous raconte Ginzburg, tres autobiographique, en appuyant fortement sur les mots et les phrases qu'avaient habitude de ressasser ses proches. A l'epoque j'avais trouve ca amusant et en meme temps emouvant, car l'auteur temoignait en fait, sans aucun pathos, des vicissitudes de sa famille (juive) et de ses amis (antifascistes) en l'Italie de la premiere partie du 20e siecle.
Cela a du merite, sans aucun doute, mais aujourd'hui j'ai trouve son ecriture tout simplement plate, sans grand interet; ses bons mots familiaux n'ont pas reussi a m'egayer tant soit peu et en certains moments de lecture je me disais que j'avais sous les yeux un document familial interne. Interne et trivial, chaque famille, partout et de tous temps, ayant un "lexique familial". La mienne aussi avait, a encore, le sien. Meme la retenue de l'auteur, quand elle raconte le cataclysme qu'a provoquee l'ascension fasciste et les malheurs de la deuxieme guerre mondiale ne m'a pas impressionne comme auparavant. J'y ai vu une froideur qui, en estompant les sentiments, peut estomper aussi les reactions du lecteur, ce qui a ete mon cas present.

J'exagere. C'est quand meme un bon livre. Il plaira certainement a beaucoup de lecteurs. Il en emouvra certains. Je l'ai simplement fait degringoler de quelques crans des cieux ou je l'avais juche en d'autres temps. Je deviens vieux? Je deviens vieux. Il faudra m'y faire. Mes lectures aussi devront s'y faire.
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Voilà une autobiographie hors du commun!

Centrée sur l'intimité d'une famille, d'un clan noyauté par ses rites et singularisé par ses idiomatismes, la narration évite pourtant tous les pièges de l'exhibitionnisme, de la confidence , de l'épanchement propres au genre autobiographique.

Avec une grande pudeur, et beaucoup d'humour-la politesse du désespoir?- . Natalia Ginzburg évoque les silhouettes de ses parents, de sa mère, intellectuelle un peu fofolle et généreuse, dépourvue de tout sens pratique, son père, un physicien adepte de courses en montagne épuisantes, tyran domestique et maître à penser acerbe et haut en couleurs, ses frères, sa soeur,et tous les amis, célèbres- Einaudi, les Olivetti, Leone Ginzburg, Cesare Pavese, Balbo...- faisant partie de cette intelligenzia turinoise, juive et athée, farouchement opposée au fascisme, et qui fut la première cible des chemises noires: comme le marquent les nombreuses arrestations, tortures, relégations et morts qui très discrètement jalonnent le récit.

Car c'est autour du lexique familier et familial que fait mine de s'articuler toute la narration:néologismes cocasses, expressions idiomatiques, anecdotes savoureuses- c'est tout un folklore privé, cher au coeur de la narratrice qu'elle ressuscite avec tendresse et ironie, masquant avec légèreté et élégance une période terrible -arrestations et morts la frappent de plein fouet à plusieurs reprises...

De beaux portraits: un magnifique et discret hommage à son mari, Leone Ginzburg, torturé et tué par les fascistes, Pavese, le désespéré à la pipe, Olivetti le riche industriel , ami du père...

je n'ai pas lu ce livre en français, et j'ai du mal à imaginer comment ont été traduites toutes ces images et créations verbales si pleines de saveur en italien.. Je vais néanmoins "poster" cette critique dans les deux versions: c'est un tel plaisir de lire ce livre original, drôle et subtil, léger et grave...le lire, même en français vaut qu'on s'y arrête!
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Née dans une famille de la bourgeoisie juive de Turin, Natalia Ginzburg écrit ici d'abord avec beaucoup de tendresse une chronique familiale dédiée à ses parents, à leurs habitudes, à leurs travers, à leurs mots et expressions favorites. Mais c'est aussi le récit de la résistance au fascisme mussolinien dans lequel est impliqué son mari et toute une bande d'amis et d'intellectuels, visés par une répression variable qui se terminera pourtant par l'assassinat en prison de son compagnon. C'est aussi l'histoire d'une maison d'édition, la maison Einaudi, prestigieux refuge du groupe des "ragazzi di via Po", les jeunes de la rue Po, avec une série de portraits passionnants, à commencer par le jeune, timide mais décidé Einaudi lui-même, puis Pavese, lecteur et éditeur exigeant, dont la fin tragique est éclairée par une intime, l'auteur. Au total un récit plein de vie qui retrace les luttes et les débats d'un groupe d'intellectuels et d'écrivains engagés qui ont fait partie de l'histoire italienne des années de guerre et d'après-guerre.
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Les mots de la tribu (Lessico famigliare, 1963) est son roman le plus célèbre; il obtint le Prix Strega 1963 (l'équivalent de notre Goncourt); elle nous donne, dans ce roman, une vision de son quotidien très néoréaliste, c'est un roman autobiographique.

C'est un roman très jouissif dans la première partie où elle livre un portrait très drôle de sa proche famille: une famille composée par un père tonitruant, une mère fantasque, trois frères aux fortes personnalités et une soeur très différente d'elle. Aussi sont très bien esquissés le personnage de la grand mère paternelle, de la servante Natalina et des amis proches de la famille. Quelle brochette de personnages hauts en couleurs qui ont marqué la jeunesse de Natalia Levi; elle a surtout retenu le lexique très particulier utilisé à la maison.
Ce n'était pas une famille de tout repos, entre le père érigé en Statue du Commandeur, ses frères et sa soeur, tous très différents et aux fortes personnalités.
L'écrivain décrit très bien les siens mais ne se livre pas; elle s'applique à les décrire avec un regard d'entomologiste.

