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EAN : 9782246862871
272 pages
Grasset (29/08/2018)
2.73/5   50 notes
Résumé :
Cet "Idiotie" traite de mon entrée, jadis, dans l'âge adulte, entre ma dix-huitième et ma vingt-deuxième année, de 1958 à 1962. Ma recherche du corps féminin, mon rapport conflictuel à ce qu'on nomme le "réel", ma tension de tous les instants vers l'Art et vers plus grand que l'humain, ma pulsion de rébellion permanente : contre le père pourtant tellement aimé, contre l'autorité militaire, en tant que conscrit puis soldat dans la guerre d'Algérie, arrêté, inculpé, i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Lorsque j'étais au lycée, j'avais la chance d'avoir un professeur de français exceptionnel. Un extra-terrestre, un homme grand et maigre, très cultivé et d'une grande bonté. Il est décédé quelques années plus tard d'une maladie rare. Il m'a donné le goût de la littérature. Il nous avait dit une fois que la plus grande qualité, pour un homme de lettres et de culture, c'est de rendre accessible son savoir et son talent. Il ne s'agit pas de se galvauder non, mais de chercher l'universel. Non, il n'y a pas de honte à servir le partage. Il n'y a pas de honte à être intelligible. C'est le contraire que j'ai ressenti dans "idiotie". Un cuistre qui se fout de ses lecteurs en abusant du point virgule et des deux points. Guyotat est à la littérature ce que le CNRS est à l'innovation : de la recherche fondamentale, nécessaire, indispensable mais dont on peine à comprendre la finalité. Je placerai ce livre dans mon cabinet de curiosité, parmi d'autres bizarreries et je le consulterai de temps en temps, fasciné et exaspéré à la fois. Je ne peux pas m'empêcher de penser à des auteurs comme Romain Gary qui ont fait passer des messages extraordinaires par une langue novatrice et compréhensible de tous. Laissons Guyotat à son quant-à-soi lexical.
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Pour tout vous dire, il m'a semblé avec Idiotie mener un combat au corps à corps. Ah, il m'a résisté l'animal, j'en ai lu et relu de ces phrases tarabiscotées, déchirées, heurtées, saturées de points-virgules, où grouillent verbes et substantifs au pluriel, où le présent nous jette à la figure une réalité souvent glauque, violente, où les verbes vomir et déféquer reviennent, toujours et toujours, jusqu'à la nausée, obsessionnellement. Il m'en a fallu de la volonté pour ne pas lâcher, lire (et relire!), me plonger dans un univers peuplé de désirs, de sensations, de sexualité refoulée, de souffrance, de haine, d'amour recherché, de quête de l'autre, d'errances, de peur, de conflit avec soi et les autres, de révoltes, de doutes, de tension vers l'art et la mort. Un monde d'odeurs, de souffles, de corps, de fluides où tout se sent, où tout se touche dans une sensualité parfois écoeurante mais nécessaire pour accéder à l'autre.
Pourquoi poursuivre une telle lecture ? Pour des phrases comme celle-ci : « Presque tout, je le vis comme au bord de la raison. Dans cet intervalle entre la raison et son explosion » ou comme celle-là : « Je rêve debout de pouvoir connaître tous les humains, un par un ou famille après famille, entrer dans leur vie le temps au moins d'une après-midi de petit enfant » et tant d'autres qui m'apparaissent de plus en plus nombreuses à chacune de mes lectures.
J'en ai chié avec toi - allez, c'est dit, et je reprends tes mots, sale bouquin, tu m'auras pourri des jours déjà bien sombres, tandis que la pluie triste de novembre tapait sur mes vitres ternes. Et pourtant, à chaque relecture, l'étincelle, la petite lumière, la tournure qui te saisit, le détail qui t'avais échappé et qui te touche, au coeur. La scène floue, hallucinée, rêvée ?, prend forme soudain, je trouve mes repères, j'y vois plus clair, je distingue enfin les contours, j'entre, je pénètre dans un espace empli de signes. Mais j'y entre quand même… enfin !
Parfois, je mets de côté l'animal-livre qui me résiste encore. J'essaie alors de trouver une autre porte, une autre clef. Je cherche ailleurs, écoute l'auteur causer ici et là, raconter, dire, expliquer. Je m'y fais. Je lis sa vie. le réécoute.
