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EAN : 978B09SBGJJP3
320 pages
Weyrich (11/02/2022)
4.05/5   10 notes
Résumé :
Que cherche ce jeune homme idéaliste en ces saints lieux ? Des réponses à ses questions existentielles et sa voie parmi tant de chemins de vie, sans doute. Mais c’est un frère novice assassiné qu’il découvre bientôt derrière les murs de son institution religieuse…

D’un couvent bruxellois à un ermitage ardennais et d’une Semaine Sainte bien peu régulière à un sombre passé guerrier, l’enquête policière bute et trébuche entre cachotteries et dénis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Bien Chers Frères, Bien Chères Soeurs,
Si nous sommes ici réunis en ce jour, c'est pour célébrer la disparition de notre jeune frère, Jean de Jésus. Puisse Dieu l'accueillir auprès de lui dans sa puissance et sa gloire, pour les siècles des siècles. Amen !

Critique :

Depuis « le nom de la rose », il ne nous avait pas été donné de nous retrouver dans un contexte religieux monacal pour élucider un crime. Benoît Goffin, grand spécialiste des monastères et autres abbayes, nous y replonge, non pas au Moyen Âge, mais en avril 1982. Particularité du récit : il est révélé partiellement par la victime elle-même !
Que nous rapporte cette voix d'outre-tombe ?
Faisons connaissance avec le mort. Jean de Jésus, tel est le nom dont le novice a été doté en s'engageant dans les ordres, est au moment du récit, un jeune moine qui est entré en religion depuis trois ans. Il s'apprête à prononcer ses voeux définitifs lorsque la mort le rattrape définitivement. Sa communauté, les Frères de Notre-Dame, est installée à Bruxelles dans un quartier huppé et est célèbre pour les conférences qui s'y tiennent et qui attirent… disons… des catholiques plutôt conservateurs, venus écouter les conférences et autres sermons de grands orateurs.
La mort suspecte du jeune homme place dans l'embarras le prieur supérieur du monastère de Bruxelles, le Père Elisée de la Nativité. Il aimerait autant ne pas mêler la police à cette triste affaire. Pensez donc au scandale : un suicide ou un assassinat entre les murs d'un monastère, pile au moment où monseigneur Dutilleul, grand diplomate du Vatican, s'y trouvant, est venu négocier un accord avec les autorités européennes, accord qui pourrait changer la face du catholicisme ! Alors, imaginez tous les vautours anticléricaux ! Imaginez comme ils pourraient se repaître d'une telle histoire ! Non, vraiment, le docteur Alliaume, en bon chrétien, ne devrait pas parler d'homicide… Pourtant, le meurtre devient vite une évidence et pourrait être lié à la raison de la présence de l'évêque et à sa mission.
Une chose paraît sûre : si meurtre il y a, l'assassin fait partie de la communauté des Frères de Notre-Dame… Et parmi ces « saints hommes », il s'en cache au moins un qui est une âme damnée…
Mais les problèmes ne se limitent pas au monastère de Bruxelles. Monseigneur Dutilleul sait que l'Eglise risque gros en ayant protégé des personnages qui ont éclaboussé plus d'une soutane par leurs actes durant la Seconde Guerre mondiale…

Le style de l'auteur est en parfaite adéquation avec le cadre de son récit, et pour qui a fréquenté divers religieux, le discours des personnages leur paraîtra très familier. Sachez que Benoît Goffin s'inspire de lieux réels dont il a changé les noms et certaines caractéristiques, ne vous donnez donc pas la peine de chercher les facultés universitaires Saint-Charles, ou le sinistre monastère en nid d'aigle de Caprimont. L'auteur ne tenant probablement pas à se faire excommunier en recourant à des noms bien réels des institutions où se déroulent d'infâmes complots.
Malgré la gravité du sujet, de petites touches d'humour viennent agrémenter le récit, notamment dans la description des personnages.

Benoît Goffin ayant beaucoup d'intervenants dans le récit, a eu l'intelligence de placer, en début d'ouvrage, la liste des protagonistes regroupés par lieux. Cela s'avère très pratique pour s'y retrouver.

