Le vestibule de l'impossible

Une conférence à ciel ouvert.
Un essai érudit, éclairant.
Une lecture apprenante.
« Le vestibule de l'impossible » de Natália Guerellus est une déambulation dans une richesse infinie.
le Portugal en lumière dans un XXe siècle avec la rencontre fabuleuse d'une grande poétesse Natália Correia.
Il faut dire que cette figure engagée, à la forte personnalité était d'une aura impressionnante. Au libre-arbitre affirmé, « Natalia Correira provoque ainsi des réflexions sur la vie, la politique, le féminin, le corps, les mythes, la mystique, le monde au-delà du présent ».
Dans un Portugal en mutation, cadenassé de par le Salazarisme jusqu'à la Révolution des oeillets, Natalia Correia se fraie un passage et pousse du pied les diktats de la censure « amoureuse de la vie » mariée plusieurs fois, le front haut, la gestuelle opérative et la plume qui s'abandonne et exalte le crucial d'une vie de rectitude, de franchise et de liberté. Elle est exemplaire et appliquée, digne et volontaire. C'est un emblème de résistance. Elle déploie sa volupté, sa formidable intuition de réenchantement du monde. Il y a en elle : George Sand, Virginia Woolf, Victor Hugo, Olympe de Gouge. Elle est l'écriture des Lumières, la parole citoyenne contre vents et marées.
« Le vestibule de l'impossible » matrice où tout prend vie subrepticement, en silence. Utopies et lassitudes, le socle ne vacille pas. L'impossible est toujours une quête pour elle. le vestibule, chambre où tout se joue et oeuvre dans l'esprit des engagements intérieurs.
Cet essai majeur, tiré au cordeau, magnifique de précision, de haute intelligence est un outil pour tous les étudiants, les assoiffés des savoirs, les amoureux du Portugal, des Açores, de son Histoire, son idiosyncrasie et ses illustres.
Que dire des siamoises l'auteure et la poétesse, lianes de ce documentaire de renom.
Lisez attentivement la préface, les notes en bas de page les annexes et la bibliographie. Ici, c'est la Babel des richesses suprêmes.
Publié par les majeures Éditions le Poisson Volant.

Ce livre n'était pas prévu. Comme la plupart des bonnes surprises que nous réserve la vie. Il est arrivé à pas de loup et m'a fait un effet du tonnerre. Je ne crois pas être féministe. Non. Pourtant, il y a une sorte de rage qui sourdait en moi et qui a trouvé un écho libérateur entre les lignes de Natália. Deux Nátalia. Deux femmes. Deux plumes magnifiques. Parce qu'il ne suffit pas d'avoir un bon sujet. Encore faut-il savoir comment lui rendre justice. C'est ce que Natália fait ici avec brio. Ce personnage trop inconnu de la littérature, de la poésie, de la censure, et de la politique portugaise retrouve enfin la lumière. Avec sa plume acérée mais toujours juste, quoique parfois si dense qu'il faut faire un effort (et ça vaut le coup !), Natália nous parle de ses combats de femme, pour les femmes, et défie haut et fort la censure de Salazar et de quelques-uns de ses collègues (masculins) journalistes. Mais surtout, elle nous parle d'une île, son île, qu'elle semble ne pas avoir quittée. Pourtant, c'est bel et bien de Lisbonne qu'elle écrit sur les brumes, les plages, le sel, et les tempêtes qui habitent son âme. Je ne sais pas. Peut-être que je me fais des idées mais je trouve que cette histoire d'île tombe à point nommé, comme une métaphore de sa vie, d'elle-même. Seule sur son îlot, dans un océan conservateur, elle cherche son phare dans le brouillard et crie contre vents et marées tout ce qu'elle a sur le coeur. Mariée trois fois, on ne peut pas vraiment dire qu'elle avait envie de se fixer dans un autre port que le sien. Non. Il fallait continuer à écrire, encore et toujours, seul moment d'accalmie dans sa tourmente. Qu'elle est belle, sa plume qui ne plie jamais. Bien sûr, bien sûr que les censeurs bien-pensants s'en sont pris à elle. Mais n'est-ce pas là le plus beau des compliments ?