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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je termine la lecture de ce roman de Gogol avec un sentiment mitigé. Très mitigé même. Cette histoire, qui met en scène les cosaques zaporogues, est traversé par un (violent) souffle épique qui aurait pu me plaire. Certaines phrases sont admirablement traduites par B. Jérome (mon édition date de 1947 avec des illustrations de M. Lecoultre) et évoque parfois la guerre du feu de Rosny Ainé, salammbô de Flaubert, ou d'autres récits épiques écrit au XIXème.

Mais, souvent aussi, ce côté épique frise un peu le ridicule. En tout cas, il a eu du mal à prendre avec moi. Par ailleurs, les aventures en elle-même ont un aspect invraisemblable, presque cocasse (la servante ennemie qui se balade seule dans le camp endormi des cosaques, le tunnel pour aller dans la ville assiégée, etc) et donnent un peu l'impression sur ce plan de lire de la littérature pour ado.

Si on ajoute à cela un relent d'antiféminisme assez marqué (la femme dont tombe amoureux le fils cadet est de celle qui précipite votre perte), un antisémitisme sans complexe (tous les juifs sont sales, fourbes et cupides) et une description des cosaques plus mythique et caricaturale que réelle, je ne peux pas dire que j'ai apprécié ma lecture ni que je la recommande.

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Nicolas Vassilievitch Gogol (1809-1852) est un romancier, nouvelliste, dramaturge, poète et critique littéraire considéré comme l'un des écrivains classiques de la littérature russe.

Une première version de Taras Boulba est parue en janvier 1835, elle fait alors partie du recueil Mirgorod. La version beaucoup plus étoffée publiée seule en 1843 et proposée ici constitue le texte définitif. Un roman historique mais une Histoire avec laquelle Gogol prend néanmoins des libertés.

Taras Boulba est un colonel cosaque zaporogue. Les Cosaques zaporogues ou simplement Zaporogues sont des Cosaques qui vivaient au-delà des rapides du Dniepr, dans la région historique de l'Ukraine centrale dénommée Zaporoguie. Ses deux fils, Ostap l'ainé, le batailleur et André le plus doux, ont fait des études à Kiev et à leur retour, leur père souhaite compléter leur éducation par ce qu'il considère plus essentiel, le métier des armes. Ils partent tous les trois avec quelques hommes rejoindre le centre névralgique de l'état cosaque, sur les bords du Dniepr. Ces cosaques ont une mission divine, défendre leur foi orthodoxe et « battre les infidèles, Turcs et Tatars aussi bien ; et quand les Polonais voudront aussi s'en prendre à notre foi, qu'il vous accorde également de battre les Polonais ! »

En dépit d'accords de paix entre ces peuples, les Cosaques partent en guerre et Taras Boulba rêve de voir ses fils briller par leurs exploits. L'issue de cette épopée sera dramatique, André par amour pour une belle Polonaise va trahir les siens et périra de la main de son père, humilié ; Ostap, fait prisonnier et supplicié meurt sous les yeux de son géniteur ; Taras Boulba lui-même y laissera la vie sur un bûcher mais il meurt satisfait, les rescapés de son peuple de s'avouant pas vaincus, pronostiquant une vengeance à l'égard de ses ennemis : «Patience, le temps viendra, oui, il viendra, ce temps où vous apprendrez à connaître la foi russe orthodoxe ! (…) Il n'est pas de force au monde qui ne doive un jour lui apporter sa soumission ! »

Un très bon roman d'action, alerte et enlevé. On peut le lire d'une traite sans trop s'arrêter sur les détails historiques complexes liés à cette zone de l'Europe centrale qui a toujours été très « remuante » ou bien, si on est plus curieux, prolonger cette lecture par de rapides recherches sur Internet pour élargir sa culture.