Un sacré bon moment de lecture. Loués soient frère Benoît Goffin et père Olivier Weyrich, son éditeur !
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« Cette voix d'outre-tombe est celle d'un moine. Encore bien jeune, puisqu'il n'a que trois ans. Précisions : trois années de vie monastique. A son entrée en religion, il a reçu le nom de Jean de Jésus. Un moine parmi d'autres venant d'un milieu quelconque. Tout juste « monastiqué » par un noviciat médiocre qui l'a trimballé d'un couvent à l'autre. Les « maîtres » qui devaient l'initier s'étant révélés particulièrement incompétents, il a très vite dû se tourner vers les livres auxquels on voulait bien lui laisser l'accès pour se bricoler un semblant de formation. »

Ce jeune moine en savait pourtant trop dans bien des domaines. Et son assassin, il le connaissait bien, du moins en apparence, car il appartenait à ce même monastère des Frères de Notre-Dame. Ce roman policier se situe principalement à Bruxelles en 1982, plus précisément pendant la Semaine Sainte, ce qui aura une grande importance dans le découpage de la narration. Ce monastère se situe dans un quartier chic de cette capitale ; il a beaucoup à perdre en termes de notoriété et d'apports en espèces sonnantes et trébuchantes de la part de fidèles prêts à tout pour, notamment, se recueillir devant une relique célèbre (une clavicule de Sainte Thérèse d'Avila).

Si dans un premier temps le médecin habituel de ce monastère a des doutes sur les causes de ce décès, survenu la veille du dimanche des Rameaux, il les garde pour lui. Mais bien vite, alors que des « incidents » graves suivent cette mort, il est contraint de signaler un possible meurtre à la police.

Le Prieur, le Père Elisée de la Nativité, est franchement dépassé par les évènements. le commissaire Légaut et ses adjoints Simonard, Borremans et Leboeuf auront fort à faire pour tirer quelques vérités de ces moines, la plupart vieillissants et aigris. L'enquête s'orientera vers une possible affaire de moeurs mêlée à des secrets relatifs à la seconde guerre mondiale : certains moines ont fui la justice 35 ans plus tôt et ne sont pas qui ils prétendent être.

Si la qualification de roman policier n'est pas usurpée, ce livre s'est révélé être aussi, et peut-être même avant tout, un superbe roman d'atmosphère. Benoît Goffin connaît visiblement bien ce monde si particulier des religieux. Beaucoup de détails sonnent vrais. L'arrière-plan est très soigné, les personnages nombreux mais bien différenciés. Deux échappées dans la nature, l'une vers un ermitage l'autre vers un autre couvent situé sur un piton rocheux, rompent le caractère étouffant du huis-clos bruxellois.

Tous les protagonistes de ce roman ont des doutes, des regrets, des peurs. Certains y gagneront un peu d'humanité supplémentaire et d'autres iront vers leur fin terrestre.

Je remercie vivement les éditions Weyrich et Babelio, qui m'ont fait parvenir ce titre dans le cadre d'une opération Masse Critique.
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En matière d'originalités, ce thriller en comporte plusieurs par rapport à mes lectures traditionnelles en matière de littérature noire.

Tout d'abord, les lieux dans lesquels prennent place l'intrigue et ce, à deux niveaux. Tout d'abord, nous nous trouvons en Belgique. Eh bien oui, malgré que je sois moi-même belge, j'avoue que je présente bien des lacunes en littérature belge et je trouve cela souvent dommage. Cela s'explique plus par un manque de temps que véritablement par une absence d'intérêt de ma part et je m'en excuse donc auprès de mes compatriotes.

Ensuite, l'essentiel de l'histoire se déroule dans un monastère bruxellois. Là, vous ne pouvez pas me contredire sur cette singularité car, pour moi, c'était ma première fois en ces lieux pour un thriller ! Bravo à l'auteur d'avoir fait preuve d'hardiesse et d'avoir choisi ces décors.

Une autre particularité de ce livre « Messes amères » est son style d'écriture. En effet, je l'ai trouvé à la fois très ingénieux et distinctif. Délaissant des phrases simplistes, Benoît Goffin apporte un idiome complètement inventif pour un thriller.

Heureusement que l'auteur a eu l'excellente idée de fournir une liste des différents protagonistes et de leurs fonctions car ils sont un certain nombre au final et il peut être parfois déconcertant pour le lecteur de s'y retrouver face à cette pléthore. Ce relevé est donc indispensable.

Finalement, j'ai donc passé un bon moment de lecture. Il m'a juste manqué un petit je-ne-sais-quoi pour que ce livre se distingue encore plus parmi toutes mes lectures. Je pense qu'il s'agit d'un brin de folie… Mais vu ses différentes singularités, l'auteur en est tout excusé.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Voilà une lecture qui sort du cadre habituel du roman policier : un monastère ! Cet établissement fictif (el les autres) est situé à Bruxelles, l'action se déroule dans différents endroits de notre pays.

L'auteur a su parfaitement rendre l'atmosphère qui y règne. On a l'impression que le temps s'est ralenti, s'étire et cette impression de lenteur, de longueur s'accentue tout au long du texte comme si les protagonistes refusaient de faire éclater la vérité. C'est parfois dérangeant, perturbant.

