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Les dames de la Loire tome 2 sur 3
EAN : 9782259196123
290 pages
Omnibus (14/03/2002)
2.8/5   5 notes
Résumé :
Nous sommes en 1892. Marie, que l'on disait laide, trop ronde, trop indépendante, trop intelligente pour une femme, a pourtant conquis le cœur du beau Victor Graf qui l'a épousée. Et depuis dix ans, elle dirige le magasin qu'ils ont créé : une boutique d'avant-garde, Tout pour la maison. C'est elle qui en tient les rênes et la bourse. Car elle s'est juré de remplir la mission dont son père, le très impressionnant conseiller municipal de Chinon, l'a investie restaure... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je poursuis la trilogie "Les dames de la Loire" commencée pendant le confinement, avec ce deuxième tome "La fortune de Marie". On y suit donc la destinée de Marie, une des filles de Julie, l'héroïne passionnée du premier tome, mais surtout celle de ses enfants.

Après la ruine de son père, Marie s'est investie avec Victor son époux dans la gestion du commerce qu'ils ont créé. Heureux en ménage, ils ont eu deux enfants qu'ils élèvent dans le respect des traditions de cette bourgeoisie provinciale dont elle se sent malgré tout rejetée à cause de son statut de "commerçante". Marie n'a qu'un but, celui de restaurer l'ancienne fortune familiale. Mais en grandissant, son fils René se laisse happer par les nouvelles idées de cette France qui change, et son scepticisme religieux l'éloigne de sa mère. Installé à Paris, il partage même la vie de Wanda, une femme divorcée. Sa soeur Mimi quant à elle, se plie aux obligations de la bonne société tourangelle, quitte à y sacrifier son bonheur personnel.

Toujours dans la même veine, avec pour toile de fond l'évolution de la condition féminine, Ménie Grégoire nous fait découvrir à travers cette famille, l'évolution des idées et l'histoire de la France de la dernière décennie du XIXème siècle jusqu'au début de la Grande Guerre. A cette époque, il est plus facile pour un homme de succomber à ses envies de gloire et d'aventures, malgré les difficultés pour échapper au carcan des traditions et survivre aux déconvenues possibles. le personnage de Wanda, antinomique de celui de Mimi, est intéressant à suivre car en tant que femme divorcée, c'est une pionnière, et les biens-pensants lui font payer les conséquences de son acte.
J'avoue que j'ai été moins enthousiasmée par cette suite. J'ai regretté que l'auteure donne à son roman une orientation plus politique que dans le premier tome. Seul, dans la catégorie des femmes passionnées, le destin de Wanda relève le défi, mais j'ai trouvé que Marie et Mimi n'avaient pas hérité des gênes de leur impétueuse mère et grand-mère Julie. L'ennui, malgré une fort belle écriture, a prédominé et j'accorde un 11/20 à cette lecture.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
On vivait une drôle d'époque. Cette délicieuse société de Touraine, où les relations étaient si courtoises, les rencontres si chaleureuses, était gâchées par les passions politiques. Il fallait faire attention à tout afin de ne blesser personne : on ne savait jamais au premier abord qui était royaliste, orléaniste, rallié ou franchement républicain. Il y avait de tout dans toutes les familles. Depuis plus de dix ans qu'avaient éclaté les luttes religieuses, on pouvait être un étranger pour son frère ou son meilleur ami. On en souffrait, certes, mais on avait fini par s'en accommoder au profit d'une certaine paix confortable. Mais depuis qu'avait éclaté cette "affaire", cet officier juif condamné pour haute trahison, l'"autre" n'était plus seulement un étranger, il pouvait être un ennemi... Ennemi vraiment, comme pendant les guerres, avec des violences, des éclats, des passions redoutables ! Un mot, un geste pouvaient être impardonnables, impardonnés jusqu'au sein des familles.