Si l'écriture sonne très moderne (traduction ?) et en facilite la lecture, le lecteur d'aujourd'hui risque de tiquer devant les propos antisémites des protagonistes où tous les clichés du genre s'affichent (« Il rougit de sa cupidité et s'efforça d'étouffer en son coeur l'éternelle hantise de l'argent qui, comme un ver, ronge l'âme du Juif. » Roman troublant aussi car il semble y condenser une partie des problèmes internationaux actuels : violences ayant la religion pour base, zone géographique en ébullition (Ukraine)…
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Tarass Boulba, bien sur, c'est d'abord Yul Brunner qui a contribué à la légende hollywoodienne. Ensuite, les cosaques zaporogues, c'est une sorte de vision culte de la communauté anarchiste et rebelle anti-état.
Dans ce roman de Gogol, la présentation des zaporogues, de leur mentalité et de leur mode vie est à la fois conforme à une certaine vision mythique de la fidélité jusqu'au boutiste à la communauté et assez violemment sectaire, antisémite et ignoblement mysogine des valeurs de ladite communauté.
C'est très certainement un roman d'aventure épique qui a marqué son époque par son originalité et l'intérêt historique et ethnologique. Lu en 2023, on peut difficilement ignorer une forme d'apologie de la violence, du machisme et du sectarisme chrétien qui constituent les fondements de la culture cosaque (le parrallèle avec "les fous d'allah" est évident).
Reste un livre qui se lit avec plaisir, des scènes d'affrontements guerriers dignes de Kagemusha et quelques interrogations quand même sur le rapport de Gogol lui-même avec ce qu'il glorifie ici...
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Grosse déception à la lecture de Taras Boulba. Je veux bien comprendre que, autres temps, autres moeurs, mais dans l'univers mis en mots par Gogol, personne ne trouve grâce à ses yeux: juifs, polonais, catholiques, turcs, tartares... Si vous n'êtes pas russe et orthodoxe, vous êtes un suppôt de Satan. Et les cosaques ? Décrits comme l'idéal de la vigueur russe, ils m'apparaissent à moi comme une bande de pochtrons abrutis. Résultat: pendant toute ma lecture, je n'attendais qu'une chose, que les polonais foutent une raclée à ces cosaques et que Taras Boulba meure enfin et que Gogol nous laisse tranquille avec ses délires mystiques orthodoxes.
Il reste quand même une chose formidable : la steppe ukrainienne et l'envie de la traverser au galop. Parce que, oui, la langue, l'écriture est merveilleuse, quand même.
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Je découvre Gogol avec Tarass Boulba. le contact est un peu brutal…

J'ai été plus sensible à l'absurde qu'à l'épique dans ce texte, même si c'est anachronique. Les cosaques sont de purs prédateurs ; toute une société organisée pour la destruction. Et les destructions se succèdent donc, tant du côté des cosaques que de leurs opposants.

L'héroïsme individuel ne peut s'exprimer que dans l'assaut collectif basé sur la haine - du Tatar, du Turc, du Catholique, du Juif. Gogol transmet aussi bien la haine inhérente à la meute que l'héroïsme et le romantisme de l'individu.

J'ai particulièrement apprécié l'écriture, pleine de clarté, que ce soit pour décrire la beauté féérique de la steppe traversée par les cosaques ou pour dérouler les batailles.

PS : Je reviendrai peut-être sur cette critique quand j'aurai "digéré" ce roman.
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Je voulais en savoir plus sur les cosaques. J'en sais sans doute plus après la lecture de Tarass Boulba, mais j'ai l'impression que Gogol, descendant lui-même cosaques, en donne une vision assez déformée par l'idéologie tsariste à laquelle il adhère. Dans Tarass Boulba (version définitive) l'Ukraine n'est que "la petite Russie" et les cosaques zaporogues se sentaient russes bien avant leur intégration à l'Empire. Il faudrait une discussion d'historien pour nous éclairer.
La haine des polonais et des juifs est très présente dans le roman et semble justifier toutes les violences commises par les cosaques aux yeux des acteurs du récit... voire aux yeux de Gogol. Assez gênant, mais chacun est le produit de son époque et il ne faut surtout pas édulcorer ce texte qui constitue un document intéressant pour l'histoire des mentalités, il me semble.
Les scènes de bataille de cette longue nouvelle sont bien menées et les fiers cosaques sont portraiturés (caricaturés?) avec une palette colorée et énergique. On ne s'ennuie pas mais le manichéisme du propos apparente ce récit sanglant à un conte pour enfant. Quoi qu'il en soit, cela donne envie de s'intéresser à l'histoire de la région, c'est dépaysant et plus intéressant que les nouvelles de Petersbourg à mon avis.
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De l'héroïsme masculin dans toute sa splendeur. Dans la violence, les combats, les sacrifices et l'honneur... Dans une déclinaison Russe Cosaque vs Polonais et Tartares.
De quoi éduquer de bons garçons à ces belles valeurs, de quoi les pousser dans la compét' du monde.
Tout ça est bien rendu, Gogol décrit bien les passes entre ces joueurs tueurs.
La femme est tellement belle qu'elle fait tourner casaque au cosaque censé faire partie des êtres plus exceptionnels encore que d'autre.
Adam et Eve...
Bon, si vous voulez, ça ne ressemble pas du tout aux romans russes tels que les écrivent Dostoïevski, vous n'avez pas de personnages souffreteux au bord de la folie et qui y verse à fond les ballons de façon choc électrique. Non, rien de tout ça. Faut dire que c'est censé s'adresser à la jeunesse, mon édition en faisant foi.
Je mets 3 étoiles tout de même parce que je considère certaines qualités aux éléments de l'histoire. Pour ne pas répéter les mêmes conneries. Et puis voilà.
Que ce livre soit celui d'un ancien monde !
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Livre à la base choisi pour le challenge solidaire 2020, je n'ai pas pu en venir à bout en 2020.
Gogol raconte l'histoire d'un épisode imaginaire d'une bataille entre les cosaques zaporogues et les Polonais, dans l'Ukraine du XVII ème siècle.
Taras Boulba fait partie du premier camp, et est très attaché aux traditions de son peuple, au point de pousser ses fils à la guerre, à peine revenus d'un an d'école. Un maître mot : l'honneur cosaque.
Dans les premières pages, il apparaît méprisant envers sa femme, qui ne doit pas dire ce qu'elle pense et qui ne doit que nourrir et abreuver ses guerriers, et accepter les décisions de son mari.

