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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Deuxième tome (si on peut dire) des écrits d'Hervé Guibert sur sa maladie, le Protocole Compassionnel est la suite directe de A l'Ami qui ne m'a pas sauvé la Vie.
A ce stade, l'écrivain ne découvre plus qu'il a contracté le sida, il s'est fait à l'idée et ne dorlote presque plus l'espoir en son sein comme il avait pu le faire auparavant.
Non, cette fois il en est rendu à avaler un médicament obtenu au marché noir dont on ne sait encore rien sinon qu'il a causé la mort de centaines de personnes aux États-Unis pour cause de prises à l'aveugle, d'ignorance totale de la posologie et de respect des doses. Mais Guibert s'en fout, au point où il en est, à l'insu du système médical mais dans la discrétion de certains médecins, il accepte de tester sur lui le DDI, ce médicament qui donne son titre au livre, le protocole compassionnel signifiant que tous les traitements légaux ont échoué et qu'on peut tenter, en ressort ultime, une médication encore non reconnue, bien souvent même n'ayant pas encore obtenu l'AMM. Foutu pour foutu, quoi. C'est dire si à ce stade, une guérison aurait quelque chose d'epastrouillant !
Mais Guibert prend ce traitement et commence rapidement à en ressentir les effets bénéfiques. Moins fatigué, moins la sinistrose : « J'étais de nouveau vivant. J'écrivais de nouveau. Je bandais de nouveau. Bientôt, peut-être, je baiserais de nouveau. » Et voilà que le plaisir de vivre circule à nouveau dans ses veines.

En parallèle, Hervé Guibert nous raconte ses rendez-vous médicaux avec Claudette Dumouchel, jeune femme médecin avec qui il tente d'instaurer une relation quasi amoureuse. Par jeu au départ, devant la froideur de la doctoresse face à sa détresse et puis par habitude, pour supporter les auscultations de plus en plus compliquées pour lui (se lever de la table d'examen revient à être diplômé de l'école du cirque tant chaque mouvement lui demande des efforts surhumains, « Chaque jour, je perds un geste que je pouvais faire la veille »).
Et puis, la rencontre avec un guerisseur-magnétiseur qui lui promet la rémission et voilà que Guibert ressent pour la première fois depuis longtemps qu'il y a peut-être encore un espoir.
On connait la suite...

Revenant aussi beaucoup sur sa participation à Apostrophes pour son livre précédent
hop : https://www.youtube.com/watch?v=en9OWEvf_Cw
Le Protocole Compassionnel est un peu la version littéraire du film documentaire "La Pudeur ou l'Impudeur" qui reprend en images mais aussi en voix off de grands pans du livre.
Intéressant de lire/voir ces deux oeuvres en simultané.
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C'est au "protocole compassionnel" que nous devons le livre du même nom, puisque l'auteur redevient capable d'écrire sous l'effet de ce médicament expérimental qu'il prend, qui lui procure de l'énergie, et un temps de répit sur la progression de son sida. Les effets littéraires de cette substance sont notables : non seulement elle rend le livre possible, mais le récit qui découle de là, "même s'il est sinistre, me sembl[e] avoir une certaine gaieté, sinon vivacité, qui tient à la dynamique de l'écriture, et à tout ce qu'elle peut avoir d'imprévu." (p. 24). Ce roman d'Hervé Guibert n'est donc pas un documentaire sur le sida et ses ravages, sur la médecine et ses tentatives, mais, encore une fois, l'histoire d'une écriture et d'un écrivain. Comme dans le volume précédent, l'illusion réaliste nous fait certes voir la maladie, mais l'illusionniste écrivain se montre aussi à nous dans son activité propre. C'est ainsi qu'il peut dire : "C'est quand j'écris que je suis le plus vivant. Les mots sont beaux, les mots sont justes, les mots sont victorieux, n'en déplaise à David, qui a été scandalisé par le slogan publicitaire : "La première victoire des mots sur le sida." (p. 144)

De fait, ce livre relate la victoire de la littérature sur la maladie et la mort. La maladie et la mort sont réelles, elles ne le sont que trop, mais quand un romancier comme Guibert, capable d'écrire des pages pleines de grâce et de drôlerie, les représente, il transforme magiquement le réel affreux en réalisme émouvant, la vérité impitoyable en fiction : "C'est quand ce que j'écris prend la forme d'un journal que j'ai la plus grande impression de fiction." (p. 103) Il nous propose donc, par-delà la fonction documentaire, représentative, même militante, de son livre, une autre lecture proprement littéraire, la plus importante, la plus à même de justifier la vie de l'auteur et de ses ouvrages.

"Ici [en Italie] mon livre n'est pas encore sorti, il a un peu changé ça, ce regard sur les malades du sida. En fait j'ai écrit une lettre qui a été directement téléfaxée dans le coeur de cent mille personnes, c'est extraordinaire. Je suis en train de leur écrire une nouvelle lettre. Je vous écris." Par ce livre, l'auteur réaffirme la fonction de communication, même militante, de la littérature, et rappelle à longueur de pages, sans être jamais monotone, qu'elle est un art et une magie.
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C'est un livre bouleversant, celui d'un homme qui se sait condamné par la maladie. Un changement de traitement lui fait croire à une rémission et lui redonne la force d'écrire à nouveau. Guibert raconte sa souffrance physique, sans pathos, ses rapports compliqués avec les médecins et l'hôpital de façon général. Ce livre parle d'une époque maudite où le sida effrayait et où les malades erraient littéralement de traitement en traitement, plein d'espoir et de misère.
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Ce livre a été écrit comme le précise Hervé Guibert : « A toutes celles et à tous ceux qui m'ont écrit pour « A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie ». Chacune de vos lettres m'a bouleversé. »
En effet après ce livre autobiographique sur sa maladie, Hervé Guibert avait annoncé qu'il n'écrirait sans doute plus. Mais suite à un courrier très important, il a pris la plume pour écrire cet ouvrage bouleversant sur l'évolution de la maladie, sur les protocoles compliqués et inaccessibles pour beaucoup de malades. Il nous parle aussi de sa relation avec les personnels soignants, son corps, sa maladie, ses proches, etc.
Comme le dit l'auteur lui-même, ce livre est comme le reste de son oeuvre : « une oeuvre barbare et délicate ».
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Guibert tenait a faire connaitre le quotidien des sidéens , et force est de reconnaitre que son livre est encore une fois trés fort et puissant . Aprés on peut passer à coté , mais ce serait dommage , parceque c'est vraiment trés fort et brillant.
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La suite d' "A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie". Hervé Guibert continue à nous raconter sa maladie avec le même talent, entre fiction et réalité. Peut-être son livre le plus accessible et le plus émouvant.
Lien : http://madimado.com/2011/08/..
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