Encore consacré aujourd'hui comme le meilleur guitariste de tous les temps,
Jimi Hendrix est l'une de ces comètes qui traversent le ciel de l'art, et dont la trace illumine longtemps après le passage les yeux - et surtout les oreilles - de qui sait regarder et écouter. Né sans son père, ayant grandi sans sa mère,
Jimi Hendrix réussit, après des années à jouer sans gagner le sou, à percer et à livrer au monde du rock son talent brut. Hendrix renouvelle la musique, connait le succès, qui l'enivre et puis l'ennuie car son public attend de lui les mêmes chansons et les mêmes sons, tâche de se libérer sans y arriver, meurt sans l'avoir vraiment voulu.
L'atout fort de ce livre, c'est son esthétique. Les couleurs, vives et jamais neutres, fabriquent une ambiance psychédélique qui colle à cette période. le trait est précis, les cases sont comme torturées de rayures et griffures qui rappellent les tourments tant personnels qu'artistiques de
Jimi Hendrix.
Bien documentée, cette biographie dessinée montre un homme qui ne vécut que pour la musique, et non pas par elle, car ce qui l'importait était seulement le son, et non l'argent que chacun - et notamment son agent véreux - pouvait en tirer. Un bémol, cependant, car il y en a un : la biographie prend des accents d'hagiographie, ne révélant jamais, par exemple, la part grandissante et malheureusement trop importante que prit la drogue dans la carrière du musicien. C'est là une dimension probablement fondamentale de la vie de Hendrix qui est ainsi, non pas oubliée, mais nuancée, voire excusée, alors qu'elle témoigne des hésitations et des interrogations d'un artiste en son temps.
Finalement, La légende du Voodoo Child vaut amplement la lecture, éclairant sur le destin d'un homme d'exception, agrémentant le récit par des extraits de chanson et de poème, invitant à découvrir la musique qui se lit déjà dans les cases.