"Bonjour les Babélionautes! Aujourd'hui, on va parler d'un roman de
Valentine Goby,
Murène.
Or donc, dans les années 1950, François, 22 ans, est gravement brûlé par un arc électrique. Ses deux bras sont perdus, il faut les amputer! Après une longue période de soins douloureux, le jeune homme doit tout réapprendre: marcher, manger, s'habiller... vivre et même faire du sport.
Alors...
-Troisième critique en trois jours, tu as mangé du tigre, dis-moi... Ha ha! du tigre*! Vous l'avez, les gens?
-Je suppose que ces vacances à Feuillygnac me font le plus grand bien! Mais revenons au roman! Alors...
-Naaaaan, c'est moi qui commenceuh!
-D'accord! Rholàlà, quel caractère...
-Il y a plein de choses que je n'ai pas aimées! Les énumérations, pour commencer.
-Ah bon? Moi j'ai trouvé ça sympa!
-Moi pas! Ca peut être intéressant au début, mais au bout de cinquante mille**, j'en ai eu marre, ras la théière! L'effet de surprise n'existe plus et la lassitude s'installe! La répétition du procédé m'ennuie!
Ensuite, j'ai trouvé que le rythme ne roulait pas terrible!
-Alors Méchante Déidamie, je suis en désaccord. Toute la partie soins a besoin d'être longue.
-Mais je te parle pas de ça, bananasse! J'attendais beaucoup de la découverte du sport et j'ai trouvé que la découverte du club de sport manque de... de... de force, de puissance!
-M'enfin, Méchante Déidamie, on ne peut pas fabriquer du shônen à chaque occasion...
-Sans parler de shônen, on aurait pu avoir un dialogue un peu plus, je sais pas, moi! Dynamique? Marquant? Bref, autre chose que décevant!
Et encore autre chose qui m'a énervée! L'autrice se permet d'intervenir dans l'histoire.
-Méchante Déidamie, tu devrais peut-être dire "la narratrice"...
-Non, madame, je sais ce que je dis, j'ai bien voulu dire "l'autrice"! Elle se met en scène dans l'histoire pour te rappeler que tous les choix et malheurs de François sont bien réfléchis par elle. Et là, c'est la perdition: je me sens projetée hors du roman comme l'aviateur qui s'éjecte de sa machine, sauf que moi, je n'appuie sur aucun bouton.
Autant je pouvais être indulgente dans
L'anguille, autant là, dans
Murène, où le procédé se prolonge, je ne peux pas. Et mon immersion, hein? Elle est toute cassée, mon immersion!
-Et ensuite?
-C'est tout! Allez, je m'en vais, c'est l'heure de me vautrer sur le canap'.
-Alors, de mon côté, je tiens à saluer le magnifique travail de documentation qui a été nécessaire pour rédiger ce roman! Les soins accordés à François et tous les passages consacrés à l'appareillage m'ont beaucoup impressionnée! J'ai beaucoup aimé aussi tout l'aspect détresse profonde et reconstruction progressive, que j'ai trouvé traité avec justesse, sans désinvolture. On vit les souffrances de François.
J'ai beaucoup aimé aussi le retour à la maison après les soins, comment petit à petit il trouve des trucs pour s'adapter et se faciliter la vie. Ces passages-là m'ont passionnée, je dois bien le dire!
Tu parlais de phrases qui cassaient l'immersion, mais d'autres passages m'ont fait vibrer! Les descriptions dans la montagne, par exemple, oh là là, mon petit coeur a palpité!
Les persos secondaires n'ont pas manqué de m'émouvoir non plus.
-Moi, je regrette qu'on n'en sache pas plus sur le p'tit jeune né sans bras. En voilà un perso qui aurait mérité d'être un peu plus approfondi! J'étais frustrée, on n'en sait pas assez sur lui!
-Tu n'avais pas mieux à faire, là? Genre te la couler douce sur des coussins?
-Tu disais trop de trucs positifs, ça m'a fait revenir.
-Bon! Donc, nous avons trouvé
Murène bien écrit...
-AHEM!
-... sauf les fois où le texte énerve Méchante Déidamie, et hélas mal équilibré dans son rythme... cependant, il traite de façon intéressante et documentée la condition d'une personne en situation de handicap dans les années 1950-1960.
-Pas parfait...
-... mais pas inintéressant ni complètement raté, je tiens à le souligner! Je compte bien essayer d'autres romans de
Valentine Goby."
*Pour ceux qui ne passent pas régulièrement: on vient de critiquer le premier tome du Tigre des neiges.
**Comprenez: "beaucoup".