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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une silhouette toute noire marche au milieu d'une rue animée de Buenos-Aires. Une pléthore de panneaux publicitaires et d'enseignes commerciales n'empêchent pas de distinguer l'annonce d'un concert de Carlos Gardel et une photo géante d'Eva Perón. Qui est cet homme seul au milieu de la foule ?
Olivier Guez l'avait déjà bien raconté dans son excellent roman (Prix Renaudot 2017), La Disparition de Josef Mengele mais me plonger à nouveau dans cette terrible et folle histoire grâce à la bande dessinée et à Vincent, m'a permis de rafraîchir ma mémoire. le plus important n'est-il pas de ne jamais oublier ?
Olivier Guez a été associé à Matz pour le scénario et Jörg Mailliet a réussi une mise en images tour à tour belle, inquiétante, impressionnante, flippante, angoissante et réaliste.
Si l'essentiel de la cavale du médecin fou d'Auschwitz se passe en Amérique du Sud, d'Argentine au Brésil en passant par le Paraguay, il est indispensable de revenir à Auschwitz, ce camp d'extermination où les nazis ne se contentaient pas d'assassiner plus d'un million d'enfants, de femmes et d'hommes. Au même endroit, un médecin, Josef Mengele, assisté par d'autres personnels… soignants, se livrait à des expériences d'une horreur absolue, sur des jumeaux, par exemple.
Or, cet homme, fils d'une riche famille d'industriels, bénéficiant de complicités et du réseau bien vivace des nazis installés surtout en Argentine, a réussi à échapper à toutes les recherches. Même le Mossad, services secrets israéliens, après la capture d'Adolf Eichmann, n'a plus fait de celle de Mengele, sa priorité.
La BD montre tout cela et fait bien prendre conscience de ce que fut la vie de ce monstre toujours aussi convaincu, jusqu'à sa mort, du bien fondé de ses agissements, de ses crimes contre l'Humanité. Raciste, xénophobe, il démontre à plusieurs reprises le fond de sa pensée.
J'ai trouvé la relation avec Rolf, son fils, pleine de justesse et foncièrement éloquente. Ne refusant pas d'aller rencontrer son père au Brésil après avoir correspondu avec lui, il est profondément scandalisé par cet homme qui n'éprouve pas le moindre remords, et rompt totalement avec lui.
Si Olivier Guez compare Mengele à un scorpion et ses amis à des mygales, des crotales ou à des cobras, Jörg Mailliet, avec ses dessins, et Sandra Desmazières, pour la couleur, ont bien réussi à montrer cette angoisse, cette peur permanente d'être démasqué avec ces insectes toujours là, l'empêchant de vivre sereinement, ce qui pollua la vie du fuyard.
Si Josef Mengele s'est noyé sur la plage de Bertoga, près de São Paulo, le 7 février 1979, il a fallu attendre le 21 juin 1985 pour que cette mort soit enfin confirmée grâce aux tests ADN de son squelette exhumé du cimetière d'Embu, à São Paulo.
Cette adaptation en bande dessinée du roman d'Olivier Guez est réussie. Elle permet d'apporter une pierre de plus à cette mémoire qui s'effiloche trop vite. La disparition de Josef Mengele en roman et en BD, voilà une lecture à conseiller aux nouvelles générations parfois tentées par des idéologies extrémistes car il est FON-DA-MEN-TAL de ne JA-MAIS oublier.

