AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
2,73

sur 50 notes
5
2 avis
4
5 avis
3
4 avis
2
2 avis
1
5 avis
Ouvrir Idiotie de Pierre Guyotat, c'est plonger d'abord dans une langue. Une langue pas simple à décrypter car très travaillée, très littéraire si j'ose dire tout en étant fortement imagée. Les phrases longues sont coupées, rythmées par une succession de points-virgules. Elles n'ont pas seulement un rythme, elles portent en elles les propos de l'auteur avec une force presque incantatoire. En effet, au-delà de la forme, le fond a une importance capitale. Je dirai même que si la forme est abrupte, difficile, elle est à l'image de ce que Pierre Guyotat cherche à exprimer : une entrée dans la vie adulte compliquée avec le deuil de la mère, une confrontation aux pulsions sexuelles et surtout – dans la seconde partie du livre – l'horreur de la guerre d'Algérie et ses prises de positions anticolonialistes.
Pour plonger son lecteur au plus près de ses émotions et interrogations de l'époque, Pierre Guyotat ne lui épargne rien de ses images à moitié réelles, à moitié rêvées. Par exemple, les fonctions physiologiques de l'Homme, les actes sexuels sont exposés avec une crudité, une obscénité qui ne sont pas uniquement pornographiques mais aussi morbides. Les corps, simples matériaux, « chairs à canons », s'emboîtent, défèquent, baisent, se remplissent ou se vident de fluides qui donnent une image plutôt repoussante, presque cadavérique de fonctions pourtant vitales. La religion ou plutôt le sacré prend aussi toute sa place dans le récit ce qui donne un mélange assez surprenant.
J'ai fermé ce livre un peu stupéfaite, décontenancée par ce matériau à la fois brut et ciselé. Je ne suis pas sûre d'avoir pleinement, avec pertinence, saisi les intentions de l'auteur, bloquée parfois par cette langue magistrale. J'en suis cependant sortie avec l'impression d'un énorme cri poussé, violent, féroce. Pour mieux libérer ses démons ?
Commenter  J’apprécie          40
Certains y voient un chef d'oeuvre, j'y ai plutôt vu une suite de mots balances au hasard dune obsession d'un cerveau dérangé par la violence, le sexe, la désobéissance. Si décrire est de mettre sur papier tout ce qui arrive dans sa tête, peut-être Est-ce une réussite, mais cette lecture laisse un mauvais goût et dérange.
Commenter  J’apprécie          20
Mon beau-père me fait parvenir Idiotie de Pierre Guyotat et sollicite mon avis. Il n'en dit pas plus sinon que je vais avoir du mal à lire ce récit rapidement. Est-ce un cadeau? J'ai envie de dire non. Plutôt un piège. C'est à se demander ce qu'il pense de moi.

J'ai tendance à penser qu'un artiste (de la littérature et autres) ne doit pas transiger avec son art. Si la langue française résonne comme il l'écrit dans la tête de Pierre Guyotat, alors, soit. La postérité viendra avec la reconnaissance populaire. Ou pas. Car Idiotie (je n'ai lu que ce récit de cet auteur) est avant tout un projet stylistique. Pour la lisibilité, la musicalité ou la beauté des phrases, veuillez passer votre chemin. Il n'y a aucune fluidité dans les lignes de ce texte. Je ne suis même pas sûr qu'Idiotie soit grammaticalement légal. Un comble d'obtenir un Prix de la langue Française.

