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3,76

sur 368 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
fascinant, cet homme est un héros, on l'oublie facilement. Son témoignage est incroyable, une vérité qui fait encore mal de nos jours. Ce livre résume sa vie et sa perception des choses, son désir de rétablir la vraie situation de la Pologne dans ces années de guerre et son "mauvais rôle" dans la shoah
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Un récit à lire absolument!

Articulé en trois grands chapitres, on découvre d'abord le témoignage de Jan Karski face à la caméra de Claude Lanzmann dans son film Shoah. Quel est l'intérêt de lire ce chapitre plutôt que de voir le documentaire?
Le talent de Yannick Haenel : il est un excellent spectateur. En effet il découpe, décrypte, sous-titre les paroles de Jan Karski. La valeur d'un silence, le sens d'un mot utilisé plutôt que de faire une phrase, la nuance entre les temps des verbes utilisés. C'est très instructif et tellement révélateur de la douleur et de la psyché de Jan Karski.

On passe ensuite à un petit condensé du livre qu'il a publié dès 1944, Histoire d'un Etat secret (réédité en 2004 sous le titre Mon témoignage devant le monde), dans lequel il a retranscrit tous ses efforts pour révéler au monde ce qu'il avait déjà confié aux "puissants" pendant la guerre.

Enfin, dans la troisième partie, Yannick Haenel se transforme en romancier et donne la parole, certes fictive, à Jan Karski, retrace son itinéraire de courrier de l'Armée de l'intérieur polonaise, son parcours dans le résistance polonaise et son combat pour faire entendre sa voix auprès des grands de ce monde pour sauver les Juifs.

On y trouve toute la difficulté de comprendre l'absence de réaction des puissances militaires, qui savaient, auraient pu intervenir et ont délibérément choisi de rien faire. Est-ce choquant de dire qu'elles ont été complices? Pas vraiment pour moi, puisque il s'agit bien de non assistance à personnes en danger. le pourquoi est plus dérangeant, l'hypothèse de l'auteur soulignant un antisémitisme bien plus présent que les pays ne voudraient le reconnaitre.

Une lecture très dure, brutale parfois, mais qui a le mérite de montrer que tout n'a pas encore été dit sur la seconde guerre.
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Jan Karski est un grand résistant polonais de la seconde guerre mondiale.
Il a risqué sa vie plus d'une fois pour informer les Alliés (à Londres et aux Etats Unis) de l'existence des camps de concentration et de la volonté des nazis d'exterminer les Juifs, missionné par le gouvernement polonais en exil à Londres.
Avant de délivrer son message, il s'est rendu 2 fois dans le ghetto de Varsovie où le spectacle de personnes qui avaient déjà perdu leur humanité l'a tant bouleversé qu'il entrera presque en transe quand il le racontera à Claude Lanzmann durant le tournage de Shoah.
Son message n'a pas été entendu : trop horrible pour être cru, incompatible avec la stratégie militaire, etc.
Jan Karski en restera blessé à vif toute sa vie, non pas sur le plan personnel mais par désespérance de l'abandon auquel a été soumis le peuple polonais dans son ensemble.
Professeur de faculté aux Etats-Unis où il vit en exil, ses étudiants découvriront qui il est vraiment et le convaincrons qu'il n'est pas responsable, bien au contraire, mais qu'il est témoin et qu'il a le devoir de faire connaître son témoignage. C'est également le sens de son statut de Juste.
Le récit s'articule en 3 parties : un extrait du témoignage de Jan Karski dans Shoah, des extraits choisis de son livre et une approche fictionnelle du cheminement des pensées de Jan Karski dans les années qui ont suivi la guerre, le silence qu'il a observé jusqu'au quotidien, les nuits sans sommeil, puis la révélation qu'il avait encore un rôle à jouer.
Ces 3 angles de vue sur l'épopée de ce grand homme apportent un plongeon en plusieurs dimensions sur le sujet et m'ont laissée exténuée par la tension que cette lecture procure, nauséeuse par les faits et les enjeux, fascinée par l'implication de Jan Karski qui s'est effacé en tant qu'homme pour essayer d'en sauver des milliers voire des millions, qui de sa propre parole est devenu un catholique juif.
On ne peut que ressentir du respect devant une telle abnégation.
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Varsovie, 1942. La Pologne est dévastée par les nazis et les Soviétiques. Jan Karski est un messager de la Résistance polonaise auprès du gouvernement en exil à Londres. Il rencontre deux hommes qui le font entrer clandestinement dans le ghetto, afin qu'il dise aux Alliés ce qu'il a vu, et qu'il les prévienne que les Juifs d'Europe sont en train d'être exterminés.

