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3,75

sur 1449 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'ai été déçue par ce roman. L'histoire partait sur des enlèvements et des assassinats suivis d'un meurtre... nous en restons-là, et Giono nous entraîne par la suite dans une traque au loup... puis au presbytère pour y voir les chasubles du prêtre et d'éventuels trésors religieux... ensuite chez une brodeuse de talent dont on peut penser qu'elle craint un danger... enfin le héros veut qu'on lui trouve une épouse... Aucuns liens entre ces divers épisodes, j'ai été perdue en cours de route au fil de l'histoire qui n'en est pas une. J'avais lu de meilleurs livres de Giono. Dommage si je suis passée à côté d'un livre, d'un talent que je trouve là bien caché.
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je suis toujours aussi stupéfait de constater que pour trois fois moins que le prix d'un gramme de caviar, c'est à dire un euro, on peut se procurer de nombreuses heures de lectures et de réflexions avec en prime un peu d'inspiration pour écrire soi-même. Je fais bien sûr, allusion au prix des livres dans les vide-greniers, aux temps bénis où ceux-ci fleurissaient chaque week-end (cette introduction prend soudain le ton d'un récit post apocalyptique). Concomitamment, je pense à tous ses livres virtuels qu'engloutissent sans vergogne les ploutocrates, amateurs d'oeufs d'esturgeon, qui fréquentent les palais de Lucullus. La pauvreté est parfois un rempart contre la sottise. Quand on n'a pas les moyens de faire des folies, on ne les fait pas, et on achète des livres de poches d'occasion.

 Jean Giono (1895-1970) fils d'un cordonnier anarchiste et d'une repasseuse est "l'un des plus grands écrivains du XXe siècle, et un de ceux qui sont le plus mal connus" (Pierre Citron). Il commence sa carrière comme employé de banque, mais se nourrit de poésie et de la lecture des grands classiques. C'est un voyageur immobile, il passera presque toute sa vie derrière son bureau dans sa maison de Manosque "Lou Païs" dans les Alpes-de-Haute-Provence. Il possède un don de narration qui éclate au grand jour avec son premier roman "Colline" en 1929. Il se considérera toujours comme un artisan écrivain, il écrit à la plume sur du papier fin en utilisant toujours la même qualité d'encre, c'est un homme fidèle aux traditions et à ses racines.

 Jean Giono fascine par sa stature de "guide spirituel" acquise dès les années 30 lorsque paraît sa trilogie de Pan (Colline, Regain, Un de Baumugnes). Il séduit un public attaché au thème du retour à la terre, il prône une vie simple et naturelle. le point culminant de son influence auprès de la jeunesse est atteint avec la parution en 1936 de son essai "Les vraies richesses". Il devient le chantre d'un pacifisme sans concessions, il condamne la civilisation moderne, l'urbanisation intensive, la technique, le machinisme et l'argent qui selon lui sont d'inexorables fauteurs de guerres. Giono est un "prophète humanitaire" un peu à l'image de ce qu'est aujourd'hui Pierre Rabhi, essayiste, romancier et agronome, figure représentative du mouvement agroécologiste ou, sur un autre registre, Aurélien Barrau, Astrophysicien et philosophe, critique éclairé de l'économie de la croissance à tout-va.

 "Un roi sans divertissement" marque une rupture dans l'oeuvre de Giono à partir de 1947. Rupture en partie déclenchée par le choc de la seconde guerre mondiale. Son oeuvre devient plus noire, plus pessimiste. ll se passionne maintenant pour les faits divers révélateurs des mentalités collectives. Les forces qui animent son univers ne sont plus les éléments naturels, la terre, le feu, la forêt, le monde animal, mais les humains et leur lutte contre la tentation de la cruauté comme divertissement face à l'ennui d'une vie sans relief. C'est le thème du "Roi sans divertissement". Un thème inspiré par le philosophe Pascal selon lequel l'homme se divertit pour échapper à la misére de sa condition, ce faisant il détourne sa pensée des vrais sujets tels que sa destinée et sa foi en Dieu. Giono reprend cette idée mais sans faire référence à la religion, selon lui le fond de notre condition humaine c'est l'ennui, et pour se divertir l'homme utilise tous les moyens, la guerre, la chasse, la fête et même le meurtre gratuit. Son livre est à la fois un roman policier et un livre de philosophie sur l'ennui qui conduit au crime.

 Dans son livre "Envoyez la petite musique", Madeleine Chapsal transcrit un entretien avec Giono qui parle de la guerre. Ce passage est éclairant sur l'idée qui devait présider à l'écriture d'un roi sans divertissement, même si Giono, dans cet entretien, ne faisait pas expressément référence à ce livre écrit plus de dix ans auparavant : "Il y a toujours un moment dans la vie où l'on a la tentation du meurtre, du meurtre gratuit ; pas le meurtre pour des motifs passionnels ou pour voler, ou parce qu'on est jaloux, ou parce que la femme qu'on aime vous quitte, pas du tout... gratuit, pour le sang, pour voir. le spectacle. le théâtre d'un homme qui meurt est une chose qui, à la fois, vous donne de la répulsion et de l'attrait."

