Essais

Tout d'abord, pour lever toute ambiguité, il s'agit bien du livre "Divers" des éditions des "Belles Lettres" publié en 2019, de 496 pages dont je vais faire la critique. Je ne comprends pas qu'il soit assimilé à l'ouvrage intitulé "Essais" qui lui est affilié sur Babelio.
Je ne suis pas allé tout à fait au bout de ces entretiens. Les derniers, les plus récents, reprenaient souvent les thèmes déjà abordés au début. Je ne vais pas reprendre tous les thèmes abordés dans cet ouvrage. Juste rappeler que c'est un recueil d'entretiens qui commence en 1984, après une grosse dépression de l'auteur jusqu'en 2019, quasiment à sa mort.

Je n'ai lu que peu de livres de Guyotat. le premier “Tombeau pour 500 000 soldats” fut un véritable choc, tant dans l'écriture que dans le fond. Guyotat y fait preuve d'un imaginaire incroyable s'appuyant, entre autres, sur ses souvenirs de la guerre d'Algérie. L'autre “Eden, Eden, Eden”, je n'ai pas eu le courage de le terminer. Cette fois, le fond est semblable mais la forme va beaucoup plus loin, dans la syntaxe, la ponctuation, le lexique, les régionalismes... Je m'y suis perdu.

Inutile de dire que ma connaissance littéraire de cet auteur est d'une pauvreté affligeante. Mais, c'est justement ce qui fait l'intérêt de tels récits. Car, bien sûr, les différents entretiens font référence à toutes ses oeuvres, que l'on peut ainsi découvrir. On peut donc les voir comme des explications supplémentaires à l'oeuvre en elle-même ou bien connaître les véritables motivations de l'auteur. Ou les deux. Et c'est là que ça devient passionnant. Guyotat se livre corps et âme. Toute sa vie y passe. Il nous dévoile tout, sans tabou. On y découvre un auteur d'une très grande humanité, torturé à l'extrême, qui écrit avec ses tripes. Peu d'écrivains peuvent lui être comparés. Il sera d'ailleurs censuré pour son audace. Et complètement incompris du grand public. Seule, une certaine critique saura reconnaître le génie.

Oui, il faut du courage et de l'audace pour lire Guyotat. Je suis de ceux-là et je m'en revendique. Notre monde littéraire ultra formaté a besoin de talents comme lui, n'hésitant pas à triturer la langue française sans ménagement. Par ailleurs, par ses propos, il nous révèle à nous-même, nous obligeant à mettre le nez dans notre merde. Malheureusement, ce n'est pas une lecture facile, comme je le disais plus haut. Mais il faut s'accrocher, essayer, s'y reprendre à plusieurs fois... Sa mort récente a favorisé certaines rééditions dont il faut profiter. Je viens de me procurer “Idiotie” que je compte lire rapidement.