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J'avais particulièrement apprécié La disparition de Josef Mengele, le roman d'Olivier Guez, lauréat du Renaudot en 2017, et avais une petite appréhension à découvrir le roman graphique éponyme, son adaptation en BD par le tandem Matz et Jörg Mailliet. Verdict : une magnifique réussite !
Je ne peux résister tout d'abord à vous soumettre l'épigraphe du poète polonais Czeslaw Milosz, on ne peut plus évocatrice de celui qui fut surnommé par ses victimes « L'ange de la mort » et qui n'a jamais été jugé pour ses actes :
« Toi qui as fait tant de mal à un homme simple
En éclatant de rire à la vue de sa souffrance
Ne te crois pas seul
Car le poète se souvient. »
La disparition de Josef Mengele met en scène, à la fin de la seconde Guerre Mondiale, la fuite en Amérique du Sud et la traque du médecin tortionnaire d'Auschwitz.
22 juin 1949. Les premières planches, très sombres, montrent l'arrivée d'un navire, le North King dans le port de Buenos Aires, par un temps maussade et pluvieux. Sur le pont des silhouettes, sur lesquelles Jörg Mailliet le dessinateur zoome, faisant apparaître en deux temps l'une d'elle, celle d'un homme à l'allure martiale, petite moustache, sourcils froncés, cravate noire et gabardine beige, scrutant la ville.
Comme de nombreux criminels de guerre nazis, Josef Mengele a fui l'Allemagne défaite, changé d'identité et trouvé refuge dans l'Argentine de Perón.
Le titulaire de deux doctorats en anthropologie et en médecine, lui, qui officiait au camp d'Auschwitz-Birkenau, attendait l'arrivée des trains de déportés pour choisir des sujets pour ses expériences sordides, continue à être arrogant, restant convaincu, tout comme les nombreux autres anciens hauts dignitaires du régime fondé par Hitler de la grandeur de leurs actes et fidèles à leur idéologie.
Fort de ces appuis, Mengele, alias Helmut Gregor, mène grand train avec ses compatriotes dont Adolf Eichmann, dans ce Buenos Aires où Perón, ce président qui voue un culte à l'Allemagne, les protège, croyant que les anciens fascistes et nazis européens pourront l'aider à éradiquer le communisme athée et à faire de l'Argentine une superpuissance.
Tous pensent à un retour triomphal et qu'un IVe Reich est à portée de main.
Perón renversé, se sentant traqué, Mengele doit partir au Paraguay puis, après l'enlèvement d'Eichmann par le Mossad, pour le Brésil, toujours soutenu financièrement par sa famille.
Matz le scénariste et Jörg Mailliet jonglent avec des allers-retours entre le passé et le présent, la coloriste Sandra Desmazières jouant avec les couleurs, noir et gris pour le passé, les horreurs des camps, et des nuances d'ocre pour le présent, des teintes toujours assez sombres pour évoquer la vie, la cavale et la déchéance de cet homme abominable.
Les deux parties de l'album ont des titres très explicites : le pacha pour la première et le rat pour la seconde, les deux vies qu'il a menées après sa fuite.
J'ai été absolument outrée, révoltée, aucun adjectif n'est assez fort pour crier mon indignation devant cette vie de fêtes incessantes qu'a mené à Buenos Aires cet ignominieux personnage qui envisageait même un retour glorieux.
La seconde partie dans laquelle cet homme haïssable se retrouve seul, traqué, devant se cacher, devenu paranoïaque permet de se réjouir un peu, la peur ayant changé de côté, et d'y trouver une forme de justice, justice qu'il redoutait par-dessus tout mais qu'il n'aura malheureusement pas à affronter.
Il est particulièrement difficile d'imaginer que ce monstre n'ait pas eu à répondre de ses crimes mais il est tout aussi stupéfiant, incroyable et inconcevable que la plupart des trois cent cinquante professeurs d'université qui ont participé au programme T4 d'euthanasie aient retrouvé leur famille et repris leur carrière…
Que ce soient les dialogues de Matz en parfaite adéquation avec le roman d'Olivier Guez, les dessins de Jörg Mailliet aux traits très réalistes ou la colorisation à l'aquarelle de Sandra Desmazières, tout concourt à rendre cet album captivant comme un thriller et instructif au plus haut point.
La préface enthousiaste d'Olivier Guez en est un bel éloge à elle seule.
À l'heure où l'on sent à nouveau des relents antisémites et où l'extrême-droite est en pleine ascension, il est impératif de lire un tel album pour ne pas oublier et qu'on ne voit PLUS JAMAIS ÇA !
Un grand merci à Vincent pour m'avoir donné l'opportunité de lire cette BD !

