Mon cher Klubxgraf,
Tu dois te demander si je ne suis pas mort. Rassure-toi : il n'en est rien.
En arrivant sur terre, j'ai eu la chance de trouver, presque aussitôt, ce dont j'avais besoin.
Dans la petite ville de Tournay en Bourrique, en Flandre française, un homme agonisait. Il s'appelait Michel Barbeautte, il avait trente-cinq ans, ce qui, pour un terrien, est la force de l'âge, et vivait seul dans une petite maison très retirée, lui appartenant en propre.
J'aurais pu difficilement trouver mieux !
Dès que son coeur s'est arrêté, j'ai pris possession de lui, j'ai nettoyé son organisme des microbes qui l'infestaient, j'ai fait redémarrer sa circulation sanguine et je me suis trouvé être lui, en possession de toutes ses connaissances, de tous ses souvenirs, et en parfaite santé.
Pour tout le monde, ici, Michel Barbezutte vit encore, inexplicablement guéri d'une maladie mortelle...
(extrait du conte introductif "La peau d'un autre" de l'édition de poche parue en 1976)
Pierre Gripari lit "Les derniers jours de l'Eternel" (1990)