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sur 157 notes
Il y a quelques années déjà, j'ai visité à Ottawa la superbe exposition "Caravaggio et les peintres caravagesques à Rome". J'ai été séduite. Puis, un passage à Malte m'a permis d'admirer "La Décollation de saint Jean-Baptiste" à la cathédrale Saint-jean de la Valette. Encore une fois j'étais éblouie.
Alors quand #NetGalley proposa le titre "La solitude Caravage", j'ai levé la main, j'étais curieuse.
Je ne connais pas du tout l'auteur, Yannick Haenel et je dois vous avouer que les premières pages ...ouf...me portaient plutôt à laisser tomber la lecture. le ton, pour moi était verbeux, introspection, analyses qui n'en finissaient plus. Ça ne me disait rien de bon. Jusqu'à ce que l'on entre dans le vif du sujet: Caravage.
Ado, l'auteur découvre le peintre , la sensualité, la sexualité avec le portrait de Judith avant de savoir que c'était Judith décapitant Holopherne. Mais c'est ainsi que le Caravage et l'érotisme se sont présentés à lui.
On nous raconte Caravage presque tableau par tableau. Il nous présente un peintre plus contemporain que ses contemporains, actuel, immensément talentueux et tout autant controversé. Il nous explique toute cette lumière dans le noir, la relation du peintre avec Dieu, l'irrévérence présente dans ses toiles malgré le sujet. C'est érudit, c'est détaillé, c'est bien commenté. On sent l'auteur de ce livre amoureux du Caravage.
On y explique aussi toute la liberté qui caractérise sa peinture et le naturel avec lequel il s'exprime et liberté, puissance et solitude semblent aller de pair chez le Caravage.
Une vie tourmentée, l'exil, une mort venue trop tôt, mais il nous lègue toutefois "le monde entier qui scintille sur ses toiles" .
Merci à #NetGalley pour cette lecture.
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Je viens de parcourir ce livre, en passant de nombreuses pages, mais en ne l'abandonnant pas tout à fait. Haenel me fait prendre conscience que ma passion pour la peinture s'est lentement mais sûrement émoussée pour ne pas dire tarie. Pendant de nombreuses années, j'ai eu la chance de visiter les musées à travers le monde. Parfois il m'arrivait de rester plusieurs heures devant un tableau précis pour me fondre dans la toile. Je me souviens du film de Akira Kurosawa « Rêves » où l'on voit un visiteur pénétrer dans un paysage de van Gogh. Et bien c'est un peu ce que je ressentais à ces moment-là. Je me souviens avoir été en arrêt devant une vierge à l'enfant au musée des beaux-arts de Lyon. Un petit maître du quattrocento dont j'ai oublié le nom. Mais cette jeune vierge avait des allures toutes botticelliennes. La manière dont ces peintres du quattrocento avait l'habitude de peindre les voiles translucides recouvrant la poitrine et la tête de Marie m'a toujours profondément troublé. J'en parlais longuement à l'époque avec mon thérapeute. Tout comme Haenel devant la Judith du Caravage, j'ai moi aussi longuement fantasmé devant la sensualité de certaines oeuvres, mes sens me plongeant alors dans un émoi indicible.
Pourtant, le livre de Haenel n'a plus grand-chose à voir avec mes préoccupations culturelles actuelles. Je le déplore mais ma passion pour la peinture a fait place à autre chose. Même s'il m'oblige à fouiller dans les souvenirs d'une époque de ma vie maintenant révolue. Quelques toiles me reviennent en mémoire...
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En sortant de l'église Saint-Louis-des-Français, après avoir admiré encore une fois, les tableaux de la chapelle Contarelli, une petite étape à la librairie française me fait découvrir ce livre de Yannick Haenel, avec en première de couverture un détail de Judith et Holopherne, la belle Fillide Melandroni, modèle de Judith et de Madeleine. Comment résister?

Il faut lire lentement cette magnifique vision caravagesque qu'offre à ses lecteurs Yannick Haenel, partant de ses fantasmes d'adolescent devant le visage et la poitrine tendus de Judith -- mais il ignorait alors à quelle action mystérieuse elle se livrait -- pour trouver son aboutissement à Malte devant la Décollation de Saint-Jean Baptiste, avec cette unique signature de sang que laisse le Caravage, au temps proche de la fin de sa trop courte vie.