Jan Karski traverse l'Europe en guerre, alerte les Anglais, et rencontre le président Roosevelt en Amérique. Trente-cinq ans plus tard, il raconte sa mission de l'époque dans Shoah, le grand film de Claude Lanzmann.

Mais pourquoi les Alliés ont-ils laissé faire l'extermination des Juifs d'Europe ?

Mon avis :

Un livre en trois parties : d'abord le récit de la séquence du film "Shoah" de Claude Lanzman dans laquelle Jan Karski apporte son témoignage. Puis le résumé du livre de Jan Karski sur son travail de messager pendant la Seconde guerre mondiale. Enfin, la partie romancée du livre dans laquelle l'auteur raconte la vie du messager polonais depuis le début de la guerre jusqu'à son apparition dans le film.

Certe, ce livre insiste sur l'indicible de la Shoah et la non-compréhension de ceux à qui le messager porte son message ; sur l'aveuglement volontaire des Alliés qui ne voulaient pas intervenir civilement mais préféraient des cibles militaires, permettant aux nazis de continuer leur oeuvre d'extermination.

Certe, l'auteur insiste sur le fait que le messager devient petit à petit le message que personne n'a voulu entendre, condamnant des milliers des personnes à la mort.

Certe, l'auteur revient sur le massacre des généraux polonais de Katyn injustement attribué à Hitler alors que ce sont les soviétiques qui ont orchestrés la fin de l'armée polonaise.

Mais en lisant ce livre, une phrase me revient en tête, celle d'"Ubu roi" : "l'histoire se passe en Pologne, c'est à dire nulle part". Mon impression est que dans ce livre, l'auteur a tenté de montrer que la Pologne n'est pas ce "pays nulle part" mais un bel et bien un vrai pays de résistants, contrairement à ce que l'histoire officielle veut nous le schématiser.

Je ne rentrerai pas dans la polémique suscitée par ce livre, car ce que je retiens, c'est la phrase de Claude Lanzman à Jan Karski : sur le mémorial de Yad Vachem, il y a surtout des noms de justes polonais.

L'image que je retiendrai :

Celle d'un homme hantant les coulisses du pouvoir mais ne pouvant expliquer ni faire comprendre l'indissible.

Lien : http://motamots.canalblog.co..
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A travers le récit de la vie de Jan Karski, ce livre pose la question : Mais pourquoi les Alliés ont-ils laissé faire l'extermination des juifs en Europe ?
A Varsovie, en 1942, Jan Karski est un messager de la résistance polonaise auprès du gouvernement en exil à Londres. Il rencontre deux hommes, des résistants juifs, qui le font entrer clandestinement dans le ghetto afin qu'il dise ce qu'il a vu aux alliés et qu'il les préviennent que les juifs d'Europe sont en train d'être exterminés.
Ce qu'il voit dans le ghetto est au-delà de l'insupportable, du concevable : Une deshumanisation extrême qui le marquera, le révoltera, le culpabilisera, lui le Juste, pour toujours.
Jan Karski traverse l'Europe en guerre, alerte les anglais, rencontre le président Roosevelt. On l'écoute, il écrit un livre sur la question en 1944 mais il dérange, personne ne souhaite sauver les juifs d'Europe. Les Anglais craignent que l'envoi des réfugiés en Palestine gêne leurs desseins dans cette région, les Américains ne considèrent pas cette question comme prioritaire, les Soviétiques n'y pensent même pas.
Trente-cinq ans plus tard, surmontant son malaise, en pleurs, Karsky raconte sa mission de l'époque dans Shoah, le film de Claude Lanzmann.
Ce livre qui mêle les moyens du documentaire et ceux de la fiction, est remarquablement construit. Dans un style sobre, il nous sidère. Yannick Haenel qui brille habituellement dans des romans alliant volupté, déprime, érotisme et un certain lyrisme politique se met ici au service de son sujet : il nous transmet avec force et nous fait partager son questionnement.