  Giono a proposé lui-même, dans le Carnet du roman, un résumé possible de l'intrigue d'Un Roi sans divertissement : « C'est le drame du justicier qui porte en lui-même les turpitudes qu'il punit chez les autres. Il se tue quand il sait qu'il est capable de s'y livrer. [...] Quelqu'un qui connaîtrait le besoin de cruauté de tous les hommes, étant homme, et, voyant monter en lui cette cruauté, se supprime pour supprimer la cruauté.» . La trame de l'histoire est simple : en plein hiver dans un petit village des Alpes, au milieu du XIXe siècle, une série de meurtres particulièrement sauvages sont commis. Un capitaine de gendarmerie nommé Langlois, arrive dans le village pour résoudre l'énigme. Cette intrigue forme la première partie de l'ouvrage qui va se transformer en une étude psychologique à la fois du criminel, mais aussi de son poursuivant. Autour d'eux, gravite une kyrielle de personnages secondaires certains intrigants et énigmatiques d'autres simples témoins, parfois burlesques, souvent superficiels. de ces protagonistes émergent deux personnalités, madame Tim, une bourgeoise excentrique et "Saucisse", la logeuse de Langlois, une femme du peuple, un peu rustre mais dotée d'une intelligence intuitive. Il y a beaucoup de mystères et beaucoup de non-dits dans ce récit très elliptique. Giono déstabilise le lecteur et rend volontairement la compréhension de l'histoire assez ardue, par une chronologie difficile à suivre et l'intervention d'une multitude de narrateurs. II sème des indices, mais en les noyant dans des faits anecdotiques qui parfois perturbent la lecture. Il s'agit d'une fable philosophique qui prend la forme d'un polar. L'auteur est ambigu sur le personnage principal et reste très elliptique sur les tenants et aboutissants de l'intrigue. Finalement, le lecteur doit se débrouiller tout seul pour interpréter le récit. Ouvrage dense et compliqué où il est facile de se perdre. le récit est énigmatique, voire volontairement lacunaire. Giono fait de son héros Langlois une sorte d'initié, un personnage charismatique qui s'intéresse à "la marche du monde", l'expression apparaît plusieurs fois dans le récit, sans que l'on connaisse exactement le détail des réflexions qu'elle recouvre. J'ai eu du mal à trouver un intérêt à ce personnage assez peu sympathique, il est austère, cassant, autoritaire, peu loquace. Quant à l'assassin, il n'est pas décrit, on ne connaîtra presque rien de lui ou de ses motifs (si ce n'est la thèse du meurtre pour échapper à l'ennui). On ne saura même pas son nom, car il est désigné uniquement par son initial, monsieur V. Un procédé que je n'aime guère, car généralement, les noms de personnages m'aident à me projeter dans une histoire.

 J'ai été séduit par la virtuosité de l'écrivain, mais dérouté par la complexité du récit. La fin est tragique et renforce l'atmosphère étouffante et sombre bien rendue par l'auteur.

 Giono se révèle ésotérique et demande au lecteur de lire son texte avec attention. J'ai dû me pencher sur quelques analyses littéraires de ce roman pour mieux comprendre la problématique de l'histoire et la technique utilisée par le romancier. Je ne m'étonne pas de constater que ce livre est souvent au programme des classes littéraires, car il offre un modèle parfait pour l'analyse, mais ce n'est pas ce que recherchent en premier les lecteurs. Ceci explique que certains considèrent ce roman comme un chef-d'oeuvre et d'autres comme une histoire ennuyeuse et incohérente. Je conseillerais à ceux qui veulent découvrir Giono, écrivain incontournable, de commencer par ses premiers romans : "Regain", "Un de Baumugnes" et en particulier "Colline". C'est d'ailleurs le conseil que donne Sylvie Durbet Giono, la fille du romancier :

" C'est un livre qui est resté très cher au coeur de mon père, les autres, une fois écrits, édités, critiqués par la presse, mon père s'en désintéressait complètement et même il était très critique à leur égard, sauf Colline, alors pourquoi ne pas commencer par Colline..." Interview, youtube (2014).

Bibliographie :

- "Un roi sans divertissement", Jean Giono, Gallimard, folio (2004), 244 pages.

Une analyse très fouillée de l'oeuvre :

- "Profil Bac : un roi sans divertissement", Joël Dubosclard, Hatier (2003), 126 pages.

Une biographie bien documentée :

- "Giono 1895-1970", Pierre Citron, Seuil (1990), 665 pages.
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Je dois avouer être un peu passé à côté de ce roman.

