Pourquoi, alors que je voulais faire connaissance avec l'oeuvre de
George Gissing, forte de 23 romans, avoir arrêté mon choix sur cette courte nouvelle ? Pour une raison toute simple et fort triviale. C'est qu'il s'agit là, sauf erreur de ma part, du seul ouvrage de cet auteur qui soit actuellement disponible en français. Même Gallica, du haut de ses huit millions de textes et documents tombés dans le domaine public, s'avoue incapable de satisfaire la demande.
On peut découvrir un début d'explication, me semble-t-il, à cet ostracisme littéraire dont il fait l'objet en France et dont il a longtemps fait l'objet, à des degrés divers, en Grande-Bretagne, dans «
Le destin et l'apothicaire ». Il y a en effet là un personnage auquel il est très difficile de s'identifier. Peu sympathique, hargneux, vindicatif, il accumule les échecs. Il les suscite par son comportement et, incapable, de se remettre en question, il en rend responsable le monde entier, à commencer par ses clients, ce qui ne peut évidemment que déboucher sur un désastre.
Pour autant que j'aie pu en juger à la lecture des études qui lui sont consacrées, nombre de ses personnages sont conçus sur ce même modèle et il fait très souvent preuve d'un pessimisme qui ne rend guère ses textes attrayants. Ce qui ne les empêche pas de présenter un grand intérêt tant par la peinture de la réalité sociale qui les sous-tend que par la place privilégiée que la femme y occupe.
Encore faudrait-il pouvoir juger sur pièces et que cette oeuvre soit enfin traduite en français.