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EAN : 9782259191883
397 pages
Plon (30/11/-1)
3.79/5   12 notes
Résumé :

Nous sommes en 1858, à Tours. Au cours d'un grand bal, Julie Guiet de la Gravière fait son entrée dans le monde, sous la conduite de sa tante Hortense, une femme splendide très à la mode. Agée de dix-huit ans, issue d'une noblesse désargentée, Julie chavire bien des coeurs.

C'est pourtant Gustave G., un bourgeois un peu terne, qui obtient sa main. Julie se coule avec facilité dans sa nouvelle vie de femme mariée. Oubliées les rêveries de jeun... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Encore un livre qui sans le confinement ne serait peut-être jamais sorti de ma PAL, heureux hasard car je ne regrette pas cette rencontre fortuite avec ces dames de la Loire.

D'abord un petit mot sur l'auteure dont le nom ne parlera qu'aux plus âgés des lecteurs. Ménie Grégoire, journaliste très attachée à la condition féminine, fut surtout une voix sur RTL. Dans son émission radiophonique "Allo Ménie !", elle a répondu pendant 14 ans (1967/1981) aux questions de centaines d'auditeurs, en prêtant une écoute attentive principalement à des femmes qui l'interrogeaient sur les problèmes liés à leur intimité, fait innovant pour l'époque.
Tourangelle, par sa mère, l'auteure situe son roman dans une région qu'elle affectionne, entre Tours et Chinon. Cette histoire est celle, romancée, de sa grand-mère Julie, personnage qui l'avait marquée alors qu'elle était enfant. En cachette de ses proches, cette dernière avait en effet réussi à faire publier 17 romans à succès sous un pseudonyme féminin, ce qui n'était pas encore dans les us de l'époque en cette deuxième moitié du XIXème siècle (cf George Sand).

A 18 ans, issue d'une noblesse ruinée, Julie Guiet de la Gravière est mariée à Gustave G., un bourgeois de Chinon dont elle aura deux filles. Elle connaîtra la passion avec Edouard, un artiste-peintre parisien. Avoir une liaison, écrire et publier des romans, voilà des choses que la bonne société tourangelle n'accorde pas aux femmes. Heureusement, c'est à Paris que Julie vivra sa double vie tout en menant une existence respectable sur les bords de la Loire.

Ménie Grégoire propose avec ce titre à la fois un roman du terroir qui sait mettre en valeur la superbe Touraine et ses spécialités vinicoles et culinaires mais aussi un roman historique car elle nous fait traverser le Second Empire, la guerre de 1870 et la Commune de Paris. Mais il s'agit surtout d'un hommage aux femmes, celles d'un siècle passé où les velléités de liberté féminine n'en sont qu'à leurs premiers balbutiements à Paris et n'ont pas encore gagné la lointaine province. Comme l'auteure le dit elle-même en postface :
"Bref, j'ai tenté de faire revivre une femme du passé parmi des millions, avec leur éducation, leurs interdits et leurs angoisses, leurs révoltes et leurs résignations, leurs ignorances et leurs luttes secrètes, mais aussi avec leurs rêves, leurs désirs, leurs passions, leurs tentations... sans oublier la coquetterie, la mode, la frivolité, la séduction ou les arts d'agrément, seuls plaisirs autorisés."