Et j'y retourne, à l'assaut, mieux armée, prête à en découdre, à résister à l'écoeurement : pisse, vomi, sang, sperme, vers me révulsent, ce monde violent qui gicle, éclabousse, ne retient rien me dégoûte. Néanmoins, il est, je le sais. Ce monde dont l'auteur veut faire une oeuvre d'art, ce réel qui n'a de sens que s'il devient art est là. L'auteur me le montre. Je n'y échapperai pas. « Depuis l'enfance je vis si intensément chaque vision, que de l'enraciner immédiatement dans une origine historique et de la prolonger presque simultanément dans une résolution ou une métamorphose future, je lui fais exploser son centre actuel, ainsi disparaît la vision à l'intérieur de moi, pour s'y transformer en objets de création et s'efface-t-elle de la réalité extérieure. »
Dans Idiotie, Pierre Guyotat relate, à travers des scènes qui l'ont marqué, son entrée dans l'âge adulte, entre sa dix-huitième et sa vingt-deuxième année (1958/1962) : après la mort de sa mère adorée, fuyant la figure du père, il quitte le domicile familial, erre dans Paris, dort sous les ponts (lui qui est né bourgeois et dont le père est médecin… mais, il veut « se déclasser »), mange peu ou mal, se réfugie dans quelques logements de passage, auprès d'êtres fantomatiques dont il ne semble percevoir que des fragments de corps, trouve des petits boulots pour survivre. C'est la misère. Il raconte un vol qu'il a commis chez lui et l'immense sentiment de culpabilité qui s'en est suivi (je pense soudain à Rousseau…) Puis, c'est son engagement, tête la première, dans la guerre d'Algérie - alors que son père lui avait obtenu un sursis, qu'il rejettera pour « affronter ce qu'il y a de pire » - : l'horreur de ce qu'il découvre, lui, l'anticolonialiste. Il subira une peine de trois mois de cachot au secret pour « atteinte au moral de l'armée » après que des chefs sont tombés sur certains de ses écrits - qui sont d'ailleurs lus à haute voix… j'imagine la scène !!! Il est soupçonné par l'armée de « répandre des informations vers la métropole ». «  le lieutenant récite une note où je fais état de la misère matérielle, treillis en lambeaux, saletés des corps, vermine, nourriture avariée, de camarades dans tel poste où l'un d'eux perd la raison, mitraille du haut du mirador des rebelles imaginaires... » On l'accuse d'être pornographe, lui qui est encore un pauvre puceau ayant refusé toute sorte d'amour pour garder intacte la puissance créatrice de son écriture (mais allez leur expliquer cela...) Il est interrogé, jeté au cachot et transféré dans une unité disciplinaire ... Insupportable soumission à de soi-disant « supérieurs » : « sensation de mon idiotie ici à me ressentir inférieur à qui porte galons. »
« Rumeurs, troubles, autour du camp, passages agités d'isolés noirs de soleil, d'errance, de faim de cuit, c'est de leur rumination que je ferai ma poésie future. »
Idiotie, dans sa langue brute et poétique, une langue pour laquelle il a depuis son enfance « des ambitions de renouvellement », restitue ces expériences terribles, violentes, puissantes, expériences de l'humiliation certainement à l'origine de sa création, de son écriture, seule revanche possible.
Intensif, paroxystique, d'une force rare, ce texte, de bruit et de fureur, remue aux tripes. C'est un cri puissant que je vais entendre certainement longtemps. Un grand texte, évidemment !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Extrait page 11 (deux adolescents fugueurs allongés sous un pont à Paris): « le faisceau tournant d'un fanal rouge d'un bateau de tourisme retardataire nous fouaille. François garde sa bouche ouverte, le halo sur ses dents fraîches, je ferme les yeux, les rouvre : une forme a glissé derrière ma tête depuis le bas de l'arche ; je me retourne, dans le sac, me hisse, coudes au pavé, vers l'arrière : d'un tas de hardes, une main, pote, d'un bras nu marqué de cicatrices, ramène les guenilles vers le haut où ça renifle ; je suis la main vers de grosses narines retroussées où un doigt à l'ongle encrassé fouille ; plus haut, des mèches bouclées, un peu grasses, sortent des oreillettes relevées d'une casquette de surplus ; des cils aussi longs que des faux battent un haut de joue dont le rose se voit dans le halo rouge ; le doigt s'y met : des poux ?...Le corps bouge, tout entier, descend sous les hardes à nouveau dispersées, entre les relents de pisse séchée j'en flaire un de parfum, de crasse et d'autre chose que je ne connais pas : en serait-ce un de l'épanchement que quelques-uns d'entre nous, retour au pensionnat le dimanche soir, essaient de nous décrire comme issu de l'intimité, du secret des filles qu'ils se vantent d'avoir vues « culbutées » par les jeunes ouvriers dans les bals de village et de faubourgs ? de ce que, il y a trois ans, retour d'Angleterre, dans les soutes du ferry j'ai flairé au tampon de la fille endormie ?