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En ayant reçu cet album lors d'une masse critique, j'avais un peu peur de lire l'adaptation du roman d'Olivier Guez dont la récit nerveux et coupé à la serpe m'avait positivement marqué.
Au début, on compare, on doit s'adapter au dessin et puis, de façon assez naturelle, on oublie le roman pour se plonger dans l'âme noire du tortionnaire nazi.
Le scénario est très fidèle au roman et reprend tout ce que l'on sait de la cavale de Josef Mengele pendant 35 ans après sa fuite en Argentine au sortir de la guerre. La première partie, le Pacha, nous montre comment ces anciens dignitaires nazis, dont Eichmann vivent dans l'insouciance et la fête permanente dans l'Argentine de Péron, discutant de façon abjecte sur la lâcheté des Allemands, la vengeance des Juifs e justifiant, que dis-je, se glorifiant de leur actes passés et regrettant de ne pas être parvenu à y mettre un point final. Ce décalage entre la vie mondaine et le thème des discussions provoquent de la répulsion, de la révolte. Comment ces hommes ont-ils pu vivre aussi convenablement sans être inquiétés ? le contexte géopolitique de la guerre froide a bon dos.
Et puis vient le point de basculement, l'arrestation d'Eichmann par les services secrets israéliens et son procès. Mengele doit fuir, se cacher dans la jungle, dans des fermes. C'est la deuxième partie, le rat, pendant laquelle, traqué, il sombre dans la paranoïa et le désespoir. On le prendrait presque en pitié, mais des flash-back sur son activité au camp d'Auschwitz et son discours toujours aussi haineux, au contraire, nous font trouver sa vie encore trop douce.
Vous l'aurez compris, une fois embarquée dans ce roman graphique, on est happé par son atmosphère unique, parfaitement rendu par les dessins de Jörg Mailliet, mélange de réalisme et de distance avec des couleurs à l'aquarelle mais aux couleurs jamais vives, pour coller au propos. Dès les premières planches, on est dans la moiteur et la torpeur de cette Amérique du Sud tropicale.
De façon un peu étrange, cet album est très beau. Étrange, car comment autant de noirceur et de déchets d'une âme humaine peuvent être rendu avec un pareil talent.
Pour ceux qui ont apprécié le roman, n'hésitez pas. Pour les autres, c'est le moment d'en apprendre un peu plus sur cet exil des nazis qui vous scandalisera certainement.
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Josef Mengele est l'archétype même du criminel nazi dans ce qu'il a de plus horrible dans la personnalité sans once d'humanité. Il a officié à Auschwitz en conduisant des millions de gens à la mort sans le moindre regret. Il était le médecin qui menait des expériences anthropologiques et génétiques assez morbides pour le Reich.

A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il était l'un des plus grands criminels recherchés. Cependant, il a bénéficié du soutien familial de son père possédant une fabrique de matériel agricole en Bavière. Ce dernier comptait sur la bienveillance des américains dans un contexte de guerre froide mais les crimes étaient bien trop importants pour laisser passer.

Cela a conduit à une fuite en Argentine en 1949 au moment où ce pays était dirigé par un militaire de formation à savoir Juan Perón. Il est vrai qu'il y a une forme de sympathie entre les dictatures dans le monde. le modèle allemand était une source d'inspiration pour l'Argentine qui se rêvait d'être une véritable puissance en Amérique du Sud.

Du coup, entre 1946 et 1952, sous les deux présidences Perón, plusieurs milliers d'anciens nazis dont de nombreux criminels de guerre notoires sont arrivés en Argentine grâce à différentes filières. Il y a l'un des plus célèbres d'entre eux à savoir Adolf Eichmann qu'on va d'ailleurs rencontrer au cours de la lecture. On croisera également Vittorio Mussolini, l'un des fils du Duce. Bref, au-delà des nazis, cela concerne tous les fascistes dans le monde.

L'Argentine a été un véritable havre de paix, une terre d'asile des nazis en cavale. On les voit dans les dîners mondains. On les voit prospérer dans les affaires. Il faut dire qu'avant même la fin du conflit mondial, des capitaux allemands transférés en Argentine financèrent la naissance d'une centaine de sociétés. On les voit également en train de siroter leur cocktail assis sur une chaise longue au bord de leur piscine dont le sol est recouvert d'une croix gammée. C'est la bella vita ! Inutile d'indiquer le malaise que cela peut provoquer chez le lecteur.

Cependant, le sinistre personnage qu'est Josef Mengele en veut toujours plus. Cela va le conduire à la paranoïa la plus totale et à sa perte. Mais bon, je trouve à titre personnel qu'il a plutôt bien vécu sa retraite en Amérique Latine et qu'il aurait dû être puni très sévèrement pour les crimes contre l'humanité qu'il a commis.

Au renversement de Perón, le docteur Mengele, l'ange de la mort d'Auschwitz, quitta Buenos Aires pour le Paraguay. On sait également qu'en 1960, un coup de tonnerre sema le trouble pour la sérénité des nazis d'Argentine car un commando israélien enlève Adolf Eichmann, l'un des principaux exécutants de l'Holocauste. L'étau se resserre alors sur Josef Mengele qui est poursuivi par les enquêteurs allemands et israéliens.
On sait il se noya mystérieusement alors qu'il se baignait près de Sao Paulo au Brésil en 1979. Il fut enterré sous un faux nom et ses restes ne furent exhumés et identifiés qu'en 1985.

