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Citations sur Le tambour (108)

Je porte à mon crédit l'ignorance dont la mode arriva à cette époque et qui aujourd'hui encore fait au-dessus de bien des visages l'effet d'un fringant chapeau.
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[...] ... Assez longtemps, exactement jusqu'en novembre trente-huit, j'ai, embusqué avec mon tambour sous des tribunes, avec plus ou moins de succès, dispersé des manifestations, fait bégayer des orateurs, tourné des marches et des choeurs en valses et en fox-trots.

Aujourd'hui, malade à titre privé dans un établissement ad hoc, alors que tout cela est devenu historique et qu'on le rabâche avec ardeur certes, mais à froid, j'ai pris le recul nécessaire pour apprécier mon activité de tambour. Rien n'est plus éloigné de mes intentions que de voir en moi un résistant : c'est peu de choses que six ou sept manifestations démolies, trois ou quatre rassemblements ou défilés à qui le tambour a fait perdre le pas cadencé. Le mot de résistant est devenu très à la mode. On parle d'esprit de la résistance, de milieu résistant. Il paraît même que la résistance peut se prendre par voie interne ! On appelle ça émigration intérieure. Sans parler de ces hommes d'honneur aux fermes convictions qui, pendant la guerre, pour avoir négligemment obscurci les fenêtres de leur chambre à coucher, se virent coller une amende et s'appellent maintenant résistants, hommes de la résistance.

Jetons encore un coup d'oeil sous les tribunes d'Oscar. Est-ce qu'Oscar leur a joué du tambour, à ceux-là ? A-t-il, suivant les conseils de son maître Bebra, pris les rênes de l'action et fait danser le peuple devant la tribune ? A-t-il, un dimanche de plat unique du mois d'août mil-neuf-cent-trente-cinq, pour la première fois, et plus tard encore quelquefois, pulvérisé des manifestations brunâtres à l'aide d'un tambour qui, pour être rouge et blanc, n'en était pas pour autant polonais ?

J'ai fait tout cela, vous devez bien l'admettre. Suis-je, moi, le pensionnaire d'un établissement psychiatrique, un résistant pour si peu ? A cette question, je dois répondre non et je vous prie, vous qui n'êtes pas internés, de ne voir en moi qu'un être un peu à part qui, pour des raisons privées, esthétiques de surcroît, prenant à coeur aussi les doctrines de son maître Bebra, rejetait la couleur et la coupe des uniformes, la cadence et la force de la musique en usage sur les tribunes, et qui, pour cette raison, ramassait un peu de protestation sur un tambour d'enfant. ...
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"J'observai et j'écoutai un papillon de nuit qui s'était égaré dans la chambre. de taille moyenne, poilu, il il courtisait les deux ampoules de soixante watts, jetait des ombres qui, disproportionnées à l'envergure réelle de ses ailes, couvraient, remplissaient, élargissaient d'un mouvement spasmodique la pièce et son attirail de meubles. Quant à moi, j'analysai surtout, plutôt que le jeu de lumière et d'ombre, le bruit qui s'élevait entre le papillon et l'ampoule: le papillon jacassait comme si il avait hâte de se vider de son savoir, comme si il ne devait plus avoir le temps de boire aux sources lumineuses, comme si son dialogue avec la lampe était la dernière confession du papillon"
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Je n’insisterai pas sur les pigeons, bien qu’il soit dix fois admis que les pigeons sont matière à littérature. Un pigeon ne me dit rien, une mouette me dit davantage. La colombe de la paix me semble un pur paradoxe. Je confierais un message de paix plutôt à un vautour ou même à un vautour charognard qu’au pigeon, le plus grincheux des locataires qu’il y ait en ce bas monde.
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J'allais dévaler les marches sans dire merci et à la vitesse de dix beaux diables pour m'échapper du catholicisme quand une voix agréable, quoique impérieuse, vint toucher mon épaule: "M'aimes-tu Oscar?" Sans me retourner , je répondis: "Pas que je sache." Alors lui, de la même voix, sans crescendo: "M'aimes-tu Oscar?" Je répliquais d'un ton rogue: "Je regrette, pas le moins du monde!" Alors il me cassa les pieds pour la troisième fois: "Oscar, m'aimes-tu?" Et Jésus put voir mon visage: "Je te hais galopin, toi et toute ta quincaillerie!"
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Pour ne pas faire sonner un tiroir-caisse, je me cramponnai au tambour et à partir de mon troisième anniversaire je ne grandis plus d'un doigt.
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(incipit)
D'accord : je suis pensionnaire d'une maison de santé. Mon infirmier m'observe, me tient à l'oeil ; car il y a dans la porte un judas, et l'oeil de mon infirmier est de ce brun qui ne peut me radiographier car j'ai, moi, les yeux bleus.
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quel objet en ce monde , quel roman aurait l'ampleur épique d'un album de photos ?
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Qui aujourd’hui me prend sous ses jupes ? Qui m’éteint la lumière du jour et la lumière des lampes ? Qui me prodigue l’odeur de ce beurre jaune amolli, légèrement rance, que ma grand-mère empilait, logeait, déposait sous ses jupes pour me nourrir et dont elle me donnait, jadis, pour exciter mon appétit et m’y faire prendre goût ?
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Bruno a des yeux de poulpe éteint. Il décoche au plafond ce regard préhistorique chaque fois qu’il lui faut réfléchir.
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