Et tout au long de ce livre, le lecteur découvrira la densité de la vie de cet artiste extraordinaire, en cheminant en compagnie de Yannick Haenel à la recherche de la vérité, celle qu'il trouve entre ombre et lumière, entre le rouge et le noir des tableaux du Caravage.

Bien plus qu'une énième biographie du peintre, Yannick Haenel entraîne ses lecteurs dans une méditation où l'érotisme, le profane, le dissolu côtoient le mystère, le sacré, dans une quête mystique de l'auteur pour atteindre Dieu, comme il pense que le Caravage l'a fait à travers ses peintures de Lazare, de la Vierge, de Sainte-Catherine, Saint-Matthieu, sur le chemin d'Emmaüs ou dans les bas-fonds de Rome, Naples, Malte.

Idéalement lu avec à proximité un autre livre permettant de visualiser les tableaux cités, le texte de Yannick Haenel permet au lecteur de sentir le parfum des corbeilles de fruits caravagesques, de percevoir l'érotisme des angelots et surtout de la troublante Judith qui vous fait courir aussitôt au Palazzo Barberini afin de s'imprégner encore de cette lecture que l'on voudrait ne jamais terminer et qui reste en mémoire pour être parcourue encore à la première occasion de voir ou revoir une ou plusieurs des oeuvres de l'immense Caravage.
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Un ouvrage très érudit qui prend pour point de départ une passion nouvelle pour un tableau du Caravage. Ensuite, les chapitres alternent entre histoires de la vie du peintre et descriptions commentées de ses tableaux.
Un texte extrêmement bien écrit, d'une érudition fine et agréable, qui donne très envie de (re)voir ces tableaux. Par contre c'est une lecture très intellectuelle que j'ai trouvée un peu longuette par moments...
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Caravagio ! Caravagio ! Caravagio !

Son seul nom évoque le voyage, le croisement des épées, la rue, les prostitués et les voyous de Rome. le Caravage est tout cela, mais il est aussi un cri ; celui d'un marginal, artiste maudit avant Baudelaire, Van Gogh ou Camille Claudel, dont le regard nous plonge dans les ténèbres pour y trouver le salut. C'est cela que nous raconte Yannick Haenel dans son ouvrage publié chez Fayard.

La plume subtile et riche de Yannick Haenel nous livre l'histoire du peintre italien né à la fin du XVIème siècle. L'intérêt de la vie est d'aller au-delà de ce qui est lisible ; la recherche de la vérité. Ainsi, lancé dans cette quête, Haenel passe d'un tableau à l'autre, les inscrit dans la vie de l'artiste et livre son interprétation avec passion.

« Il y avait un fauve là-dedans. »

Tout commence par un Caravage équivoque, passionné et incontrôlable, tel un feu follet emporté par son propre génie et qui se ressource à force de beuveries dans les tavernes et les mauvaises fréquentations des ruelles les plus sombres.

Qu'a-t-il de si extraordinaire, ce jeune arrogant ? C'est qu'il peint autrement ces sujets que tant d'autres artistes ont produit avant lui. le Caravage détourne et se moque. Il présente des corps dont « l'éclat sauvage » crée une tension nouvelle et inégalée. Son trait est brillant, révolutionnaire.

« L'ivresse est une éthique. »

Pour obtenir un tel résultat, son travail est intense. Aussi le peintre, consommé de l'intérieur, brûle la nuit son existence dans la débauche, jusqu'à un crime qui l'entraînera dans l'exil jusqu'à La Valette.

Incapable de rentrer dans le rang, malgré ses efforts, il dérape. Poursuivant ses frasques, Caravage continuera de peindre et devra échapper aux émissaires des Chevaliers de Malte. Son travail devient plus profond et sombre jusqu'à sa mort en 1610. L'artiste génial consumé par son oeuvre (soixante tableaux) et son humanité déchirée est jeté dans une fosse commune, loin de ses mécènes et admirateurs, misérable et paria.

