L'épée de vérité, tome 1 : La première leçon du sorcier

Une fois il était resté assis 3 jours durant à se demander pourquoi les gens polémiquaient sans fin sur le nombre d'étoiles qui brillaient dans le ciel. Lui même s'en fichait, jugeant la question ridicule. Mais pourquoi ses contemporains y voyaient-ils un sujet de débats passionnés ? Au terme de sa médication, il avait livré son verdict : sur une question pareille, tout le monde pouvait avoir une opinion sans craindre d'être contredit, puisqu'il était impossible de connaître la réponse. Un bon moyen, selon lui, de passer pour un érudit à petit frais. Ce problème résolut, il était entré dans la maison et avait consacré 3 heures à s'empiffrer.

_Je me souviendrais seulement que je l'aimais... et que je n'aurais jamais pu le lui dire.

_Si tu devais citer une seule raison de tuer Darken Rahl, laquelle choisirais-tu? Laquelle primerait à tes yeux?
_Si je ne parviens pas à l'abattre, répondit Richard, des larmes ruisselant sur ses joues, il assassinera Kahlan!
Sonnée comme si elle venait de recevoir un coup de poing dans le ventre, l'Inquisitrice dut faire un effort de volonté pour traduire ces mots. Dans un lourd silence, Richard resta assis immobile, l'âme aussi nue que le corps.

- Promets-moi une chose...
- Si c'est possible...
- Jure de ne pas le choisir avant que je sois retourné en Terre d'Ouest ! Je ne veux pas savoir qui c'est !
Kahlan ne répondit pas tout de suite. Ses doigts s'accrochant à sa chemise, elle souffla entre deux sanglots :
- C'est juré !
Richard la serra longtemps contre lui, luttant pour se ressaisir et repousser l'obscurité qui envahissait son âme. Puis il se força à sourire.
- Tu avais tort sur un point !
- Lequel ?
- Tu as dit qu'aucun homme ne pouvait donner d'ordres à une Inquisitrice. C'est faux ! Moi, j'en donne à la Mère Inquisitrice en personne. Tu as fait le serment de me protéger et je te confirme ta fonction de guide.
Kahlan eu un rire étranglé.

- Quelqu'un a faim ? demanda Emme avec un grand sourire.
- Eh bien, fit Zedd en levant la main, je n'aurais rien contre... (Rochard et Kahlan le foudroyant du regard, il se ravisa.) Non, rien pour nous, merci...

Ses yeux verts se rivèrent hardiment dans les siens. Un contact si intense qu'il menaça de lui arracher toute conscience de sa propre identité. En un éclair il eu le sentiment d'avoir d'avoir toujours connu cette femme. Comme si elle était depuis sa naissance une part de lui-même, ses besoins et ses désirs recoupant les siens.
Ce regard qui l'emprisonnait aussi sûrement qu'une main de fer sondait ses yeux à la recherche de son âme, en quête d'une énigmatique réponse. "Je veux vous aider", dit-il mentalement. Une pensée plus lourde de sens que toutes celles qu'il avait jamais eues...
Le regard de la femme, moins intense, desserra son emprise sur lui. Dans ses prunelles, il lut une chose qui l'attirait plus que tout. L'intelligence! Oui, l'intelligence brûlait dans ses yeux et dans tout son corps, glorieuse figure de proue de son intégrité. Pour la première fois de la matinée, Richard se sentit en sécurité.

p.677.
- Faites circuler la nouvelle, dit alors Richard à l'officier d'haran. Les hostilités sont terminées. Oui, la guerre est finie ! Que toutes les forces retournent dans leur pays. Je ne veux plus voir une armée d'occupation nulle part ! Et j'entends que tout homme, général ou fantassin, coupable d'exactions contre les civils innocents soit passé en jugement et puni selon la loi. Les forces d'Hara auront m5issions de secourir les populations menacées de la famine à cause de leurs pillages. Le feu n'est plus proscrit. Quiconque refusera de se plier à ces ordres, devra être combattu. (Richard désigna le commandant de Terre d'Ouest.) Soutenez-le avec vos hommes. Ensemble, vous serez trop forts pour qu'on passe outre. ( Les deux officiers écarquillèrent les yeux. Richard se pencha un peu vers eux.) Si vous ne vous en chargez pas, ce ne sera jamais fait...
Le poing sur le cœur, les deux militaires inclinèrent la tête.

Tout être vivant est un assassin.

Les gens ont tendance à tenir pour vrai ce qu'ils souhaitent être la vérité ou ce qu'ils redoutent être la vérité.
(Première leçon du Sorcier)

Rien n'est jamais facile…
(Zeddicus Zu'l Zorander)