Un moment très agréable mais une trame qui reste un peu floue.
On commence par remercier Nathan Jeunesse et Syros pour ce service de presse, et à les féliciter de chercher l'originalité dans leurs parutions.
J'ai bien aimé ce roman. J'ai passé un bon moment. Et au sortir de ce premier tome (premier pour moi, car il n'y a pas d'ordre pour les lire, on n'est pas non plus obligés de tous les lire car chacun se suffit normalement à lui-même) je vois bien l'intérêt du principe "original" de la saga.
En effet, chaque héros d'un tome nous livre son histoire, et son aventure vers un but commun, rejoindre l'auteur d'un mystérieux message reçu via un jeu vidéo genre MMORPG dont il est l'un des administrateurs, appelant tous les "experts" du jeu à le rejoindre à un rendez-vous précis à Paris, afin de mettre fin au chaos engendré par le virus qui tue tout le monde.
Tout le monde ? Non, pas tout à fait. Visiblement, seuls les adolescents passent au travers du virus. Pas d'adultes ou presque dans cette histoire, et pas non plus d'enfants de moins de 15 ans. Pratique de n'avoir plus que des adolescents pour une histoire écrite pour eux ^^.
Finalement, chacun des 4 personnages se connaît probablement, dans le jeu en tout cas, via un pseudo et un avatar, et leurs rencontres IRL peuvent s'annoncer décevantes ou surprenantes. Ils vont avoir envie de se fier à ce qu'ils pensent connaître de leurs camarades, sans savoir s'ils sont sincères ou si leur personnage dans le jeu était le reflet de leur vraie personnalité. Toujours est-il qu'ils visent tous les 4 le même objectif, rejoindre Kronos à temps pour accomplir leur mission, et ils n'ont aucune idée du degré de sérieux de ce "rendez-vous pour sauver le monde".
Alors j'ai bien aimé oui, mais il y a quand même quelques petites choses qui m'ont perturbée.
D'abord, Kori (Koridwen, l'héroïne de ce tome) passe un peu vite de la gentille fermière qui trait les vaches à Lara Croft. Ok elle a subi une sorte "d'entraînement" en jouant compulsivement à WOT, mais entre faire évoluer un perso virtuel et le devenir, il aurait du y avoir tout un monde. Ben là, dès qu'elle se décide à quitter sa Bretagne natale pour rejoindre l'émetteur du rendez-vous à Paris, elle passe immédiatement en mode warrior de la survie. Ca manque un peu de crédibilité.
Ensuite, l'ensemble me paraît toujours un peu flou, même à la fin du livre. C'est quoi ce virus ? Il sort d'où ? Comment s'est mise en place cette hierarchie militaire, que craignent les survivants au juste ? Peut-on envisager un futur ou nos adolescents risquent-ils toujours de contracter le virus ? Que fait exactement ce virus ? Et pourquoi les survivants se tapent-ils sur la gueule au final ?
Beaucoup de questions qui restent en flottement tout au long de la lecture. On ne comprend pas bien tous les tenants et les aboutissants, tous les enjeux, tous les risques encourus. C'est dommage, je pense que ça aurait rajouté du suspens et un peu d'angoisse bienvenus. La fin du roman apporte pourtant quelques réponses, mais certaines auraient pu être révélées avant, histoire qu'on ne passe pas tout le livre dans un flou un peu brouillon.
Bon, cela dit, j'ai vraiment apprécié ma lecture. Koridwen est une jeune fille attachante, malgré son manque de crédibilité, et l'histoire est prenante. Elle se joue de tous les dangers un peu trop facilement, mais il semblerait qu'une bonne étoile (sa grand-mère, sorcière bretonne) veille sur elle et la tire de tous les mauvais pas. Elle apprend très vite à se méfier des autres, par contre, quand elle décide de faire confiance (sur quels critères ? On ne sait pas trop) c'est à fond. Ainsi, soit les autres sont "de vrais amis" tout de suite, soit ils sont tout de suite "l'ennemi à abattre" (oui oui, la petite fermière donne très vite la mort au fusil, et bien sûr c'est une super gachette tout de suite).
Les pages défilent vite, pris comme on est dans l'histoire, et lorsqu'on rencontre l'un des trois autres personnages qui nous livreront leur histoire dans les autres tomes, il s'installe comme un intérêt accru, une envie de tout décrypter pour en apprendre plus. Quand on a rencontré Jules dans ce tome, le premier des trois à intervenir, j'étais au taquet, à l'affût du moindre indice qui me permette dans savoir plus sur lui, sur eux, sur ce qui va leur arriver. On estime d'emblée qu'il est digne de confiance, et seul l'avenir nous dira si on a raison.
L'écriture de
Yves Grevet est très fluide, même si je n'affectionne guère le présent de narration et la première personne du singulier, il me semble que pour cette saga, c'était le bon choix. Les phrases sont souvent courtes et percutantes, et reflètent bien l'état d'esprit d'un adolescent pris dans la tourmente.
Le livre bénéficie d'un très bon rythme, avec du suspens, et de l'action, on n'a pas le temps de s'ennuyer.
J'espère pourtant que la lecture de Jules, l'autre tome en ma possession, m'en apprendra davantage sur ce virus, ses causes et ses effets, et sur les dégats directs et collatéraux qu'il a engendré, car je reste un petit peu sur ma faim.
Cali
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