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Baptiste Morizot (Autre)Stéphane Durand (Autre)
EAN : 9782330176433
224 pages
Actes Sud (15/03/2023)
4.05/5   101 notes
Résumé :
Qu'est-ce que l'instinct territorial chez les oiseaux ? Vinciane Despret mène l'enquête et, sous sa plume, oiseaux et ornithologues deviennent intensément vivants et extrêmement attachants.
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Habiter en oiseau est un essai pointu et exigeant de la philosophe Vinciane Despert qui est un plaisir de lecture car elle rends accessible sa théorie du territoire du merle , Avec minutie et subtilité, elle explore l'enchevêtrement des nombreuses théories élaborées par les scientifiques depuis le début du XXe siècle pour tenter d'élucider cette question simple : pourquoi le merle, comme les autres oiseaux, a-t-il besoin d'un territoire où il peut chanter, s'accoupler, parader, se nourrir ou nidifier ?
Cette démonstration est en parallèle une belle histoire des sciences et de la pensée humaine qui montre comment les scientifiques sont aussi empreints de leur temps dans leur théorie...pour retrouver le plaisir de l'instant d'écouter le discours du merle...
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Je m'attendais à des développements philosophiques à partir d'observations de terrain, mais il s'agit d'une confrontation de différentes recherches scientifiques et philosophiques (l'auteure en profite pour régler  quelques comptes d'ailleurs), dont le résultat reste intéressant (on y apprend beaucoup de choses), mais un peu frustrant, comme si on était invité en forêt, et qu'on se retrouvait enfermé dans un musée, dont tous les objets dataient d'avant 1970.
Dans cette meta-étude ornitho-philosophique, sont abordés autant de sujets sur les biais de recherche liés aux préjugés des ornithologues que de résultats étonnants tirés de recoupements d'observations depuis plus d'un siecle.
Le parti pris de considérer les oiseaux dans toutes leurs nuances, leur sociabilité, touche à la sociologie, voir à la psychologie, et c'est bien là l'intérêt de ce livre.
Le style est simple et évite tout jargon, mais on ressort de la lecture de ce livre en se demandant ce qu'il faut penser des comportements des oiseaux : énormément de questions restent sans réponses, alors que certaines études plus récentes ont fait avancer le sujet.
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Et si l'on écoutait les oiseaux (avant qu'ils disparaissent), et si on les observait (plutôt que de les tuer), si on essayait de les comprendre (au lieu de plaquer notre anthropomorphisme sur leurs comportements). C'est à cette réflexion que nous invite Vinciane Despret. La philosophe compare les études des éthologues en ouvrant des perspectives plus actuelles.
Elle pose des questions qu'elle répète avec beaucoup de nuances, tel un oiseau jouant son chant.
A la lecture de cet essai brillant, nous sommes invités à écoute les oiseaux vivre dans « un territoire chanté ».

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DÉCONSTRUIRE NOS PERCEPTIONS
Voilà un de ces livres qui changent durablement la perception qu'a le lecteur du monde qui l'entoure. Par une écriture tirée au cordeau, une réflexion où la sensibilité se déploie avec une exigence rare, Vinciane Despret réussit l'étonnant tour de force de bouleverser énormément d'idées reçues sur l'altérité du monde sauvage avec une fluidité inattendue, mêlant la magie de l'étonnement à la rigueur scientifique.
Sous couvert d'étudier les habitudes étranges des oiseaux, l'auteure questionne en réalité les nombreux concepts humains qui ont jalonné les découvertes scientifiques jusqu'à aujourd'hui, nous invitant à ne pas rester enfermés dans nos théories préconçues, mais plutôt à ouvrir les fenêtres pour laisser entrer le chant des oiseaux et leurs mystères.
La question centrale du livre est celle du territoire, apparemment anodine : les oiseaux défendent un territoire, mais quel est ce territoire qui ne figure sur aucune carte ? Qu'est-ce qu'un territoire, en fin de compte ? Pourquoi le font-ils ? Comment comprendre les mobiles d'animaux si différents de nous autres, humains curieux ?
En comparant un nombre impressionnant de recherches, d'études, de théories et de découvertes, Vinciane Despret nous invite à transformer la cacophonie des errances théoriques en un concert où chaque découverte trouve sa place pour répondre, nuancer et affiner nos perceptions sur le monde sauvage.