« En usant mes yeux la nuit sur ce corps désiré, je mettais le feu à ma vie — ça s'était allumé, ça n'en finirait plus. »

Ce livre raconte aussi la manière dont Haenel a découvert et vécu avec Caravage. Comment, adolescent, il découvre un visage, celui d'une femme et elle devient l'objet ses fantasmes sans qu'il connaisse l'identité du peintre ni le tableau d'où ce beau visage était tiré. Quel malentendu ; plusieurs années après, il tombe sur un tableau du peintre, où il reconnait sa belle. Elle se nomme Judith. La voilà qui trucide froidement et tranche la chair d'Holopherne. Son amour de jeunesse est donc une tueuse ! Il apprendra plus tard que le modèle est une courtisane pour laquelle le peintre commettra (peut-être) son crime.

Qui aime Caravage l'aime absolument. Ses toiles sont comme des cailloux blancs qui traversent la vie de Haenel. Ce livre est aussi celui de son obsession pour le peintre italien. Sa fascination est telle qu'il est capable de parcourir l'Europe sur un coup de tête pour une exposition pour contempler les toiles originales. Il déchiffre, compare, organise un dialogue entre toutes ces oeuvres, analyse chaque coup de pinceau, chaque ride, tel détail sur un fruit, l'agencement des corps, la draperie rouge, la transparence d'un vase, la forme d'un noeud.

« On était invité brutalement entre Dieu et le néant. »

Mais que peut trouver Haenel dans ces tableaux de Caravage qui mérite autant d'attention ?

C'est que ces oeuvres ne sont pas une simple représentation de la vie à travers telle ou telle scène fameuse ou tel portrait. Non, Haenel y trouve une réalité plus authentique que la vie elle-même, un message dont la nature va changer au fil des tribulations d'un Caravage de plus en plus violent, en quête d'anéantissement. le noir dans son oeuvre n'est pas une fin en soi, ou juste une esthétique, mais plutôt il dévoile un itinéraire, une quête du spirituel et de vérité. La révélation de l'invisible.

« Dieu n'est pas puritain. »

Caravage n'est pas qu'un peintre, il est sa peinture. Et quand il plonge dans les ténèbres de la débauche et du crime, le noir profond de ses tableaux espère cette lumière du Christ qui vient trancher comme une épée de feu. La bouche ouverte du Caravage, sujet de ses tableaux, est l'effarement de l'homme devant ses failles.

Sa peinture se nourrit d'une vie pleine, dangereuse et inconvenante. Elle sait la violence de notre humanité et tout son tourment. Elle nous révèle que l'homme est à la fois bourreau, témoin et martyr et que toute existence est dramatique, tout autant qu'elle peut être sublime.

Hors la nuit, la peinture est factice. En quête de sens et d'absolu, Caravage transgresse les conventions. Il rejette la morale. Il emploie son feu intérieur, hanté par son crime, pour mieux s'abandonner au rédempteur, ce Christ qui en premier a traversé l'obscurité de la mort.

Voilà pourquoi un autre titre aurait pu tout aussi bien aller à ce splendide ouvrage et hommage de Yannick Haenel : La passion Caravage.

Thomas Sandorf

Merci à Netgalley et aux Editions Fayard qui m'ont permis de découvrir cet auteur et ce très précieux livre.
Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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Très gros coup de coeur ! La passion de Yannick Haenel pour Caravage est touchante. Je suis moi aussi allée à l'expo du Jacquemart André et à Milan pour l'expo Dentro Caravagio, je ne peux que regretter de ne pas y avoir croisé Yannick Haenel, pour partager cette passion commune. Sa fabuleuse écriture nous emporte dans son émotion. On en redemande !
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L'art du critique d'Art...
De quoi s'agit il ? de l'auteur Yannick Haenel ou du peintre le Caravage ?

J'ai lu quelques critiques de ce livre faites par mes camarades Babelio , plusieurs d'entre eux insistent sur l'écriture passionnée de l'auteur , ses emportements mystiques, ses envolées lyriques… ce n'est pas particulièrement flatteur pour l'auteur, le but n'est pas atteint , le lecteur regarde l'écriture à distance mais ne souscrit pas. Yannick Haenel parle de sacré, le mot n'est plus en vogue, mais, des chevaux des grottes de Lascaux jusqu'à aujourd'hui, le sacré n'a pas disparu, les mystères ont changé de formes mais le questionnement demeure.

Le critique d'art opère de la même manière que le critique littéraire, parle t'on de Proust sans parler de sa mère , de Céline sans parler de sa médecine... Haenel démarre bien son livre, il fait le récit de ce portrait de Judith qui le hante à 15 ans et poursuit avec sa vie réelle dans les galeries romaines, on accroche tout de suite , une peu dommage qu'il ne continue pas sur le même mode .

