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EAN : 9782897237479
109 pages
Éditions Hurtubise (07/04/2016)
3.06/5   9 notes
Résumé :
Imaginez un instant un univers où les rôles sont inversés. L'intégralité de la population est née avec un trouble du spectre de l'autisme. La société est parfaitement organisée, conçue en fonction des besoins de ses individus. Ensuite, il y a vous, tout petit vous, qui venez au monde. Vous êtes, dans notre monde à nous, parfaitement normal. Par contre, dans cette histoire, vous êtes handicapé. Un cas lourd, difficile à encadrer. C'est le monde à l'envers. C'est la r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il est assez rare que je le dise aussi catégoriquement, mais aujourd'hui mon constat est sans appel : je n'ai pas aimé ce livre. Et j'en suis la première étonnée et déçue ... C'est le grand problème lorsque l'on place de grands espoirs dans un ouvrage suite à la lecture du résumé : la chute est bien plus brutale que lorsque l'on commence un roman sans attentes particulières. C'est peut-être étrange, mais lorsque j'ai tourné la dernière page de ce petit récit jeunesse, j'ai eu le sentiment d'être trahie. Trahie par ce résumé riche en promesses, trahie par ce livre qui ne les tient pas. Et aussi étonnant que cela puisse paraitre, j'étais presque ravie de voir approcher la fin de cette histoire qui ne m'a ni convaincue, ni même intéressée …

Guillaume n'avait que quelques mois lorsque ses parents ont compris qu'il était différent des autres enfants. Et plus le temps passait, plus les choses empiraient : Guillaume riait trop, babillait trop, s'agitait trop. A l'âge de trois ans, le diagnostic tombe : Guillaume est atteint de divers troubles neurologiques et ne sera jamais un petit garçon comme les autres. Il est condamné à vivre dans un monde qui n'est pas adapté à sa particularité. Guillaume vit dans un monde où tout est inversé par rapport au notre : la normalité, c'est d'être autiste, le handicap, c'est de ne pas l'être. Guillaume ne supporte plus cette différence, cette solitude. Il ne comprend personne, et personne ne le comprend … A part peut-être la nouvelle élève, Grace, qui semble souffrir de la même maladie que lui …

Ce qui m'a immédiatement attiré dans ce résumé, c'est précisément l'idée de cette inversion. J'y voyais un excellent prétexte pour présenter les particularités de l'autisme d'une façon innovante. le lecteur, tout d'abord, allait s'identifier à Guillaume, qui est vraisemblablement « comme eux » (à part si le lecteur est lui-même autiste, mais selon la quatrième de couverture, ce roman est plutôt conçu comme un ouvrage de sensibilisation, donc destiné à des personnes neurotypiques), pour ensuite mieux saisir les différences qui existent entre Guillaume - et par conséquent, lui-même - et les autres - c'est-à-dire les individus autistes. de même, puisque le monde dans lequel vit Guillaume est adapté à la majorité des individus qui composent la société, le lecteur allait pouvoir comprendre ce dont une personne autiste a besoin pour vivre son quotidien sereinement et efficacement. Bref, cela me semblait être une excellente manière de faire connaitre l'autisme !

Malheureusement, déjà à ce niveau, il y a un énorme problème. Loin de présenter l'autisme dans son intégralité et surtout sa diversité, ce livre réduit l'autisme à une seule de ses formes : l'autisme de haut-niveau. Or, tous les autistes ne sont pas capables de « calculer la taxe exacte sur un produit en fonction de son prix », ou de « réciter par coeur les événements importants de l'Humanité » comme ce livre veut le faire croire ! Il existe également des formes d'autisme avec déficience intellectuelle, et d'autres avec des capacités intellectuelles tout à fait « ordinaires ». Et même chez les autistes « de haut niveau », cela ne se manifeste pas toujours de façon aussi impressionnante. Ce roman est donc un double-mensonge sur l'autisme, bourré de stéréotypes et de caricatures … Non seulement il n'apprend rien, mais en plus il véhicule des idées fausses déjà suffisamment répandues comme cela pour ne pas être en plus « approuvées » par un livre censé être écrit par une spécialiste de l'autisme !