Voilà, j'atteins la page 42, c'est toujours le même style qui me contraint à lire trois fois une phrase pour finir par penser l'avoir à peu près comprise. Cette Idiotie me rend idiot et, c'est une première, je rends les armes, j'abandonne ce livre trop intelligent pour moi.
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La récente rentrée littéraire a déversé dans le champ médiatique trop de livres inutiles, en particulier d'autobiographies fictionnelles ou hagiographiques, billets d'humeur, ou confessions par des « écrivants » pour qu'apparaisse et surnage dans l'actualité ce que l'on peut attendre de la « littérature » et qui peu ou prou émergera avec le temps et appartiendra aux classiques de notre époque. « Idiotie » de Pierre Guyotat est de ceux là

Il est possible qu'il échappe à l'attention du grand public parce que si l'auteur : Pierre Guyotat est connu, c'est souvent par sa personnalité et le caractère sulfureux et d'accès difficile de ses écrits. On se souvient en particulier de « Tombeau pour cinq cent mille soldats »(1967) et « Eden, Eden, Eden »(1970) reconnus et encensés par le milieu littéraire pour saluer une « langue » originale (Sollers, Debray, Leiris, Barthes, Foucault…),en même temps que d'autres intervenaient pour défendre son propos face à une polémique qui avait conduit pour « Eden » à l'interdiction de publicité et de vente aux mineurs , avant même que « Prostitution » et « Progénitures »(2000) ne viennent à nouveau bousculer, le long fleuve tranquille de la littérature, par le style et l'obscénité (au sens étymologique du terme) des descriptions.

« Idiotie »participe à une autre ligne d'ouvrages : des récits au présent de fragments de vie : « Coma »,(2000), « Formation » (2007), « Arrière Fond » (2010), récits d'apprentissage (de transformation) de celui qui très tôt, né en Province dans un milieu bourgeois, s'était reconnu poète . « Idiotie » est la suite des deux derniers et couvre ici l'entrée dans l'âge adulte, de 18 à 22 ans, de 1958 à 1962. Il a actuellement 76 ans. Il ne s'agit pas d'une biographie, encore moins de souvenirs, mais de la suite de scènes marquantes, d'un corps à corps littéraire revécu en direct comme pourrait le faire le cinéma, sous réserve qu'il puisse traduire aussi bien l'hyperesthésie du narrateur où tous les sens sont en éveil (l'odorat, la vue bien sûr : à la fois voyant et voyeur, l'audition : bruit et fureur racontés par un idiot ,c'est-à-dire un singulier selon l'étymologie : « idiot, simple ,particulier, unique, toute chose, toute personne sont ainsi idiotes, dès qu'elles n'existent qu'en elles-mêmes »). Une alchimie des sens…Des mots au service des images fortes, saturées, (« les mots sont déjà dans le noir interne de ma tête, quand se ferment les yeux. Je ressens que j'y trouve le moyen de vivre et déjà de dominer la vie et le monde »). Des mots servis avec un rythme saccadé, en staccato, entrainant le lecteur à la fin de longues phrases marquées par une ponctuation originale, avec scansion par des points-virgules. Une langue orale qui pourrait être déclamée, proférée,comme l'ont fait pour d'autres ouvrages l'auteur lui-même, Patrice Chéreau, Antoine Vitez… Une langue de « gueuloir », où la musique des mots s'allie à la force des images. Mais une langue directement accessible, une langue « normative » (pour reprendre les termes de Guyotat, qui porte les traces sans en avoir la difficulté d'accès de la langue originale d'autres ouvrages .On conseille au lecteur encore hésitant de lire les deux dernières pages qui donnent un bon exemple du style.)