Cet homme est obstiné, misogyne, orthodoxe.
Ses fils, Ostap et André, ont des caractères différents :
Ostap, l'aîné, est vaillant, guerrier, bon et meneur ;
André, le cadet, est sensible, inventif, impulsif, rusé et rêve d'amour.

Ce dernier est tombé amoureux de la fille du gouverneur de Kouro (Lituanie), une Polonaise catholique, et va donc trahir les siens.
Taras Boulba, intraitable même avec ses propres fils, va le renier.

Taras Boulba va tout faire pour protéger Ostap, qu'il imagine en successeur.

Mais ses actions vont le mener à sa propre perte.

La citation qui résume le mieux le livre est une interpellation directe de Gogol au lecteur :
"Mais nous n'allons pas troubler l'esprit des lecteurs en leur faisant un tableau de ces supplices infernaux, propres à faire dresser les cheveux sur la tête. Ils étaient le fruit de ce siècle grossier et féroce, où l'homme menait encore une vie sanguinaire, uniquement faite d'exploits guerriers, qui avaient trempé son âme, mais le rendaient inaccessible au moindre sentiment d'humanité. C'est en vain que de rares voix, isolées au milieu de leur siècle, s'élevaient contre ces atroces procédés."


Je découvre ici un Gogol épique, mais n'étant pas fan des récits de guerre je n'ai pas accroché à ce récit. Pourtant, il ne manque pas d'actions et de rebondissements, avec ce Taras Boulba qui ne pense qu'à l'honneur sans penser au bonheur de ses fils et de sa femme.
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Tarass Boulba, Cosaque d'Ukraine, entretient la lutte contre la domination polonaise en ce XVIIème siècle et pour endurcir ses deux fils Ostap et André, les enrôlent dans une bataille contre l'occupant catholique qui dévoie la religion orthodoxe de ces fiers et présomptueux Cosaques. L'armée ainsi constituée se lance dans l'aventure sans vraiment de stratégie sauf celle de revendiquer sa foi et son indépendance, malgré la catastrophe annoncée.

A la fois récit historique et d'aventure, Gogol revisite la tradition et l'histoire cosaques avec cette histoire familiale où la figure du père, autoritaire, nationaliste et quelque peu romantique, cherche à rétablir grandeur et gloire du peuple cosaque. Au delà des combats cruels et particulièrement sanglants, Gogol évoque cette épopée qui a permis à l'Ukraine de s'émanciper du joug de l'occupant mais il traduit également un certain nationalisme et des traditions jouant sur la nostalgie, mais sans négliger toutes les cruautés de l'époque, tortures, batailles au sabre, décapitations, viols et mises à sac des villages récalcitrants.
Tarass Boulba est un roman violent, exalté, mené tambour battant par un Cosaque aveuglé par ses projets de revanche et qui précipite les siens dans une épopée cruelle et funeste.
Un roman instructif sur l'époque et la mentalité ukrainienne mais qui n'est pas exempt de certaines longueurs.
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Le personnage principal - ses deux fils apparaissent bien peu pour avoir une consistance psychologique réelle, et les autres Cosaques ont des caractères assez interchangeables - ne m'a vraiment pas plu. Je n'ai pas vu son sens de l'honneur comme quelque chose d'héroïque, mais comme le prétexte pour battre sa femme, humilier ses enfants, boire et se saouler. Les personnages féminins ne sont que trois à parler, mais sans même avoir de nom, et ne sont que des types : la "servante juive", la jeune fille, la mère.
Je n'ai pas lu un roman historique, mais un roman nationaliste dans le contexte du XIXème siècle d'affirmation des nationalités : comme si le romancier s'était chargé de glorifier la nation russe face à ses rivaux Polonais et Turcs. Je sais qu'il faut prendre en compte le contexte, mais ici, j'ai trouvé assez difficile de lire ces phrases pleines d'antisémitisme violent et de xénophobie et même de racisme, qui permettent d'excuser tous les massacres et toutes les horreurs.
Et sur le plan de l'écriture romanesque, j'ai eu l'impression d'un roman de série B. J'ai conscience du caractère négatif de ce que j'écris, mais je n'ai pas retrouvé l'écriture subtile et spirituelle de Gogol que j'avais découverte dans ses nouvelles. C'est peut-être parce que le rythme est très - trop - rapide, les événements s'enchaînent très vite, sans avoir le temps d'approfondir la psychologie des personnages et les conséquences de leurs actions. Ce n'est que dans les dernières pages, quand les combats s'arrêtent, que Boulba devient plus intéressant, lorsqu'il éprouve enfin des sentiments pour son fils.
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