Voyageuses extraordinaires

Plus de vingt-cinq héroïnes des "Voyages extraordinaires" sont prêtes à partir à l'aventure aux quatre coins du globe et la voyageuse autrichienne Ida Pfeiffer, qui accomplit deux fois le tour du monde entre 1846 et 1855, s'y incarne dans des figures exceptionnelles : l'exploratrice Paulina Barnett du "Pays des fourrures", la jeune Marie affrontant par amour un hivernage dans les glaces ("Un hivernage dans les glaces"), Mary Grant et Helena Glenarvan navigant sur les océans ("Les enfants du capitaine Grant"), Dolly Branican affrontant les déserts de l'Australie centrale ("Mistress Branican"), Jeanne de Kermor parcourant le Venezuela dans "Le superbe Orénoque" ou encore Arcadia Walker de "La chasse au météore". Ces femmes sont particulièrement originales pour l'époque, d'autant qu'elles sont présentes dans un genre littéraire (le roman de voyage et d'aventure) dont elles sont généralement absentes.

Il y a moins de femmes que d'hommes chez Jules Verne et il existe notamment 16 romans (sur une soixantaine) dont les femmes sont quasi-totalement absentes. Mais à côté de cette certitude, un constat : si les femmes sont moins nombreuses, elles sont présentées sous un jour extraordinairement positif et moderne. Voyageuses, instruites et cultivées - y compris dans le domaine scientifique -, politisées et anti-esclavagistes, opposées au massacre des animaux, prêtes à affronter d'innombrables dangers pour retrouver ou protéger ceux qu'elles aiment, rejetant le poids des conventions sociales dans leurs histoires de cœur, ces femmes constituent pour l'époque une galerie de portraits étonnante de modernité.