Ce n'est évidemment pas la première fois que cela m'arrive, il m'est aussi-rarement-arrivé d'abandonner une lecture en cours, car elle s'avérait, pour moi inintéressante ou rébarbative.

Un roi sans divertissement, n'entre pas dans ces catégories, et je regrette d'autant plus de ne pas être entré dans ce récit.

Car, si le roman ne m'a pas vraiment enthousiasmé par son fond, la forme elle, est d'une indéniable qualité.

L'écriture de Giono est brillante, évocatrice dans la description des décors, lieux et personnages.

C'est d'ailleurs pour la qualité de cette plume, que je tenterais la lecture d'autres oeuvres de l'auteur de "Le grand troupeau", en espérant pouvoir cette fois profiter d'une lecture plus immersive.
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un bijou bien ciselé comme sait les concocter ce cher Giono, notre provençal profond. il accoquine ses mots en effets (mais avec deux c)
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Je suis totalement passée à côté de ce roman. le manque d'unité et le côté décousu de la narration, le choix des mots (depuis quand une ancienne lorette utilise des passés simples et des tournures de phrases comme Giono en prête à Saucisse?) sont déconcertants . Même si j'ai fini par comprendre les intentions de l'auteur, ce fut laborieux et un peu de mon plaisir de lecture s'est perdu en chemin....
Restent les descriptions somptueuses et le style incroyablement sensuel de Giono, et ça c'est que du bonheur...
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de Jean Giono j'ai lu il y a quelques années déjà "Le Hussard sur le Toit". J'avais apprécié cette lecture.

C'est pourquoi en ouvrant "un roi sans divertissement" je pensais trouver quelques heures de lectures intéressantes. C'est plutôt le contraire qui s'est passé. Je me suis ennuyée. le talent de l'auteur ne pouvant être mis en cause, j'en conclue que suis passée à côté de l'oeuvre.

Les pages concernant les disparitions et leurs conséquences ainsi que celles sur la chasse au loup m'ont relativement intéressée. Je me suis perdue à partir des pages où apparait le personnage de Saucisse.

Même si je n'ai pas compris le projet de l'auteur je n'ai pas abandonné le livre, je l'ai terminé.

peut-on me conseiller un titre plus facile de Jean Giono à lire ?





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Truffaut a inventé la notion de "grands films malades". Je crois qu'il parlait de films qui auraient pu être parfaitement réussis mais qui avaient un défaut éliminatoire. Pour moi, un roi sans divertissement est un grand livre malade car ma déception a été la hauteur de l'enthousiasme que j'avais jusqu'au 2 tiers du livre. En fait, après avoir lu la fiche Wikipédia du livre - remarquable - j'ai réalisé que je n'avais pas compris le dessein de Giono avec ce récit. Il n'empêche que j'ai beaucoup apprécié - et ai même été impressionné - l'aspect fantastique, policier, le côté "bête de Gévaudan" et ai été déçu que l'auteur ait choisi d'en faire une fable, un récit, métaphysique.
C'était le premier livre de Giono que je lisais. Je ne m'attendais pas du tout à ça, mais j'ai compris que celui-ci était un Giono seconde époque, après la guerre, différent de la première.
L"édition que j'ai lue est le folio 220 de 1977. Ne lisez surtout pas la 4ème de couverture (ce que je n'ai fait qu'après) qui dévoile la fin du récit !
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Je ne peux pas cacher ma déception malgré un départ sur les chapeaux de roues. Les disparitions, les meurtres, l'enquête , c'est rondement mené. Et puis je me suis vite aperçue que j'étais piégée et que je n'allais rien comprendre... tant pis, c'était mon premier giono il fallait bien commencer.
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Giono écrit bien et le premier tiers du roman était intéressant. Et bien qu'il écrive bien et que ces descriptions soient belles et prenantes, le reste était un peu longuet.
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Ma première lecture de Jean Giono, un livre que j'avais hâte de lire mais qui a finalement été une déception. J'ai eu beaucoup de mal à accrocher le style de cet auteur, j'ai lu de nombreux passages sans rien comprendre ou sans arriver à suivre le fil de l'histoire. C'est dommage, d'autant que le relativement long passage des disparitions/meurtres en série m'a lui tenu en haleine, mais c'est le seul moment qui m'a plu. Hormis donc ce passage, j'ai trouvé l'écriture très décousue à la fois dans la chronologie et dans la description de l'espace, et également dans l'intrigue et même dans le genre/registre de l'histoire. Un livre que je n'ai donc majoritairement que survolé et pour lequel je ne sais pas bien quoi ajouter, mais je compte tout de même laisser une deuxième chance à Jean Giono avec son roman ''Le hussard sur le toit'' que j'ai déjà dans ma pal.
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