Le livre a deux parties d'inégale importance. La première est le récit de la fugue à Paris à 18 ans, après neuf ans de pensionnat où il se retrouve sans toit et tiraillé par la faim, sous le pont de l'Alma, en proximité des prostituées, en proie à des visions obscènes qui évoquent les tentations de Saint Antoine telles que les a évoquées Flaubert. Quête d'humanité dans un monde hostile, nourri de l'affection d'une mère trop tôt disparue et de la bouche de laquelle il a appris « les dogmes et les mystères chrétiens », et en marche vers le père, « prêt à en découdre mais avec quelle force de chair renouvelée… » La deuxième partie plus étoffée est le récit de son engagement en 1961, dans la guerre d'Algérie, rompant volontairement le sursis, long cri anticolonialiste, en proie aux horreurs d'une guerre fratricide, en echo du « Tombeau pour cinq cent mille soldats ». Il sera arrêté par la police militaire pour des notes subversives, et ce que l'on apprendra sur lui à travers le roman qui vient d'être publié. Il sera emprisonné trois mois. Cette seconde partie est très fluide et comporte des séances assez cocasses comme le décryptage de ses écrits par un gradé…

Au total, une chance d'aborder une écriture qui devrait compter dans l'histoire de la littérature. Un récit au plus près des sensations : « Abattre mon je, vivre sans retenue, les seuls sens, animal. Exister sans être.»

Hugues Rousset
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Lire Guyotat est toujours une épreuve difficile. Ce livre n'échappe pas à cette règle. On retrouve toutes les interrogations de l'auteur, et les souvenirs de ses expériences surtout militaires en Algérie. Au travers de ses traumatismes, il interpelle le lecteur pour le plonger dans la face sombre de l'humanité. Guyotat est un écorché vif de la vie. Je ne reviendrai pas sur les thèmes abordés. On les retrouve d'un livre à l'autre. Que ses livres soient difficiles à lire, c'est également connu. Il malmène le lexique et la syntaxe, ouvrant la langue à de nouveaux horizons pas toujours très explicites. Je ressors toujours abasourdi de ses oeuvres. La réalité décrite est insoutenable d'horreurs. Comme Cioran, l'humour en moins, il ne voit en l'homme que la « mauvaise graine », la graine du mal, le poison. Sous sa plume tout s'enlaidit, se tord et se noircit. J'ai lu, il n'y a pas très longtemps, un livre de Thich Nhat Hanh, où il était question d'essayer de voir l'humain, l'humanité dans ce qu'ils ont de merveilleux, pour s'en imprégner et à notre tour, produire du bien. Je me tourne de plus en plus vers cette littérature « du bien ». Pour ne pas toujours voir notre part animale, mais essayer de s'élever un peu. Ça me paraît salutaire.
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critiques presse (3)
Bibliobs
19 octobre 2018
Charnel, poétique et violent, ce livre-testament de Pierre Guyotat condense les obsessions qui traversent son œuvre.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
24 août 2018
L’écriture, bien que sans cesse innervée par des inquiétudes et des doutes, veille néanmoins à la justesse des notations et à l’expression cristalline des urgences. Politique jusque dans l’intime, Idiotie donne vie et voix à un corps ayant vaincu l’humiliation par le verbe.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
24 août 2018
Récit initiatique du passage à l’âge adulte, révolte qui s’affirme contre l’injustice, naissance d’un poète… Guyotat se raconte en de stupéfiants tableaux.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Le faisceau tournant d’un fanal rouge d’un bateau de tourisme retardataire nous fouaille. François garde sa bouche ouverte, le halo sur ses dents fraîches, je ferme les yeux, les rouvre : une forme a glissé derrière ma tête depuis le bas de l’arche ; je me retourne, dans le sac, me hisse, coudes au pavé, vers l’arrière : d’un tas de hardes, une main, pote, d’un bras nu marqué de cicatrices, ramène les guenilles vers le haut où ça renifle ; je suis la main vers de grosses narines retroussées où un doigt à l’ongle encrassé fouille ; plus haut, des mèches bouclées, un peu grasses, sortent des oreillettes relevées d’une casquette de surplus ; des cils aussi longs que des faux battent un haut de joue dont le rose se voit dans le halo rouge ; le doigt s’y met : des poux ?...Le corps bouge, tout entier, descend sous les hardes à nouveau dispersées, entre les relents de pisse séchée j’en flaire un de parfum, de crasse et d’autre chose que je ne connais pas : en serait-ce un de l’épanchement que quelques-uns d’entre nous, retour au pensionnat le dimanche soir, essaient de nous décrire comme issu de l’intimité, du secret des filles qu’ils se vantent d’avoir vues « culbutées » par les jeunes ouvriers dans les bals de village et de faubourgs ? De ce que, il y a trois ans, retour d’Angleterre, dans les soutes du ferry j’ai flairé au tampon de la fille endormie ?