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J'espère pour vous qu'il vous arrive d'entendre -et d'écouter- les oiseaux. Cela fait longtemps qu'ornithologues amateurs ou professionnels se posent la question : 'mais pourquoi chantent-ils?' et cherchent à y répondre.
Vinciane Despret, s'intéresse donc à l'histoire des fonctions possibles des territoires, pas en suivant une chronologie, dit-elle, mais 'comme une histoire d'idées, d'intuitions, d'ouvertures, car les territoires et les oiseaux font penser, et c'est cela qui m'intéresse.' Controverses, idées abandonnées qui reviennent, peu importe, elle ne va pas forcément trancher. Les ornithologues font beaucoup paraître de leur société et de leurs personnalités.
Alors, compétitions? Bagarres? Recherche d'une femelle? Besoin de nourriture? Ou besoin de voisinage? Que penser des recherches en laboratoire? A une époque on pouvait tuer les oiseaux pour 'évaluer ce qui se passerait si l'oiseau n'était pas là'.
Tout cela se termine par une magnifique description des chants d'oiseaux parfois différents et leurs choeurs interspécifiques (étudiés bien sûr par des bio-acousticiens).
Ensuite, à chacun d'écouter, après tout.

L'auteur, philosophe et psychologue, enseigne à l'université de Liège. On se dit 'houla ça va être imbuvable, illisible et plein de mots compliqués'. Hé bien non. Même si elle convoque Serres et Deleuze en passant, le tout demeure d'une extrême fluidité et d'une vivacité réjouissantes. Elle n'hésite pas à laisser transparaître ses opinions, discute, s'interroge, et donne une furieuse envie d'aller écouter les oiseaux...
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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critiques presse (4)
Telerama
17 avril 2023
Drôle d’idée qui, plutôt que de prolonger notre vieux fantasme de pouvoir voler, invite donc à puiser dans l’écoute et l’observation des oiseaux des ressources pratiques pour nourrir des formes de vie humaine plus libres et intelligentes.
Lire la critique sur le site : Telerama
Actualitte
21 janvier 2020
Une vision multipliant résolument les interprétations des comportements pour que, comme le synthétise Baptiste Morizot en postface au livre, celles-ci « s’accumulent et se composent au lieu de s’annuler ». Jusqu’à explorer une socialisation inter-espèces sur un même territoire.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Telerama
23 décembre 2019
Depuis vingt ans, la philosophe belge interroge l’éthologie animale dans des livres où les animaux lui servent de matière à penser. Dans son dernier essai, elle nous invite à puiser dans l’écoute et l’observation des oiseaux des ressources pratiques pour nourrir des formes de vie humaine plus libres et intelligentes.
Lire la critique sur le site : Telerama
Bibliobs
09 décembre 2019
Attention : ce livre est un petit miracle. Un de ces bijoux que la philosophie offre de temps en temps, lorsqu’elle parvient – équilibre périlleux ! – à marier la précision de la pensée et la malice du regard. Un livre qui émerveille tout en nous faisant voir le monde autrement. Un récit qui mélange sans les confondre les faits scientifiques et les interrogations subjectives.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
S’il y a des territoires qui tiennent à être chantés ou, plus précisément, qui ne tiennent qu’à être chantés, s’il y a des territoires qui tiennent à être marqués de la puissance des simulacres de présence, des territoires qui deviennent corps et des corps qui s’étendent en lieux de vie, s’il y a des lieux de vie qui deviennent chants ou des chants qui créent une place, s’il y a des puissances du son et des puissances d’odeurs, il y a sans nul doute quantité d’autres modes d’être de l’habiter qui multiplient les mondes. Quels verbes pourrions-nous découvrir qui évoquent ces puissances ? Y aurait-il des territoires dansés (puissance de la danse à accorder) ? Des territoires aimés (qui ne tiennent qu’à être aimés ? Puissance de l’amour), des territoires disputés (qui ne tiennent qu’à être disputés ?), partagés, conquis, marqués, connus, reconnus, appropriés, familiers ? Combien de verbes et quels verbes peuvent faire territoire ? Et quelles sont les pratiques qui vont permettre à ces verbes de proliférer ? Je suis convaincue, avec Haraway et bien d’autres, que multiplier les mondes peut rendre le nôtre plus habitable. […]

Je dis habiter, je devrais dire cohabiter, car il n’y a aucune manière d’habiter qui ne soit d’abord et avant tout “cohabiter”.
