Contrairement à la majorité d'entre vous qui avez écrit un avis, je n'ai as retrouvé ici le
Giono que j'aime, que je préfère - et de loin ! - le
Giono "première manière" (globalement avant la seconde guerre), lyrique, poète libre et audacieux, humaniste.. à celui-ci. Les seuls points communs entre les 2
Giono ce sont les lieux - toujours cette arrière pays provençal (je ne sais pas trop comment le nommer), beau mais rude et brutal, et qui déteint sans doute sur nombre des personnages, madrés, pas francs.. - et la présence d'au moins un personnage mystérieux, venu d'on ne sait où, et un peu inquiétant (comme dans
Un Roi Sans Divertissement), ainsi que les rencontres. Mais ici le récit et le style ne sont plus ni lyriques ni poétiques,
Giono ne mettant son audace imaginative qu'au service d'un argot plutôt gouailleur, comme si la verve vitaliste de
Giono avait racorni, raccourci, rogné la phrase.
Ce qui m'a déplu aussi c'est que ce qui se passe dans le roman est un peu sans queue ni tête, menant nulle part, ce qui m'a rappelé
Jack Kerouac. Mais chez Kerouac j'appréciais. Il est vrai que le narrateur - plus jeune que l'écrivain - mène sa vie au jour le jour, s'adaptant à ce qu'il trouve sur son chemin. Je ne comprends pas non plus ce que le narrateur trouve d'attirant ou d'attachant dans ce personnage mystérieux de tricheur, menteur, fourbe joueur de cartes et de guitare dont il dit, la première fois qu'il le voit, qu'il a un air (ou u
n oeil ou un regard, je ne sais plus) mauvais. . Est-ce une manière pour
Giono d'exprimer un état d'esprit désabusé, noir, pour les côtés négatifs de l'humain ?
De même les rencontres et dialogues sont assez incompréhensibles je trouve, pleins de non-dits, d'allusions, de mystères, d'inachèvements, que ce soit entre les personnages ou à l'adresse du lecteur que j'étais et qui est resté avec ses questionnements et frustrations..
Par contre j'ai trouvé les dernières pages, la dernière scène, orageuse, assez sublime (en un sens elles rattrapent et sauvent le roman) comme si le récit jusqu'alors plutôt absurde (un peu comme chez Camus) se cristallisait et prenait enfin un sens, ce qui me fait ajouter une étoile à mon évaluation.