Un mot sur le dessin de Jorg Maillet pour indiquer que son dynamisme transmet parfaitement le rythme et l'énergie du scenario de Matz. J'ai également vu que ce roman d'origine d'Olivier Guez est adapté actuellement au cinéma.

J'ai beaucoup aimé la lecture de cette BD passionnante qui retrace parfaitement une version réaliste des faits. Cela donne quand même froid dans le dos !
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Adaptation graphique du roman d'olivier Guez, La disparition de Josef Mengele, fait partie de ces albums qui sont bien plus qu'une bande dessinée.
Le sujet, évidemment, donne une résonance particulière à l'ouvrage. On est ici dans la réalité historique.
Guez, Matz (au scénario) Mailliet et Desmaizières (dessin et couleur) relatent, ici les trente dernières années de l'un des plus grands criminels de guerre que la justice n'a jamais réussi à rattraper.
Ayant, on se demande encore comment, réussi à passer à travers les mailles du filet, tissé par les alliés, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Josef Mengele, le médecin d'Auschwitz, responsable de millier de morts, hommes, femmes et surtout enfants, sur lesquels il s'est livré à d'ignobles expériences, s'enfuit en 1949.
Argentine, Paraguay, puis Brésil.
Traqué,  abandonné par une partie de ses proches, vivant caché, il n'en regrettera, néanmoins jamais, aucun de ses actes.
Si certains de ses complices ou autres nazis, ont dû répondre de leurs actes, lui s'en sera sorti sans encombre et pourtant ceux qui étaient sur ses traces sont passés tout près de sa capture.
Le travail des auteurs, ancré dans la réalité de l'histoire, donne un album qui ne laisse pas indifférent.
De ces témoignages qui interrogent sur une époque, sur les complicités, sur l'impunité, sur ces pays, aux mains de dictateurs, qui ont donné l'asile à des bourreaux, les faisant ainsi échapper à la justice des hommes, leur offrant même, pour certains en tout cas, une nouvelle vie dorée.
Édifiant et indispensable.
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Comment le tristement célèbre médecin SS a-t-il pu rester introuvable pendant 30 ans ? C'est ce que cherche à raconter cet album, adaptation du roman d'Olivier Guez, prix Renaudot en 2017.

Un récit en 2 parties « le pacha » qui commence le 22 juin 1949 avec l'arrivée de Josef Mengele sur le sol argentin. Ça doit être le début d'une nouvelle vie, accompagnée par des amis bien placés et un régime bienveillant.
C'est surtout le début d'une fuite plutôt confortable qui le verra se cacher au fond du Brésil. C'est là que commence une deuxième partie, « le rat » où la traque s'intensifie. du moins le croit-il, sombrant peu à peu dans la paranoïa et finissant isolé dans un vieux bungalow infesté de rats.

Le scénario de Matz est bien ficelé. Les quelques flash-backs permettent de resituer le personnage et les horreurs dont il s'est rendu coupable à Auschwitz en tant que « médecin ». On comprend mieux ensuite comment ce sinistre dignitaire nazi a pu bénéficier de l'aide discrète de sa famille, de ses amis et de certains locaux richement rétribués. C'est glaçant d'autant que Mengele n'émettra jamais le moindre regret.

Le dessin semi réaliste de Jörg Mailliet est particulièrement adapté. Les couleurs placent une ambiance vintage et si l'horreur n'est pas évitée, elle n'est pas pour autant montrée ostensiblement.

Cet album est une plongée remarquablement réalisée dans l'après guerre et la fuite d'un tortionnaire nazi en Amérique du Sud. Un récit qui fait froid dans le dos mais qu'il faut lire et faire lire, encore.
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Josef Mengele, médecin tortionnaire au camp d'Auschwitz-Birkenau, réussit, grâce aux appuis financiers de sa famille, et aux réseaux d'exfiltration de nazis criminels de guerre, à vivre en Amerique Latine jusqu'en 1979 sans être inquiété par la justice internationale pour ses crimes commis en masse.