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Il s’est d’abord agi d’un merle. La fenêtre de ma chambre était restée ouverte pour la première fois depuis des mois, comme un signe de victoire sur l’hiver. Son chant m’a réveillée à l’aube. Il chantait de tout son cœur, de toutes ses forces, de tout son talent de merle. Un autre lui a répondu un peu plus loin, sans doute d’une cheminée des environs. Je n’ai pu me rendormir. Ce merle chantait, dirait le philosophe Étienne Souriau, avec l’enthousiasme de son corps, comme peuvent le faire les animaux totalement pris par le jeu et par les simulations du faire semblant2. Mais ce n’est pas cet enthousiasme qui m’a tenue éveillée, ni ce qu’un biologiste grognon aurait pu appeler une bruyante réussite de l’évolution. C’est l’attention soutenue de ce merle à faire varier chaque série de notes. J’ai été capturée, dès le second ou le troisième appel, par ce qui devint un roman audiophonique dont j’appelais chaque épisode mélodique avec un “et encore ?” muet. Chaque séquence différait de la précédente, chacune s’inventait sous la forme d’un contrepoint inédit.
Ma fenêtre est restée, à partir de ce jour, chaque nuit ouverte. À chacune des insomnies qui ont suivi ce premier matin, j’ai renoué avec la même joie, la même surprise, la même attente qui m’empêchait de retrouver (ou même de souhaiter retrouver) le sommeil. L’oiseau chantait. Mais jamais chant, en même temps, ne m’a semblé si proche de la parole.
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... ne pas oublier que ces chants sont en train de disparaître, mais qu’ils disparaîtront d’autant plus si on n’y prête pas attention. Et que disparaîtront avec eux de multiples manières d’habiter la terre, des inventions de vie, des compositions, des partitions mélodiques, des appropriations délicates, des manières d’être et des importances. Tout ce qui fait des territoires et tout ce que font des territoires animés, rythmés, vécus, aimés. Habités. Vivre notre époque en la nommant « Phonocène », c’est apprendre à prêter attention au silence qu’un chant de merle peut faire exister, c’est vivre dans des territoires chantés, mais c’est également ne pas oublier que le silence pourrait s’imposer. Et que ce que nous risquons bien de perdre également, faute d’attention, ce sera le courage chanté des oiseaux.
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La biologie et l’éthologie du XXIe siècle atteignent désormais un degré de précision suffisant pour distinguer les individus et les envisager avec leurs personnalités et leurs histoires de vie singulières. C’est une approche biographique du vivant. En allant à la rencontre des animaux sur leurs territoires, ces auteurs partent en “mission diplomatique” au cœur du monde sauvage.
Ils deviennent, au fil de leurs expériences et de leurs aventures, les meilleurs interprètes de tous ces peuples qui n’ont pas la parole mais avec lesquels nous faisons monde commun. Parce que nous partageons avec eux les mêmes territoires et la même histoire, parce que notre survie en tant qu’espèce dépend de la leur, la question de la cohabitation et du vivre-ensemble devient centrale.
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La formidable exubérance des oiseaux, leur inventivité, leur remarquable capacité à faire sentir l’importance du territoire et la beauté mise au service de cette importance.
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Videos de Vinciane Despret (63) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vinciane Despret
Carte Blanche à Sciences Humaines
Intervenants: Vinciane DESPRET, philosophe, professeure à l'université de Liège, Jean-Marie LACLAVETINE, éditeur et écrivain, Héloïse LHÉRÉTÉ, directrice générale du magazine Sciences Humaines, Adèle VAN REETH, directrice de France Inter Les morts hantent les vivants. Ils leur parlent, les inspirent, s'installent en douceur dans leur vie intérieure et travaillent leur existence. Les trois auteurs que nous proposons de rassembler ont enquêté, chacun à leur manière, sur "la vie des morts". A mille lieues des théories du deuil, qui enjoignent à l'oubli et à la reconstruction, Jean-Marie Laclavetine (écrivain et éditeur), Adèle van Reth (journaliste, philosophe et écrivaine) et Vinciane Déprêt (anthropologue) racontent cette conversation secrète et quotidienne que beaucoup d'entre nous entretenons avec nos chers disparus. Ces hommes, femmes, enfants que nous avons aimés ne laissent pas seulement un manque. Ils sont aussi une présence, réelle, à la fois triste et réconfortante. Ils imprègnent en profondeur les vivants et guident leurs pas.
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