La deuxième partie est très différente avec Natalia devenue adulte, très intellectuelle, très active politiquement. C'est incroyable d'observer le niveau intellectuel des personnes de son entourage: son premier mari Leone Ginzburg, Pavese, Balbo , Einedi et tant d'autres.
Ici, l'écrivain se livre encore moins et reste très en deçà d'un ressenti ou d'une affectivité, ce qui a rendu ma lecture par moments un peu aride.
Un très grand livre.
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Voilà une autobiographie hors du commun!

Centrée sur l'intimité d'une famille, d'un clan noyauté par ses rites et singularisé par ses idiomatismes, la narration évite pourtant tous les pièges de l'exhibitionnisme, de la confidence , de l'épanchement propres au genre autobiographique.

Avec une grande pudeur, et beaucoup d'humour-la politesse du désespoir?- . Natalia Ginzburg évoque les silhouettes de ses parents, de sa mère, intellectuelle un peu fofolle et généreuse, dépourvue de tout sens pratique, son père, un physicien adepte de courses en montagne épuisantes, tyran domestique et maître à penser acerbe et haut en couleurs, ses frères, sa soeur,et tous les amis, célèbres- Einaudi, les Olivetti, Leone Ginzburg, Cesare Pavese, Balbo...- car faisant partie de cette intelligenzia turinoise, juive et athée, farouchement opposée au fascisme, et qui fut la première cible des chemises noires: comme le marquent les nombreuses arrestations, tortures, relégations et morts qui très discrètement jalonnent le récit.

Car c'est autour du lexique familier et familial que fait mine de s'articuler toute la narration:néologismes cocasses, expressions idiomatiques, anecdotes savoureuses- c'est tout un folklore privé, cher au coeur de la narratrice qu'elle ressuscite avec tendresse et ironie, masquant avec légèreté et élégance une période terrible -arrestations et morts la frappent de plein fouet à plusieurs reprises...

De beaux portraits: un magnifique et dicret hommage à son mari, Leone Ginzburg, torturé et tué par les fascistes, Pavese, le désespéré à la pipe, Olivetti le riche industriel , ami du père...

je n'ai pas lu ce livre en français, mais j'ai du mal à imaginer comment ont été traduites toutes ces images et créations verbales si pleines de saveur en italien.. Je vais néanmoins "poster" cette critique dans les deux versions, c'est un tel plaisir de lire ce livre original, drôle et subtil, léger et grave...le lire, même en français vaut qu'on s'y arrête!
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Lu en italien. Je me demande comment la traduction rend l'idiome familial, le pittoresque et l'inventivité des termes employés par le père de Natalia, curieux excentrique difficile à vivre ! J'irai jeter un oeil sur la traduction. Par curiosité. Sinon l'ouvrage est plaisant et on y croise des personnages célèbres, Turati, Carlo Levi, la famille Olivetti qui montrent comment Turin la ville de Primo Levi était un foyer de culture dans laquelle les juifs (ebrei en italien) comptaient pour beaucoup.
N. Ginzburg qui a joué un rôle important dans les lettres italiennes après guerre en tant que lectrice pour les éditions Einaudi (le Gallimard italien), est par ailleurs connue pour avoir refusé le manuscrit de Primo Levi [i]Si c'est un homme...[/i] principalement parce que, dans les années 60, elle a considéré que le public était fatigué (stufo) des histoires de la guerre...
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Les mots de la tribu est le récit autobiographique de la vie familiale et amicale de l'auteur, l'histoire vue par le prisme de son effet sur les existences d'une famille italienne juive prise dans le fascisme italien, puis la guerre.... le principal problème qui fait que j'ai lutté pour finir ce livre, pourtant court, vient de moi et pas du livre en lui-même: je n'en connais pas assez sur l'histoire italienne de cette période. La maison familiale voit défiler tout un tas de noms, et j'étais pas fichue de savoir qui était simplement un ami cité, et qui était un ami cité mais aussi une grande figure du socialisme italien, un futur député, un résistant célèbre où je ne sais quoi.... Résultat, malgré de fréquents recours à Wikipedia, j'avais cette impression désagréable de rater quelque chose.
Quant au style en lui-même, c'est parfois un peu plat, mais sauvé par la personnalité forte des parents de l'auteur, qui se prêtent merveilleusement à l'anecdote et rehaussent le récit de touches de vie.
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Les Mots de la Tribu est la traduction du titre original Lessico Famigliare. Il s'agit bien de tout un lexique auquel les parents de Natalia Ginzburg avaient recours pour évoquer les jours anciens, pour saisir les traits et le caractère des personnes de leur connaissance. Des phrases toutes faites, des éléments langagiers, des antiennes pour saisir le révolu et mettre en boîte les absents. de cette chronique turinoise ressort la figure inénarrable du père, être bougon, gueulard, un brin intolérant. Très peu de choses ou de gens trouvaient grâce à ses yeux, il avait ses idées arrêtées, ses préceptes à l'usage de chacun. La mère était d'une nature douce, entourée de souvenirs qu'elle aimait rappeler à tout propos, à l'aide du fameux lexique à l'usage de la tribu, regrettant mélancoliquement les jours révolus de la maison précédente mais toujours prête à accueillir d'un sourire juvénile le jour nouveau qui s'annonçait. C'est une chronique douce-amère, cocasse et tendre, qu'il nous est proposé de lire. Ces expressions toutes faites sont des habitudes rassurantes, des refrains invitants chacun à se remettre dans les dispositions d'esprit idoines. Ce récit autobiographique est aussi un témoignage précieux sur l'Italie de la première moitié du XXème siècle, sur le milieu intellectuel de l'époque, le climat politique et social d'un pays en pleine fermentation. Un joli moment de lecture couronné par l'un des plus prestigieux prix littéraires transalpin, le Strega, en 1963.
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