De plus, loin d'être « une touchante réflexion sur l'autisme et notre façon de traiter ceux qui en sont atteints » comme le promet la quatrième de couverture, ce livre présente le défaut majeur de faire passer les autistes … pour des monstres. A en croire ce livre, les autistes (de haut-niveau, n'est-ce pas, les autres n'existant pas …) seraient tellement obnubilés par leur quête effrénée de connaissance dans leur domaine de prédilection qu'ils n'hésiteraient pas à torturer père, mère et enfants pour parvenir à leur fin. Difficile de faire accepter les personnes autistes par la société avec de tels arguments ! Si l'objectif de l'auteur était de dénoncer les abus de la recherche scientifique dans le domaine médical, il aurait fallu se contenter de dénoncer les abus de la recherche médicale … et ne pas mettre l'accent sur le fait que « les médecins sont autistes et donc complétement obsédés par leur intérêt spécifique qu'ils en deviennent cruels ». Je sais très bien que cela n'était pas l'intention de l'auteur, mais c'est malheureusement de cette manière que le jeune lecteur (c'est un livre jeunesse !) risque fort de percevoir le message …

A tout cela s'ajoutent encore deux autres éléments assez rédhibitoires pour moi. le premier, ce sont les incohérences. Je n'en citerai qu'une seule : puisque ses parents et professeurs, autistes, ne connaissent et ne comprennent pas le second degré, comme le petit Guillaume de trois ans a-t-il pu apprendre la formulation « être mort de froid » pour signifier qu'il avait très froid ? Cela lui est tombé dessus par l'action du Saint Esprit ? le second degré n'est pas inné chez un enfant, même « normal », du coup je ne vois pas comment Guillaume peut connaitre quelque chose que personne n'a pu lui apprendre et lui nommer … le second point qui me dérange, c'est que l'on s'éloigne trop rapidement du sujet - un jeune garçon « normal » perdu dans une société « autiste » - pour dériver sur une amourette d'adolescents terriblement banale et insipide, avec un peu de mélodramatique à la fin (« Tu m'as trahis ! J'avais confiance en toi ! Vilaine autiste ! ») pour bien faire … le livre est trop court pour se perdre dans ce genre de choses !

En bref, vous l'aurez compris, s'il y a bien un livre sur l'autisme que je vous conseille de ne jamais lire ou faire lire, c'est bien celui-ci. Si l'idée de départ était vraiment bonne et prometteuse, puisqu'elle aurait pu permettre au jeune lecteur de mieux connaitre et comprendre l'autisme, le roman ne présente finalement aucun intérêt. Je n'ai aucun doute quant au fait que la jeune auteure cherchait véritablement à transmettre un message de tolérance et de bienveillance sur l'autisme, mais elle n'a malheureusement pas atteint son objectif, bien au contraire ! Elle aurait probablement du garder l'idée au chaud et écrire ce roman après ses études en neuropsychologie et non pas avant, puisqu'elle admet elle-même avoir écrit ce récit « sur la base de l'observation pure », ce qui n'est sans aucun doute pas suffisant pour ne pas tomber dans l'erreur totale …
Lien : https://lesmotsetaientlivres..
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Ce livre a été écrit par une adolescente qui a merveilleusement réussi à dépeindre les personnes autistes. Oui, les situations sont exagérées mais en même temps, elles sont réalistes! J'ai ri plusieurs fois en lisant ce livre.

Un petit bijou à dévorer. L'histoire est intéressante tant pour les jeunes que les adultes; tant pour ceux qui côtoient une personne autiste et ceux qui ne connaissent personne atteint du trouble du spectre de l'autisme.
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En lisant ce roman, on sent très bien l'intention derrière l'écriture (et c'est un peu fatigant): Victoria Grondin avait comme objectif d'en faire apprendre plus sur le sujet de l'autisme. Elle met ainsi en scène, dans Dépourvu, une société où toute la population souffre d'un trouble du spectre de l'autisme (TSA), à l'exception du personnage principal, Guillaume, qui est « normal » et qui doit apprendre à s'intégrer dans un monde qui n'a pas été pensé pour lui. Les rôles sont donc ici inversés par rapport à notre réalité. L'auteur a voulu montrer en quoi un monde d'autistes pouvait être fonctionnel et que c'est alors la "normalité" qui détonerait et serait considérée comme non-souhaitable. le problème, c'est que le récit n'est pas tout à fait convaincant. En plus, ça semble extrêmement moralisateur pour le lecteur. Toutefois, c'est une bonne manière d'expliquer un peu à quoi ressemble la manière de voir les choses des personnes TSA.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La théorie de l’esprit

Lorsque ma montre se met à sonner, à 7 heures du matin, je sors de mon lit péniblement. Je déambule à moitié endormi jusqu’au tableau, à l’entrée de ma chambre, où je regarde les pictogrammes indiquant mon programme de la journée. Je le fais plus par habitude que par réel besoin, connaissant le déroulement des événements par cœur. Ce vendredi va être comme tous les autres. Sans surprise.

