réveils matinaux, visions qui mettent en jeu tout le corps, un voyage immobile pour casanière pleutre
son texte le plus aisé à aborder, celui en tout cas où je me promène pour faire éclater mes stupides lassitudes, même quand ce qui s'exprime est une tristesse profonde
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TRAVAILLANT DANS MA CHAMBRE-ATELIER, le cœur palpitant lentement, je pensais, je sentais la vie couler très consciemment, couler malgré tout et je l'aimais cette vie-là, cette chose-là, don, don douloureux du ciel, du désir trouble de mes parents déchirés séparés retrouvés, embryon né à la lumière, né à la joie, à la douleur et parcourant encore toute cette vie-là en tous sens je la sentais passer, traverser là au travers de mon cœur, en travers de mon corps, au travers de mes amis, au travers de mes amantes, au travers de la pluie, de la douleur, des pavés gris mouillés et de la fin du jour, cette nuit, la nuit et le jour sur cette face, la face de mon amante, sur cette face de la terre où le jour se lève — aube et déchirement et lumière - sur sa belle courbe ronde et bleue. Et restant des heures à ma table, je préparais lentement mon départ
Je grimpais la pente de charbons, les cailloux roulaient, je penchais le buste pour que l’effort soit moteur. L’éboulis partait sous mes pas, ripait. Je me grisais avec les vitesses propres, les rythmes de progression. J’arrivais au sommet, je traversais la crête. Je sortais du versant sous le vent, et prenais maintenant les bourrasques en plein nez. Le vent iodé roulait en semi-basse continue, perpendiculaire à la crête. Les crachoirs sous pression, piccolos tarés, pipes de chaudière. Et puis le glouglou de peau d’timballe bouillie, de la mousse, du soufre en fusion, piqué çà et là.