Ça commence comme ça. Il est là et sa présence vous gêne. Vous ne l'attendez plus. Vous rentrez le soir et vous allumez le radio. Un baiser distrait après avoir quitté vos chaussures. Le silence tout de suite après. Vous ne savez comment c'est arrivé. Depuis combien de temps. Vous pensiez que ce de ne serait pas possible. Pas lui, pas vous.
C'est une histoire ordinaire, celle d'un homme et d'une femme qui ont eu des enfants. [...]
cette histoire-là tu la méprises, elle n'est pas digne de toi, le "grantécrivain".
Tu mérites mieux qu'une famille avec une femme et des enfants, qui t'attendent, qui sont à tes pieds, qui s'adaptent, depuis toujours, à tes absences, tes besoins d'isolement, de liberté, pour te laisser vivre pleinement ton inspiration. Tu mérites mieux qu'une femme qui elle, n'a rien d'original, ni actrice de cinéma ni même journaliste. Une femme assistante sociale, c'est sur, il n'y a pas de quoi grimper aux rideaux. Mais qui t'aime pourtant, tu mérites mieux qu'une femme qui t'aime ?
Je ne savais pas qu'on pouvait vivre, travailler, plaisanter et être malade de douleur. (...) J'ignorais qu'on pouvait à la fois être détruit et concentré sur son travail, effondré et souriant, triste et disponible, nostalgique et amoureux.
Je me demande comment résonnent en toi nos conversations nocturnes, tant il est impossibles d'en discerner les traces, d'en distinguer les séquelles, je me demande si c'est moi qui ne sais pas dire ou toi qui ne sais pas entendre, je ne suis pas sûre que nous parlions la même langue.
Les veuves ne savent pas quoi faire de leur temps libre, de leurs vacances.
Elles étudient le calendrier, elles remplissent les vides, elles colmatent les brèches. Les veuves n'aiment pas le vendredi soir. Elles redoutent les dimanches.
Attendre, c’est espérer. Sinon on n’attend pas.
Tuer n'empêche pas d'être en deuil.
Vous repoussez l’idée de ne plus l’aimer. Vous n’imaginez pas qu’il faudra le lui dire. Alors vous en faites votre affaire. Vous vous accommodez. Vous acceptez de ne plus supporter: sa démarche, sa conduite, la musique qu’il écoute. Sans en faire un drame. Vous êtes désagréable. Parfois blessante, mais vous camouflez. Puis vous n’y tenez plus. Ça vous échappe. Vous alignez les reproches, vous ressemblez à votre mère. Vous vous détestez. Vous vous ressaisissez, donnez encore une chance à votre histoire. Vous êtes douce, conciliante, juste ce qu’il faut pour relancer la machine. Ne pas être obligée de parler de cela.
Tu m'as regardée, et cela m'a suffi pour oser faire tous les gestes. On sous-estime la puissance d'un regard, on ne sait rien de la façon dont il marque une existence.
[...] lire est la seule échappée qui me reste. Et tu comprends pourquoi. Je peux me caler dans mon lit après une journée de travail, après avoir dit bonne nuit aux enfants, je peux enfin, après neuf heures du soir, penser à moi. Et comme je suis seule dans mon lit et que le silence s'abat d'un coup sur l'appartement, je n'ai qu'une chose à faire : ouvrir le livre qui me fera oublier que tu me manques.