L'auteur a mis en exergue une citation de
Gilles Deleuze : " Qu'est-ce qui me frappe chez un animal ? La première chose qui me frappe, je crois, c'est le fait que tout animal a un monde [...] les animaux ont des mondes spécifiques"
L'auteur essaie de nous faire comprendre la diversité et la richesse de ces mondes spécifiques et nous dit que nous humains devrions être plus modestes, car, à la fin du livre, notre perception parait bien plus limitée que nous le pensions.
D'abord les modalités sensorielles sont très diverses : la vision, la sensibilité aux stimulis chimiques (comme la gustation et olfaction) ; la perception des ondes, des vibrations mécaniques (audition et tact), la sensibilité électromagnétique et la proprioception, c'est-à-dire la perception de son propre corps. Les parties du corps par lesquels ces perceptions sont possibles sont très diverses. Les êtres vivants (nous y compris) ne perçoivent qu'une partie de la réalité de l'univers.
Des milliers d'exemples fascinants sont présentés. Ainsi le rostre du narval, n'est pas tant une arme qu'un instrument sensoriel d'analyse de la propriétés des eaux, très utile dans ses migrations ainsi qu'un instrument de détection des hormones sexuelles des femelles.
Cela est vrai pour des animaux y compris les plus modestes : les vers de terre perçoivent la lumière et ont donc une forme de vision : c'est pour cela qu'ils s'enfouissent lorsqu'ils sont déterrés par la bêche du jardinier. Lorsque qu'une mouche piétine une tartine de miel, c'est qu'elle goûte le liquide avec ses pattes avant de poser sa trompe et de l'absorber.
Si les truies sont si habiles pour dénicher des truffes c'est que la truffe contient un stéroïde présent dans les testicules du cochon mâle. Les éléphants peuvent communiquer par infrasons à plus de 10 km et ressentent /entendent dans leurs pattes les vibrations du sol à longue distance.
Si la campagne nous parait si calme, c'est seulement parce que nous sommes incapables d'entendre les fréquences des sons émis par la multitudes d'insectes qui y vivent : une véritable cacophonie! Les poissons émettent également quantité de sons inaudibles pour nous mais qui permettent des interactions sociales. Les oiseaux apprennent à chanter et ont un accent : les chants d'une même espèce sont différents selon les régions du monde.
Enfin, il existe des animaux qui perçoivent les champs électromagnétiques : ce qui favorise les migrations; par exemple le retour des tortues sur leur plage natale (en plus de l'odorat).
D'autres électrocutent leur proie avec une véritable tase.
En conclusion, l'auteur montre que les animaux sont dotés de sentience : c'est à dire de l'aptitude à ressentir de la douleur de manière consciente. Pas seulement nos proches parents les mammifères mais aussi la truite au bout de sa canne à pêche.
Il termine sur la "cognition incarnée" [..] "l'animal "pense" avec tout son corps, en interaction avec l'environnement. Au sein du fleuve de la vie, l'intelligence, la conscience et la perception s'élaborent de concert."
Enfin, le livre est illustré de dessins humoristiques réussis et réellement drôles.