Challenge Petits Plaisirs 2014/2015
Un petit livre qui reprend la légende de cette ville bretonne qui aurait été engloutie par les flots voilà quelques siècles déjà. Ys fait partie de ces cités mythiques qui ont connu un évènement catastrophique majeure entrainant leur disparition.
C'est l'histoire du roi de Cornouailles, Gradlon, qui est malheureux depuis la disparition de sa bien aimée. Depuis, il n'a plus qu'un seul trésor, qu'une joie dans sa vie : sa fille Dahut. Il l'aime tellement qu'il ne peut rien lui refuser. Elle est sa force mais aussi sa faiblesse. Gradlon met tout en oeuvre pour satisfaire les envies de sa fille. Ainsi, va être dressé en peu de temps la ville d'Ys au milieu des flots.
Le texte ci-présent nous ramène à une époque où le christianisme étend sa domination sur l'Europe et en repousse les croyances païennes. Comme dans d'autres légendes, les mondes féériques/païens et chrétiens s'affrontent dans une guerre de croyances. Dahut représente le péché et même les péchés. Elle les cumule, les multiplie, les encourage dans sa ville. Les habitants l'adore pour sa capacité à résoudre tout leur problème en un rien de temps. Tous vivent dans l'opulence et ne se prive pas de certaines pratiques mal vues du clergé.
Dahut a un réel problème avec la monté du christianisme. Ys en est la première preuve puisqu'elle désirait une ville qui ne soit qu'à elle, loin des dévots. Quand son père est contraint d'ériger un temple à la gloire de Dieu au coeur d'Ys, elle ne peut s'empêcher de quérir les korrigans pour rivaliser de splendeur et diminuer l'importance de ce temple. C'est un peu à qui a la plus grosse. Elle s'attire à elle la colère de Dieu en personne (eh oui c'était à l'époque où il se baladait encore dans nos vertes contrées et où il ne déléguait pas son boulot…)
Cet affrontement entre les deux camps n'améliore en aucun cas leur image respective. D'un côté les chrétiens qui malgré leur beaux discours finissent par exiger or et autres splendeurs (Dieu il a bon dos !) sans compter leur vilaine tendance à juger tout le monde selon leurs critères et à demander à ce que tout le monde fassent comme ils disent (quand religion est synonyme d'intolérance et de dictat…) sous peine de balancer un raz-de-marée dans la gueule des infidèles (heureusement, ils se sont un peu calmés aujourd'hui…). On pourrait penser que les croyances ancestrales soient alors un peu plus attirantes notamment avec ces incroyables prouesses et la facilité à laquelle tout voeu est exaucé mais si on regarde bien, c'est pas joli joli non plus. Les gens deviennent arrogants et méchants bien qu'au final ils soient tous heureux et riches. La superficialité règne en maitresse mais c'est la fête tous les soirs ! Dahut collectionne les amants (un par soir), bon elle a bien le droit de faire ce qu'elle veut dans son lit. Chacun ses plaisirs. Mais de là a devenir une mante religieuse y'a des limites !
La légende de la ville d'Ys c'est au final l'histoire d'une gamine capricieuse mais généreuse qui va tellement mettre Dieu en rogne qu'elle va s'attirer ses foudres. le parallèle avec Sodome et Gomorrhe, que ce soit dans les moeurs dissolus des habitants, la colère divine ou encore la punition de Dieu se fait naturellement. On pourra faire un rapprochement également avec l'Atlantide puisque Ys est engloutie par les flots et qu'elle est bâtie sur un rocher dans la mer.
Pour conclure, le texte est écrit dans un langage soutenu voire légèrement vieillot. C'est plutôt pas mal et ça colle tout à fait avec l'époque de la légende et le côté légende du texte. Après, est-ce accessible aux enfants ? Avec un peu d'aide peut-être pour certains mots de vocabulaires (c'est édité par Flammarion dans la collection Castor Poche). Bon, c'est quand même adressé aux 11/12 ans et plus…
Je terminerai sur la mention des jolies enluminures de chaque chapitre. Il manquerait plus qu'une belle édition reliée et ce serait parfait !