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L'histoire :
Jan Karski est un des grands témoins de la shoah.

En tant que résistant polonais son rôle était de témoigner de l'extermination du peuple juif qui était en cours.
Afin d'être un messager convaincant, il ira voir de ses propres yeux l'intérieur du guetto de Varsovie et d'un camp de la mort.
Marqué au plus haut point par ses images, il n'aura de cesse de réveiller la conscience du monde et notamment des alliés.

Ce roman que l'on peut qualifier de docu-fiction se déroule en trois temps :

En premier, on découvre le Jan Karski que Claude Lanzmann a filmé dans "Shoah", un homme marqué par son passé et par ce message qu'il n'a pas réussi à faire entendre.

En second, c'est le Jan Karski de ses propres mémoires, celui qui revient plus précisément sur son ressenti devant l'indiçible et sur le poids qui a pesé sur ses épaules.

Le dernier temps est romancé par Yannick Haenel. Il y évoque l'homme qu'est devenu Jan Karski à partir de son arrivée aux Etats Unis et comment, des dizaines d'années après, il se retourne sur ce passé.

Mon avis :
Comme je l'avais dit lors de précédents billets, je ne suis pas une adepte de ce qui touche à l'histoire.
Je manque de connaissances et en règle générale, ça m'ennuie.

Là, j'ai été happée dès les premières pages(...)
Lien : http://www.livr-esse.com/art..
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Incroyable! Incroyable histoire, et magnifique récit!
La première partie nous restitue l'émotion, intacte, de Jan Karski, insoutenable, lors qu'il doit une fois encore raconter ce qu'il a vu de ses propres yeux dans le ghetto de Varsovie. D'autres récits, témoignages écrits cachés retrouvés depuis ou même images corroborent les faits décrits par Jan Karski. Cependant, c'est son impossibilité à supporter ou accepter l'inacceptable qui nous renvoie à nos propres émotions, à notre humanité.

La deuxième partie nous emmène dans un incroyable récit, presque rocambolesque, n'étaient les tortures et disparitions des proches de Jan Karski. Cette deuxième partie est consacrée aux voyages de Jan , devenu émissaire de la résistance polonaise vers les puissances occidentales. Elle nous permet une fois encore de ressentir l'urgence à transmettre les informations aux grandes puissances seules capables de sauver les Juifs d'un anéantissement.