J'ai beaucoup aimé suivre Julie tout au long de sa vie et voir son évolution pour échapper au carcan de cette bourgeoisie provinciale. J'ai découvert avec elle le milieu intellectuel et artistique parisien, plus ouvert aux libertés féminines. J'ai traversé avec elle l'Histoire de France de cette deuxième partie de siècle. J'ai apprécié l'élégance de l'écriture de l'auteure où transparait son éternel combat pour les femmes à travers le caractère de son personnage principal.
Je viens de découvrir que "Les Dames de la Loire", titre auquel j'accorde un 17/20, est en réalité une trilogie et que l'aventure se poursuit ensuite avec celle de Marie, la fille aînée de Julie dans "La fortune de Marie". Ne l'ayant pas dans ma PAL, j'espère la trouver à la médiathèque, lorsque le confinement fera partie des mauvais souvenirs.
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J'ai lu ce livre d'époque avec plaisir et difficulté. J'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire et à suivre l'héroïne principale ( Julie ) car au départ, son histoire me semblait plutôt insignifiante. J'ai tout de même apprécié quelques passages, ces dialogues d'époque, ces coutumes dévoilées au fil des pages, le fil de cette vie qui change et qui vieillit de chapitre en chapitre. Julie et son amant, si brûlante mais si discrète, si bien élevée, même trop parfois. On voit grandir ses filles, Eugénie et Marie. On s'attache à Gustave, son mari. Je trouve dommage que la fin du récit soit ponctuée d'autant de morts, en effet ils meurent les uns après les autres, mais il est vrai que dans le temps on ne faisait pas de vieux os. J'ai moins aimé les passages politique mais je crois que dans tous les livres j'ai du mal avec ça. J'ai découvert la Touraine et si un jour je la visite, je penserai à Julie.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le papier crissait et le livre apparut, couverture grise fatiguée, hérissé de petites marques en papier. Julie tentait de déchiffrer le titre à l'envers : "Futures épouses" par le chanoine... C'était écrit trop petit, mais peu importait.
- Tu y trouveras tout ce qu'il faut savoir sur ton rôle de mère et d'épouse, dont ma pauvre sœur aurait sûrement souhaité d'informer à la veille d'un si grand jour.
Le geste de tante Marthe pour offrir ce trésor était si solennel que Julie resta sans voix : c'était gros, plusieurs centaines de pages que d'autres jeunes filles avaient coupées, lues, méditées. Julie avait pensé à tout : frivolités, futilités, mondanités et apparence, sauf à l'énigme du mariage, ce dont personne ne parlait. (...)
Obligations, voilà ! Julie tournait la page, puis d'autres, pas d’explications, rien ! Elle feuilletait, de chapitre en chapitre : L'éducation à la chasteté, Le rôle de la mère, Le culte de la pureté, L'organisation de la piété, La méditation des mystères...
Mystères, voilà ! Elle sautait à la page quarante-trois. Non, c'était le mystère de la conception immaculée du Christ dans le sein de Marie. Elle sauta les "écueils intimes" (coquetterie, toilette, romans, bals, théâtre, vie mondaine), toujours rien sur les fameuses "obligations".
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- Mon tableau est sûrement ce que j'ai fait de plus achevé. C'est un cri de l'âme, traité d'un trait novateur où se fondent les lumières incendiaires et celles de la passion. La vérité, c'est qu'on ne veut pas se souvenir de ces "années terribles". Il m'aurait fallu, comme les autres, faire rêver d'un avenir tranquille et mesquin, avec des jeunes filles au piano et d'heureuses mères parmi leurs bambins. Faire semblant en somme, ce que je ne saurai jamais faire.
Julie écoutait, désolée, le tableau était là, dans l'atelier, il était si bouleversant qu’Édouard l'avait tourné vers le mur.
- Ces années terribles, mon amie, sont maintenant pour l'histoire, pas pour nous. Mais nous, les peintres comme les poètes, sommes des témoins, et si les témoins sont musclés, bâillonnés, il n'y a que mensonge et ignorance.
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Marie gardait sa fameuse chevelure blonde qu'il fallait des heures pour brosser chaque soir, mais gourmande, elle mangeait trop et ne cessait de grossir. Autant il était facile d'habiller Eugénie avec des riens et d'en faire une petite merveille, autant Marie désespérait les couturières et leurs charmants tissus. Elle avait un goût déplorable et aurait toujours voulu choisir les pieds-de-poule géants ou les écossais multicolores.
- Mademoiselle Marie, il faut être mince pour ça ! Et si vous voulez être belle, il vous faudra une taille de cinquante-cinq centimètres, comme votre maman.
- Mais moi, je serai célèbre, et pour cela, la taille n'a rien à voir, répondait sèchement Marie qui ne doutait de rien.
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C'est ainsi, et sans l'avoir cherché, que Julie apprit le mariage de Blaise de T., "ce coureur de dot", "ce maudit garçon" disait à l'envi les mères déçues :
- Il paraît qu'il a été refusé par les Barathon, mais d'après Mlle Cloque, il est accepté par les Riot et il épouserait l'aînée.
- Élise Riot ? dit étourdiment Julie, ce n'est pas possible. Je la connais, elle est laide et bien trop grosse. A Marmoutiers, on l'appelait la pomme !
- Il n'y a pas de fille laide chez un gros notaire, ma chère, glissa Hortense dans son oreille avec un clin d’œil, ajoutant vivement.
- Je suis d’ailleurs très au courant, chère mademoiselle, la petite est ravie et éclate de fierté. Elle sera trompée toute sa vie. Elle l'est déjà !
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Octave Pillet se leva péniblement, alourdi par le cognac, et conclut :
- Nous vivons une époque formidable, je vois chaque jour naître quelque nouveauté : chaque semaine la création de quelque nouvelle fabrique, des jeunes hommes courageux qui révolutionnent les engrais agricoles. Notre siècle sera celui du progrès et aujourd'hui, le seul ennemi, c'est l'ignorance !
Tante Marthe qui s'agitait en fouillant son sac de macramé pour trouver un mouchoir et s'éponger, osa enfin quelques mots, de sa voix d'éternelle pensionnaire :
- Attention Octave ! L'instruction ne consiste pas à savoir lire et écrire. Il faut qu'elle s'appuie sur une bonne éducation morale. A notre époque (elle leva les yeux au ciel), mieux vaudrait ne rien savoir que faire de mauvaises lectures !
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Videos de Ménie Grégoire (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ménie Grégoire
Dans son nouveau roman intitulé « L'Heure des femmes » (JC Lattès), Adèle Bréau nous emmène à la rencontre de sa grand-mère, Menie Grégoire. A travers la figure de cette voix révolutionnaire de la radio, elle entremêle des destinées de femmes qui, entre hier et aujourd'hui, se tendent la main.
En savoir plus https://www.hachette.fr/videos/lheure-des-femmes-menie-gregoire-racontee-par-sa-petite-fille-adele-breau
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