Cette bande dessinée retrace le parcours de fuite de Mengele, qui restera un nazi convaincu et paranoïaque jusqu'à sa mort. Il ne remettra jamais en cause ses actes de torture, s'offusquera de devoir vivre caché parmi des métis indignes de lui. le scénario et le graphisme sombre, rendent compte sans compromis des ravages de l'esprit dérangé de cet homme qui jamais ne se remettra en question ou prendra ses responsabilités, pas même face à son fils Rolf qui tente de trouver des réponses à l'inhumanité de son père.
Une bande dessinée historique marquante.
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La disparition de Josef Mengele (2022) est un roman graphique de Matz (scénario) et Jörg Mailliet (dessin) d'après le récit d'Olivier Guez (2017), prix Renaudot. de 1949 à 1979, la longue fuite de Josef Mengele, le terrible médecin d'Auschwitz, en Amérique du Sud. Portrait glaçant d'un nazi convaincu, bien servi par un dessin sombre. Une lecture édifiante et instructive.
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La bande dessinée La disparition de Josef Mengele, adaptée du roman d'Olivier Guez, s'ouvre sur un magnifique paquebot glissant sur le Rio de la Plata, en 1949. A son bord, Josef Mengele, qui fuit l'Allemagne et ses tribunaux contre les crimes des anciens nazis.

On plonge dès les premières pages dans les rues de Buenos Aires ; le dessin n'étant d'ailleurs pas sans rappeler celui d'Hugo Pratt.

Le récit alterne joyeuses retrouvailles des nazis en Argentine, sous la protection bienveillante du général Péron, et flashbacks du camp d'Auschwitz, où le docteur Mengele se livrait à des expériences sur les prisonniers qu'on lui amenait. Dans les bas-fonds de la ville porteño, les réfugiés allemands reconstituent leurs réseaux et rêvent du jour où ils pourront retourner en Europe rétablir un IVe Reich. C'était malheureusement sans compter les services secrets israéliens, bien décidés à poursuivre les anciens nazis, et les à les extrader légalement ou non vers Israël pour qu'ils répondent de leurs crimes. La débandade débute, et le docteur Mengele s'échappe vers le Paraguay et le Brésil, s'enfonçant toujours plus dans la paranoïa de se voir rattraper et traîner en justice par ceux qu'il considère toujours comme de la vermine.

Les sympathies de Péron pour les nazis ne m'étaient pas inconnues, mais cela frappe toujours de voir l'impunité totale avec laquelle ils évoluaient en Argentine, leurs idées toujours bien ancrées et sans aucun repentir. La scène où des Argentins admiratifs du Reich critiquent la « propagande » occidentale qui raconterait des horreurs sur les camps de concentration et les Allemands confirmant ces mêmes horreurs est d'ailleurs tout à fait loufoque. La bande dessinée distille d'ailleurs quelques rappels, comme le fait que seuls les SS furent systématiquement poursuivis, et que de nombreux Allemands convaincus par l'idéologie nazie conservèrent des postes administratifs clefs après la guerre. J'ai également apprécié la mise en avant du soutien économique permanent que reçoit Mengele de la part de son père et de ses frères, toujours à la tête d'une entreprise florissante ; le détail de ses relations sentimentales m'a aussi intéressée, sa femme refusant de le suivre jusqu'en Amérique du Sud pour des crimes « qu'elle n'aurait pas commis, elle », tout comme sa seconde épouse qui finit par rentrer en Allemagne, n'ayant pas envie de tout sacrifier pour un homme recherché par tous. Une désolidarisation totale d'un homme, mais pas vraiment des idées qu'il soutenait.

Enfin, j'ai adoré le trait Jörg Mailliet : ses dessins de Buenos Aires, l'évolution paranoïaque de son personnage principal qui se voit à la fois sur ses expressions et sur son imaginaire cauchemardesque faisant échos aux scènes d'Auschwitz.

Une belle découverte !
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Dans ce roman graphique on suit la trajectoire et destiné de Joseph Mengele, médecin du 3ème reich, après la chute d Adolf Hitler. Il décide de partir pour l Amérique du Sud où de nombreux nazis se sont cachés. Peu à peu ils sont débusqués et Joseph craint pour sa vie. On découvre alors un personnage paranoïaque et craintif de ce qui l entoure.
Graphiquement certaines cases sont très réfléchies et bien travaillées et d autres présentes juste pour desservir l histoire et moins approfondies.
Ce roman graphique est intéressant pour connaître le futur de ce personnage sombre, expérimentant dans les camps de concentration.
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