La dernière partie, où Yanick Haenel fait parler Jan Karski m'a tout d'abord semblée faible, fabriquée. Mais rapidement, j'ai compris qu'elle était la parole de Yanick Haenel lui-même, au nom de tous, de tous ceux qui veulent comprendre comment tout ceci a pu arriver, et tentent de ne pas se voiler la face.
Face à Roosevelt : " Au bout d'une heure, je n'avais plus qu'une idée en tête, m'échapper... J'avais affonté la violence nazie, j'avais subi la violence des Soviétiques, et voici que je faisais connaissance avec l'insidieuse violence américaine... Une violence qui vous exclut par la surdité, par l'organisation d'une surdité qui empêche tout affrontement... Chaque fois, dans les pires conditions, j'avais réussi à m'échapper. Mais comment s'évade t-on d'un canapé? En sortant ce soir-là de la Maison Blanche avec l'ambassadeur, j'ai pensé qu'à partir de maintenant c'était ce canapé qui allait régner sur le monde, et qu'à la violence du totalitarisme allait se substituer cette violence-là, une violence diffuse, civilisée, une violence si propre qu'en toutes circonstances le beau nom de démocratie saurait la maquiller".
Le récit continue, fiévreux, mettant en cause les alliés qui savaient tout mais ont fait de la résistance à leur façon pour éviter d'accueillir cette nombreuse population de malheureux.
La fin de cette troisième partie nous emmène dans un lieu où l'homme est seul, face à sa responsabilité. " Personne n'échappe à cette abjection qui partage les hommes entre ceux qui meurent et ceux qui donnent la mort... Car il y a les victimes, il y a les bourreaux, mais il y a également ceux qui sont à côté, et qui assistent à la mise à mort... C'est à partir du moment où un vivant éprouve sa distance avec un homme qu'on met à mort qu'il faitl'expérience de l'infâmie."
La grande question posée est celle de l'humanité, et il termine en disant qu'il a fait l'expérience de l'impossible, qu'une partie de lui est morte au spectacle de toutes les exactions commises, mais "qu'on peut redonner vie à la parole par la parole". "Parler, c'est faire en sorte que tout ce qui est mort redevienne vivant, c'est rallumer le feu à partir de la cendre... Je crois que si l'on ne s'arrêtait plus de parler, si la parole pouvait coïncider avec la moindre parcelle de notre existence, et que chaque instant ne soit plus que parole, alors il n'y aurait plus de place en nous pour la mort."
Au final, ce livre est profond, humain, de toute beauté.

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C'est un peu sur la pointe des pieds que je suis entré dans ce livre : sa triple construction (d'abord le compte rendu du témoignage de Karski dans le film "Shoah"), puis un récit de sa vie (écrit à partir de sa vie) et enfin une dernière partie fiction, cette construction donc m'avait un peu dérouté. Une fois attaquée la deuxième partie, véridique, on est happé, et la dernière partie, dont Karski est le narrateur, nous fait entrer de plain pied dans l'âme de celui qui fut (pour de vrai) le messager de la résistance polonaise, chargé d'alerter le monde sur l'extermination des Juifs. Un livre captivant, qui interroge L Histoire, le poids des mots et du silence, l'incapacité des mots face à l'horreur.
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J'ai cessé de ressasser mon histoire comme un désastre personnel, j'ai arrêté de me considérer comme une victime ; j'ai commencé à voir ce qui m'était arrivé comme une expérience plus générale, liée au XXe siècle, c'est-à-dire à l'histoire du crime. Au fond, j'avais fait l'expérience de la fin de ce qu'on appelle l' »humanité ». Il faut faire attention avec ce mot, disais-je à mes étudiants, peut-être même n'est-il plus vraiment possible de l'utiliser, parce qu'il a servi d'alibi aux pires atrocités, on l'a employé pour couvrir les causes les plus abjectes, et cela aussi bien du côté occidental que du côté communiste.

Décliné en trois parties : la première est le témoignage de Jan Karski dans le film de Claude Lanzmann « Shoah », la deuxième est un résumé du livre écrit par jan Karski et publié en 1944, quant à la troisième est une fiction s'appuyant sur la vie de Jan Karski.
Ce roman n'en est pas vraiment un raconte donc le vécu de Jan Karski devenu un messager de la résistance polonaise pendant la seconde guerre mondiale.
Un message humain sur les atrocités qu'il a vu voir et vivre lui-même, Yannick Haenel analyse la vie de ce héro à travers les sentiments que Karski aurait pu ressentir à la vue de ce désastre en cours. Un témoignage fort qui nous en apprend davantage sur la résistance polonaise et sur cet homme qui fut le premier témoin de l'extermination des juifs d'Europe et qui essaya, mais en vain, de délivrer son message aux forces alliées.
Un bel hommage !

Lien : http://www.stemilou.over-blo..
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Magnifique livre, essentiel témoignage sous le prisme de Yannick Haenel. Jan Karski est un homme passionnant qu'il faut bien écouter, pour comprendre, le passer, le présent et le futur. Un témoignage essentiel.
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