En faisant attention à ne pas faire de bruit pour ne pas angoisser William, je m’habille avec mes vêtements du vendredi. Sept ensembles de vêtements pour les sept jours de la semaine, c’est assez constant. Ça évite de se casser la tête. Si un de nos ensembles ne va plus, on a une semaine pour le remplacer, ce qui est amplement suffisant. Lorsque j’avais neuf ans, un garçon du nom de Duncan avait déchiré sa tenue du mardi et s’en était rendu compte le mbles ne va plus, on a une semaine pour le remplacer, ce qui est amplement suffisant. Lorsque j’avais neuf ans, un garçon du nom de Duncan avait déchiré sa tenue du mardi et s’en était rendu compte le matin même. Il avait dû aller à l’école avec celle du mercredi. Toute sa classe était perplexe, plusieurs élèves ne sachant plus si nous étions mardi ou mercredi. Un véritable capharnaüm.

Une fois habillé, je me dirige vers la salle de bain, suivant à la lettre mes pictogrammes. Il est 7 h 10, l’heure de passer trois coups de brosse vers l’arrière dans ma tignasse récalcitrante. Ensuite, je me lave les dents pendant 120 secondes et je descends pour déjeuner. À mon entrée dans la cuisine, ma mère observe monpoignet brièvement, puis retourne à son journal, sans émettre de commentaire.

— Je vais aller mettre mes bracelets avant de partir prendre l’autobus de 7 h 41. S’ils n’ont pas d’utilité, je ne les porte pas, grogné-je.

Elle dépose son quotidien, analyse en silence ce que je viens de dire, puis rétorque:

— Tu dois les garder en tout temps. Ce n’est pas parce que tu es

Elle dépose son quotidien, analyse en silence ce que je viens de dire, puis rétorque:

— Tu dois les garder en tout temps. Ce n’est pas parce que tu es 5V qu’ils ne servent pas.

Ils servent uniquement à me le rappeler…

Tout le monde porte au bras gauche cinq bracelets en acier inoxydable, un pour chaque sens. Ce sont des codes qui définissent les spécificités de chaque individu. Par exemple, ma mère ne peut pas tolérer le bruit du tonnerre. Son bracelet de l’Ouïe est donc rouge. Par contre, sa vision est parfaite, alors son bracelet de la Vue est vert. Si elle fait une crise en plein milieu d’un centre commercial, les gens n’auront qu’à regarder ses bracelets pour comprendre que le son est trop fort et qu’il la dérange.

La dernière fois que c’est arrivé, des inconnus ont pu lui prêter un casque pour couvrir le bruit de la pluie torrentielle, jusqu’à ce qu’elle se calme complètement. Sans les bracelets, il serait plus difficile d’identifier le problème et sa solution lorsque quelqu’un est en état de crise.

En général, tout le monde possède entre un et cinq bracelets difficile d’identifier le problème et sa solution lorsque quelqu’un est en état de crise.

En général, tout le monde possède entre un et cinq bracelets rouges. On nous les remet le jour suivant le Test, après quelques examens médicaux. En général.

Moi, j’ai cinq bracelets verts. C’est le seul signe physique qui montre que je suis handicapé. Je déteste les porter. Lorsque les gens les voient, je sais déjà qu’ils vont détourner le regard, trop perturbés par cette irrégularité pour vouloir se tenir près de moi. Je n’ai pas de particularité sensorielle; ce n’est pas un défaut, c’est le premier signe que je suis différent. En tête d’une trop longue liste.
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Quand j’avais sept ans, Kessy avait mené une expérience avec mon frère William, mon père et moi, dans le but de m’expliquer un peu plus clairement ma différence. Elle les avait fait sortir de son bureau et m’avait demandé de m’asseoir sur le tapis. Une fois que je m’étais exécuté, elle m’avait montré une boîte de Smarties. À l’intérieur, il y avait une chose étrange.

— Qu’est-ce qu’il y a à l’intérieur de la boîte? m’avait-elle m’étais exécuté, elle m’avait montré une boîte de Smarties. À l’intérieur, il y avait une chose étrange.