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(p. 167)

Que dit-elle, précipitamment, français arabe mêlés – mais parle-t-elle ? n’est-ce pas moi qui la fait parler en moi ? –, elle recule, ouvre la porte en grand sur la pénombre: entre le corsage et le short une peau rose et brune, vermeille pâle et le nombril comme un coquillage à fleur de sable ou d’eau: je vois la fesse, le rein, la croupe, c’est bien depuis une gorge, sa bouche entrouverte, qu’elle « parle » de plus en plus doux maintenant que j’ai presque tout vu d’elle: ma paume veut sa croupe – elle pas assez sortie pour que je puisse la voir – , mes lèvres sa bouche, mes dents – que je ne connais pas – ses dents qu’elle, à chaque miroir, regarde, lèvres retroussées; mon cœur son cœur.
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Toute manifestation du réel n'est qu'un signe avant-coureur ou d'après coup d'une pensée continue de la violence du monde -mais violence de vie- de l'humain à l'humain, de la nature (maladie) à l'humain, de l'humain à l'animal, de l'animal à l'humain, des animaux entre eux, du corps à l'esprit, de l'esprit au corps...- une confirmation de ce que j'éprouve, imagine en continu et en silence. P 200
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Mais, depuis l'enfance je vis si intensément chaque vision, que de l'enraciner immédiatement dans une origine historique, métaphysique et de la prolonger presque simultanément dans une résolution ou une métamorphose future, je lui fais exploser son centre actuel, ainsi disparaît la vision à l'intérieur de moi, pour s'y transformer en objet de création et s'efface-t-elle de la réalité extérieure.
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Illumination : c’est de la bête que je dois faire une œuvre, de l’idiot qui parle, du « rien », encore un peu de psychologie française, de « personnages » – c’est dans le 4 × 4 de commandement que j’ai écrit, quelques mois auparavant, en attente du chef de bataillon, le prologue d’un livre à paraître deux ans plus tard –, et bientôt l’épopée de l’idiot – par l’idiot, détruire l’humanisme, comprendre le monstre politique ou de camp (le culturel n’a pas empêché la pire déshumanisation) –, de l’idée fixe : qu’est-ce après tout qu’Antigone, qu’Électre… ? le Christ lui-même… plus le mental et les préoccupations sont limités, plus le verbe est beau et ample : l’idée fixe comme percée et éclatement du réel.
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Vidéo de Pierre Guyotat
Dans le cadre des célébrations du soixantième anniversaire de la fin de la Guerre d'indépendance algérienne, la BnF accueille la première partie du colloque international sur l'oeuvre et la vie de Pierre Guyotat depuis sa disparition, qui interroge son rapport à l'Algérie. Ce pays qu'il affectionne tient une place majeure dans son parcours d'écrivain. La seconde partie du colloque a lieu le 24 novembre à l'Institut du monde arabe.
Pierre Guyotat est une figure majeure de la mémoire du conflit algérien, avec Tombeau pour cinq cent mille soldats et Éden, Éden, Éden. Avec Idiotie, il a offert une des oeuvres récentes les plus importantes sur ce sujet.
Le rapport de Guyotat à l'Algérie est unique dans la mesure où s'y nouent le politique, l'affectif et l'intime. Regardé comme un « ami de l'Algérie », Pierre Guyotat intègre dans son regard toutes les facettes d'un pays qu'il découvre soldat, également soucieux autant du sort des appelés du contingent, de celui des Français d'Algérie que de celui des combattants de la liberté algérienne. Il contribua aussi à établir, dans la création et l'action publique, un rapport nouveau, post-indépendance, à l'Algérie, à ses auteurs, et aux personnes qui en étaient originaires également en France.
L'oeuvre littéraire de Pierre Guyotat est conservée à la BnF, à la suite du don qu'il en a fait. Les manuscrits de Tombeau pour cinq cents mille soldats et d'Éden, Éden, Éden, ainsi que de nombreux textes et documents composés pendant les périodes algériennes, y sont conservés.
En donnant la parole à des figures de la recherche et de la création issues des deux côtés de la Méditerranée – d'Algérie, du Maghreb, de France – et d'ailleurs, ce colloque permettra de découvrir un regard unique sur l'Algérie, affectueux et savant, celui d'un des plus grand auteurs de langue française.
Voir le programme : https://www.bnf.fr/fr/agenda/pierre-guyotat-et-lalgerie
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