Pour le sujet, il me fait l'effet d'un vieillard qui revient sur une période précise de sa vie, le passage à l'âge adulte entre misère et Guerre d'Algérie. Et, pour ce faire une idée le mot qui revient le plus souvent est « seins », suivi de près par « défécation » et son corollaire merdeux. Quand à comprendre les faits, cela relève de la divination. J'ai surtout l'impression d'un récit obsédé par la chair alors que justement le corps de Pierre Guyotat doit en être ou la chair ne répond plus.
La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/idiotie..
Commenter  J’apprécie          10
Quelques remarques à propos d'Idiotie, de Pierre Guyotat.
On en sort évidemment assez bouleversé. Mais quel genre de torsion, de défiguration, de trouble ce livre fait-il subir à la langue, et à la syntaxe en particulier ? Tout au présent, l'élision des articles ou d'autres mots habituels de liaison, les incises prolongées, parfois, qui développent une image, une idée, à l'intérieur d'une phrase ou d'une séquence, pour en rattraper le début beaucoup plus loin, quand on a presqu'oublié l'amorce, voilà quelques-uns des outils de sabotage employés. Il en résulte un style heurté, chaotique, presque désarticulé, haletant, mais puissamment visionnaire, grâce à une accumulation, une juxtaposition de substantifs, et parfois d'adjectifs qui les déterminent, produisant à la fois un effet de brouillage de ce qui se passe, et une intensification des visions, un creusement, un approfondissement des sensations, qui les font saillir dans une succession d'éclats, d'arrêts sur image, si bien que ces petites sensations, ces tropismes, comme aurait dit Nathalie Sarraute, prennent une densité considérable, obsédante, chatoyante, tout en demeurant dans l'ombre d'une indistinction, d'une incomplétude et d'un inachèvement volontairement troubles, parce qu'on les sait liés aux états survoltés du personnage focal, du « je » à travers les yeux et le corps de qui nous vivons ce qui est vécu : une errance frénétique et misérable dans le Paris d'après-guerre, suivie par un long séjour en Algérie, au coeur des absurdités de la guerre, dans la peau d'une jeune myope submergé par le désir, désirs d'amour, de sexe et de poésie mêlés, qui fusionnent en un désir d'humanité, un insatiable désir de vivre.
« …je maintiens mon regard sur le lieu interdit (un sexe féminin que vient caresser un doigt)… mais, depuis l'enfance je vis si intensément chaque vision, que de l'enraciner immédiatement dans une origine historique, métaphysique et de la prolonger presque simultanément dans une résolution ou une métamorphose future, je lui fais exploser son centre actuel, ainsi disparaît la vision à l'intérieur de moi, pour s'y transformer en objets de création et s'efface-t-elle de la réalité extérieure. » (Idiotie, p.224-225)
Commenter  J’apprécie          10
Très curieux de découvrir ce livre plusieurs fois récompensé en 2018. Mais j'ai vite été refroidi par l'ecriture très particulière et pas toujours très lisible surtout lorsqu'on est pas habitué à des écritures non classiques.
Au départ je me concentrais davantage sur l'ecriture que sur l'histoire.
Je comprends que le livre est obtenu le prix de la langue française.
Au fil de l'écriture je me suis habitué à ce rythme différent et finalement plutôt adapté à ce type d'histoire surtout les parties très sensuelles du livre. Les hommes aimant les femmes ne pourront être insensibles.
La partie sur la guerre d'Algerie est très prenante et ne peut laisser indifférent.
Si vous aimez être bousculé par vos lectures tentez l'experience de ce roman sinon je vous conseillerai plutôt de passer votre chemin.
Commenter  J’apprécie          10
Un livre à la « mode » inintéressant au possible et en'u
Commenter  J’apprécie          10
Pierre Guyotat, je n'avais jamais osé car on me l'avait présenté comme illisible mais on m'assure que le dernier est ‘plus facile', tu peux essayer. Alors j'y vais.
Lire un livre de cet écrivain, c'est pénétrer dans un monde inconnu où les mots, les phrases prennent des tournures inhabituelles mais qui, si vous vous laissez faire, vous entrainent dans un véritable tourbillon.
Il s'agit de sa vie entre se dix huit et vint deux ans. Vie de bohème après avoir fuit le domaine familial et rejoindre Paris qu'il parcourt de long en large pour oublier la faim qui le tenaille. Son errance donne naissance à cette écriture instantanée qui, sans aucunement ressembler à un automatisme, fait surgir les mots à la vitesse de la pensée qui même confuse, ressemble à quelque chose qui tend vers la poésie.
La deuxième partie nous entraine en Algérie où incorporé comme tant d'autres, il va se révolter contre l'ordre établi et payer cher de sa personne.
Ce livre nous donne à lire des pages absolument magnifiques où nous sommes plongés dans un maelstrom de mots, de phrases qui nous emportent tels des vents ou des vagues immenses et même si nous ne comprenons pas toujours ce qu'il veut dire, l'accompagner vaut la peine de se laisser aller. Il y a quelques longueurs, quelques passages où les répétitions, les obsessions lassent un peu mais même si on passe vite, on aura vécu un immense moment de littérature.
Commenter  J’apprécie          10
Ayant reçu le prix Médicis 2018, je me suis intéressé à cet ouvrage. Mais je n'ai pu "lire" que jusqu'à la page 50, et j'ai surtout lu des mots séparés, avec l'étrange impression de ne pas lire des phrases complètes. Ça parle de sexe et de sensualité, mais on ne sait pas trop où on est, quels sont les personnages, de quoi ça parle. Ça se veut poétique mais c'est vraiment trop sophistiqué pour être lu. Je ne recommande vraiment pas.
Commenter  J’apprécie          00
J'ai tenu 9 %, mais pas plus , c'est carrément illisible, Les mots semblent avoir été tirés dans un chapeau dans le désordre en espérant que leur assemblage aléatoire pourrait constituer un texte qui tiendrait debout !
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (156) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1734 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}