— Qu’est-ce qu’il y a à l’intérieur de la boîte? m’avait-elle demandé en l’ouvrant, pour que je vérifie.

J’avais dû plisser les yeux pour bien voir.

— Des cailloux, avais-je constaté, déçu que ce ne soient pas des Smarties.

— Selon toi, la boîte semble-t-elle contenir des cailloux ou des bonbons?

— Des cailloux.

— Qu’est-ce qui se cache vraiment dans la boîte, des cailloux ou des bonbons?

— Des cailloux!

J’avais été un peu agacé. Cet interrogatoire frisait le ridicule. Je voulais juste le chocolat, moi!

— Quand je t’ai montré la boîte pour la première fois, avant de regarder à l’intérieur, qu’est-ce que tu croyais qu’il y avait dedans? Des cailloux ou des bonbons?

— Des Smarties, avais-je répliqué.Kessy avait refermé l’emballage.

— On n’a pas montré à ton papa ce qui se cache dans la boîte. Si on la lui présente fermée comme ça, que va-t-il penser qui se cache à l’intérieur, selon toi? Des cailloux ou des bonbons?

J’avais tourné les yeux vers la porte.

— Des Smarties.

— Parfait, avait-elle conclu en souriant. Maintenant, je veux que tu te caches sous mon bureau et que tu écoutes ce que ton frère William va répondre.

Soudain, je m’étais montré très curieux. Je m’étais précipité sous le meuble en bois verni et avais replié mes jambes contre mon torse.

Elle avait fait entrer mon frère dans la pièce et avait recommencé l’interrogatoire, sans changer la moindre question. William bégayait un peu, mais répondait la même chose que moi. J’avais entendu Kessy refermer l’emballage, manifestement satisfaite.

— On n’a pas montré à ton papa ce qui se cache dans la boîte.
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Est-ce que la sélection naturelle est positive ? Ca dépend. Regardez par la fenêtre. Vous en voyez les résultats. Toute la société est excessivement performante, les services sont sans faute, tout fonctionne comme sur des roulettes. Avec le Test, on a propulsé la sélection naturelle à un tout autre niveau. On pousse ceux qui ont des talents vers la réussite, on encourage le phénomène à prendre de l’expansion. On donne tout pour aider ceux qui sont au-dessus des autres, mais que fait-on du reste ? Avez-vous un jour songé à celui qui ne survivra pas à la sélection naturelle ? Cet être sans défauts particuliers, mais qui n’a pas l’air assez important pour être protégé ? Dans notre monde, il est préprogrammé pour s’autodétruire à la naissance. Bien sûr, on va le garder, par moralité. Mais à quoi ça sert ? On le relègue dans un coin en lui laissant tout juste ce qu’il faut pour survivre. Mais est-ce qu’il en a envie ? Il voit que chaque personne autour de lui obtient exactement ce qu’elle veut, mais lui, il ne peut pas. Il n’a pas de défauts, mais il n’a pas de qualités remarquables. Et la société n’a jamais envisagé que des gens comme lui existeraient peut-être. Avec des sentiments. Une dignité. Un orgueil. Personne n’avait prévu son arrivée. Alors, il reste là ? Né pour mourir sans se reproduire. Né pour mourir sans être aimé. C’est bête comme ça.
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Une fois mon déjeuner terminé, je lave méticuleusement toute la vaisselle dans l'évier. Je remonte ensuite dans ma chambre chercher mon sac pour y glisser ma tablette électronique, le plus précieux outil qui soit, selon certains.
Depuis trois ans, le gouvernement accorde une subvention à chaque citoyen pour qu'il en possède une. La tablette est dotée d'une application essentielle, le ''guide des problèmes et solutions'' ou ''GPS''. Lorsqu'on ouvre cette application, des milliers de problèmes allant de ''j'ai perdu mon sac dans le métro'' à ''mon chat est devenu kamikaze et il fonce à toute vitesse vers le parlement'' s'affichent. Il suffit d'en sélectionner un, d'appuyer sur le bouton ''entrée'', et le protocole approprié apparait à l'écran.
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Une fois mon déjeuner terminé, je lave méticuleusement toute la vaisselle dans l’évier. Je remonte ensuite dans ma chambre chercher mon sac pour y glisser ma tablette électronique, le plus précieux outil qui soit, selon certains.

Depuis trois ans, le gouvernement accorde une subvention à chaque citoyen pour qu’il en possède une. La tablette est dotée d’une application essentielle, «Le guide des problèmes et solutions», ou «GPS».
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