Citations sur La trilogie de Pan, tome 2 : Un des Baumugnes (152)
(...) en face, ce fut le rossignol qui chanta, puis, tous les bassins ronflèrent sous les gosiers des rainettes, puis la chouette se mit à chouler et, alors, la lune sauta par-dessus la colline.
Chapitre 1
Les choses de la terre, mon vieux, j’ai tant vécu avec elles, j’ai tant fait ma vie dans l’espace qu’elles laissaient, j’ai tant eu d’amis arbres, le vent s’est tant trotté contre moi que, quand j’ai de la peine c’est a elles que le pense pour la consolation.
Chapitre 1
Un soir, on se met ici où nous sommes, sur la terrasse, un soir comme ce soir. C’était tard. Il coulait entre les arbres un torrent de silence qui noyait tout.
Chapitre 1
Il était neuf heures. J’étais à la fenêtre de ma chambre à regarder les cyprès et le champ d’herbe sous la jeune lune. Il y en avait juste un peu de lune et c’était pendu sous le ciel comme une poussière, à croire que tout le troupeau des étoiles piétinait dans du sable blanc.
Il n’y avait dans cette cuisine, au moment du repas, que le bruit des gestes, jamais le bruit du parler.
La sueur fumait autour du mulet.
Il s’en venait de la Durance un air d’Alpe, franc de lame comme un rasoir.
Mon Saturnin tombe la veste et couvre le mulet.
- Si des fois il prenait froid, qu’il dit, comme tout honteux de la chose.
Je reste un moment sans parler, puis je dis :
- Et toi, si tu prenais froid des fois ?
Il a son petit rire en bruit de fagot
- Moi, qu’il dit, si je me pose là, au beau courant d’air, je le veux bien, c’est de mon vouloir, mais la bête, c’est tout niais, sans bras devant le mal. Alors si c’est pas un peu nous qui prenons sa défense, qui ça sera ?
Maintenant sans son rire, il était comme une pomme bien triste, toute ridée, toute seule au bout de la branche du pommier tout nu au cœur de l’hiver.
Je dis toujours : je suis de partout. Non, dans le vrai fond, je suis de la terre, de celle-là comme Marigrate, lourde de blés, avec des cyprès contre des bastidettes, avec des touffes de chênes verts, avec de l’herbe roussie de soleil et des ruisseaux vides où coule, à la place de l’eau, le bruit des charrettes, le parfum du thym et le rire des gardeuses de chèvres.
Quand il fut nuit, je fis mon lit à côté d’un pré qui chantait de toutes ses herbes, et, la figure contre les étoiles, je me mis à dormir à mort. (p. 31)
Ce soir-là, j’ai compris ce qui m’avait paru un peu fou dans le conte du collègue et combien elle peut tenir de place dans notre dedans, cette rosse de terre, si dure d’ongle et si belle de poils. Je ne suis pas de ces pays-ci ; je dis toujours : je suis de partout. Non dans le vrai fond, je suis de la terre, de celle-là comme de Marigrate, lourde de blés, avec des cyprès contre bastidettes, avec des touffes de chênes-verts, avec de l’herbe roussie de soleil et des ruisseaux vides où coule, à la place de l’eau, le bruit des charrettes, le parfum du thym et le rire des gardeuses de chèvres.