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- Assieds-toi, René ! Je sais ce que tu vas me dire, et je ne veux pas l'entendre. A moi de parler ! Rien ne peut séparer ce que Dieu a uni. Le divorce n'existe pas aux yeux des chrétiens. La femme avec qui tu veux vivre, et avec qui tu vis sans doute, est la femme d'un autre et elle le sera toujours, quoi qu'en dise la loi. Elle le sera pour Dieu et elle le sera pour moi. Il est inutile que tu plaides, que tu tentes de m'attendrir et, quelle qu'elle soit, elle n'existera jamais pour nous.
René regardait en silence cette petite femme au visage volontaire, aux yeux de myope qui ne le voyaient pas tout à fait, et entre lesquels la vie avait creusé deux rides profondes et sévères. Sa mère, celle qui avait toujours eu le pouvoir, celle qui prononçait le jugement, l'interdit, celle à laquelle il avait sans cesse fallu échapper pour devenir un homme. Celle qui avait tenté toute sa vie de le façonner selon ses convictions aveugles, barricadée par toute son époque : "la religion, affaire des femmes - la maison et les enfants, affaires des femmes." Elle avait été une bonne mère, une étonnante femme d'affaires, une autorité dans le parti religieux. Elle était enfermée à tout jamais dans son rôle, avec toute une vie derrière elle.
C'était inutile de plaider : ni les mots, ni les sentiments, ni les êtres n'auraient droit de cité.
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Victor et Mimi étaient déjà descendus quand maman arriva, très pâle, et posa un livre sur la table : un livre broché, beige, déjà sale et tripoté. Il y eut un silence, puis on entendit dégringoler l'escalier à toute vitesse et René entra. Le regard de sa mère l'arrêta :
- René, hier soir Joseph est allé ouvrir les lits et m'a apporté un livre qu'il a trouvé sous ton matelas.
Elle retourna le livre. C'était le roman de Zola "Nana"... Zola ! "Un pornographe ", disaient les "Études" des Pères jésuites, un homme dont tout l'œuvre était à l'Index et dont on disait qu'il fouillait les dessous de l'humanité et "ne connaissait de l'homme que la bête". Marie se souvenait de la violence des termes : "le grouillement du pourceau, le nez dans la pâture" ! On concluait : "Tirons un voile sur ces turpitudes." Et c'était cela que son fils lisait en cachette !
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C'était Mme Lecoq, conciliante, mais très angoissée du ton que prenait la conversation. En bonne maîtresse de maison, elle lança sur le tapis le congrès féministe qui se tenait à Paris et qui faisait sourire :
- Je ne sais ce que vous en pensez, messieurs, quand ces femmes réclament le droit d'élire et l'accès à toutes les fonctions de l’État qui sont vos biens les plus sacrés, êtes-vous encore à leurs pieds ?
Ce fut un beau tapage. On cita Joseph de Maistre : "Introduite dans la politique, une femme ne serait plus une femme et n'arriverait jamais à être un homme."
- Mais elle rachète ses infériorités par certains avantages !
Les hommes riaient. Ils étaient là à leur affaire et Marie sentait plus vivement que jamais leur secrète arrogance.
- L'écart est fondé sur la nature, il ne saurait être supporté ni par la culture, ni par le temps. Vous êtes, mesdames l'ornement et le bonheur de nos sociétés. De grâce, n'abandonnez pas ce rôle ! C'est par votre séduction que vous régnez.
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Les lumières du mois d'octobre en Touraine font penser au Paradis des peintres italiens de la Renaissance.
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Videos de Ménie Grégoire (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ménie Grégoire
Dans son nouveau roman intitulé « L'Heure des femmes » (JC Lattès), Adèle Bréau nous emmène à la rencontre de sa grand-mère, Menie Grégoire. A travers la figure de cette voix révolutionnaire de la radio, elle entremêle des destinées de femmes qui, entre hier et aujourd'hui, se tendent la main.
En savoir plus https://www.hachette.fr/videos/lheure-des-femmes-menie-gregoire-racontee-par-sa-petite-fille-adele-breau
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