Généralement, les romans policiers se marquent par le rythme, la fébrilité, l'agitation. Ici, c'est le calme ! Des pas feutrés, des chuchotements, de la réserve, des confidences...

En plus, l'auteur fait parler le mort !
Un jeune moine.
Ce cadavre nous raconte ce qu'il voit mais toujours dans le flou car le suspense est maintenu jusque la fin.. Surviennent également des accidents, d'autres cadavres, d'autres décès suspects ! Et là, la tension s'installe et perdure .

Qui dit enquête, dit policiers ! La personnalité de l'enquêteur principal est atypique. Cette enquête particulière le renvoie à son vécu, un vécu douloureux qu'il révèlera le moment voulu.

le roman prend aussi des allures de thriller psychologique et les portraits des personnages sont analysés avec méthode et rigueur. Et malgré les circonstances, j'ai été touchée par la personnalité du père prieur.

Ce roman a également un fond historique et sociologique. Il aborde des faits dont j'ignorais l'existence et que je condamne de toutes mes forces !

On perçoit le travail de l'historien qui en reste aux faits sans émettre de jugement. Certains dysfonctionnements de l'Eglise catholique sont abordés de la même façon et c'est au lecteur à construire son opinion personnelle. La mienne est faite !

je termine par le style de l'auteur qui est rigoureux même un peu froid. Difficile d'éprouver des émotions positives , la colère et le dégoût prennent le dessus.
Le vocabulaire est particulièrement soutenu et j'ai buté sur des nombreux termes inconnus. La structure narrative est également originale car elle est axée autour de la Semaine Sainte. Des chapitres assez courts se suivent et la lecture soit être attentive car les lieux, les personnages changent très vite et sans avertissement.

Une lecture qui demande beaucoup d'attention et de concentration et je salue le travail colossal de l'auteur qui propose une oeuvre complète, aboutie tout en laissant le lecteur face à ses doutes et des déceptions.

Et le titre est extrêmement bien choisi : j'ai refermé le livre est une sensation d'amertume bien marquée !
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Vous pensez qu'un monastère est un lieu uniquement de recueillement et de prière ? Il semblerait que dans la communauté du frère Jean de Jésus, en Belgique, ce soit différent ! Jean, moine novice, vient de mourir subitement et c'est lui qui nous fait le récit de la vie ni lisse et ni honorable de sa communauté.

Mort, mais pas encore entré au paradis, il nous narre l'intrigue qui se dévoile dans son monastère depuis son décès. Accidents suspects, objets qui disparaissent, visite d'une éminence religieuse...sans oublier l'intrusion de deux policiers qui vont tenter d'exhumer quelques secrets bien enfouis. A la tête de la communauté, le moine Elisée voit son passé de résistant ressurgir et devient une pièce maîtresse de l'enquête.

Qu'il est bon de se plonger dans ce monastère, avec ses rites immuables, les petites entorses à la règle, les regrets, les convictions, et les non-dits qui vont faire éclater la vie "pépère" des moines.

La lecture offre un excellent moment d'évasion, dans un monde parallèle à celui que nous vivons. C'est aussi l'occasion d'un coup de projecteur sur ces anciens tortionnaires de la Seconde Guerre Mondiale qui ont été accueillis par l'Eglise pour échapper à un procès civil tout comme ces moines coupables d'abus sexuels. Mais échapperont-ils pour autant au Jugement dernier ? 

Une intrigue bien ficelée, des moines aux caractères bien trempés, un flic mystique le tout servi par une écriture tout en finesse, avec un vocabulaire érudit et de belles métaphores. Un roman qui apporte un regard peu conventionnel sur la vie dans un monastère. A méditer !

Merci à la maison d'édition pour l'envoi du roman dans le cadre de l'opération Masse critique. Une belle découverte !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Vous irez donc cultiver un peu votre amnésie, elle vous va si bien, et pour ma part, je m'engage à ne pas exhumer du placard deux ou trois affaires vous concernant et qui empestent franchement la charogne...
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Et ils sont si nombreux à devenir des "fonctionnaires de Dieu" se croyant encore les porte-parole du divin bien qu'ils n 'en soient plus que ses porte-silence. Alors l'aigreur s'installe. Et lorsque l'on a perdu trace de l'expérience initiale, les yeux ne contemplent plus que l'étendue des renoncements à subir.
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Dans les communautés qui ont fait voeu de silence, les nouvelles circulent plus vite que partout ailleurs.
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Je vous ferai d'ailleurs remarquer que ce n'est pas parce que j'ai déplacé un cadavre que j'en suis l'assassin !
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