Pourquoi s'intéresser à une oeuvre ? Haenel le dit sans honte: “je ne me suis jamais intéressé à une nature morte, celles de Chardin me plaisaient mais avant tout parce qu'elle plaisait à Proust…”
Un souvenir personnel d'un cours d'art plastique ou le prof découvrait devant nos yeux de 16 ans la reproduction d'une nature morte de Zurbaran : “Nature morte aux citrons et oranges avec une rose” de 1633, la description qu'il en fit nous mena tous plus ou moins à l'éblouissement. le contact a eu lieu , je fus sensibilisé définitivement aux natures mortes..

“La Corbeille” du Caravage , même chose, une peinture extraordinaire, regardez là bien, ce n'est pas une question de bien peint ! on s'en fout , ce n'est pas la ressemblance non plus avec la réalité, imaginez une photo du même panier avec les mêmes fruits, bof ! plat ! Je suis rentré dans ce tableau par la reconnaissance immédiate de la feuille de figuier racornie, j'ai les mêmes dans mon jardin. (l'acuité de l'oeil du Caravage)
Mais écoutons Haenel: “Dans La Corbeille rien ne manque, l'accomplissement s'y accomplit. Quelque chose vibre à travers ces nuances qui nous donne le LA de toute présence...Le Caravage n'a- t -il pas déclaré que peindre un tableau de fleurs et de fruits lui coûtait autant de travail qu'un tableau de figures, ce qui chaque fois est en jeu dans une oeuvre du Caravage relève du coup de dé” … “J'ai les doigts collants quand je regarde cette corbeille. L'oeil est mûr. le soleil fait du vin … J'en ai disposé une petite reproduction à mon chevet si bien qu'en me réveillant c'est elle que je regarde en premier. La faveur dort à mes côtés. le favorable est la dimension de l'amour”.

A ceux qui trouve Haenel passionné, trop passionné et n'adhère pas , voulez vous l'entendre sur les lignes géométriques du tableau.. du liant au blanc d'oeuf et des pigments….

Haenel fait fort dans sa description de Judith et Holopherne ”en fixant son chemisier humide de sueur, je devinais la pointe durcie de ses seins...le corps de cette femme m'ouvrait à un avenir sensuel.. il me captivait et en la contemplant je reprenais vie…” . “En feuilletant des livres des oeuvres du Caravage, je faisais connaissance avec un monde à la fois très ancien et très neuf ou vie et mort se mêlent en un mystère d'abîme."

Enfin le tableau de “La conversion de St Paul” , on voit d'abord un immense cheval et un homme à terre, puis un enchevêtrement de pieds et de sabots, le peintre aux pieds sales disait -on du Caravage. A terre l'homme, officier romain, est le persécuteur des juifs, devenu aveugle à l'instant. Tout autour un fond noir. Haenel pour comprendre se penche sur les Actes des apôtres: “Saül se releva de terre mais quoiqu' il eût les yeux ouverts, il ne voyait rien, en ne voyant rien, c'est bien le néant qu'il voit - et en voyant le néant il voit Dieu.
Bref, dit Haenel” il n'y a pas d'action dans ce génial tableau du Caravage...être témoin de ce néant c'est devenir saint. Dieu ne peut pas être vu.. La défaillance est parfois profitable; en elle s'ouvre un accueil. Paul recouvre la vie lorsqu'il consent à faillir”

Yannick Haenel explique sa démarche d'observateur.. “En écrivant ce livre, je cherche à préciser une émotion. Ce qui n'est pas précis existe à peine, il faut que les mots trouvent leur chair. le monde est un nid de détails; et si nous ne parvenons pas à désigner ces étincelles sensuelles, non seulement elles nous échappent, mais elles appauvrissent notre désir, qui peu à peu s'efface… et bientôt inexistant “
Oui, un excellent bouquin de critique d'art sur un peintre oublié pendant deux siècles.





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De Yannick Haenel, je n'avais lu que son controversé "Jan Karski". Aujourd'hui, je viens de terminer "La solitude Caravage". Celui-ci me semble constituer un personnage idéal pour un bon roman. Génial, énigmatique, violent, peignant des chefs d'oeuvre avec une rapidité phénoménale, il a laissé une oeuvre immense et originale, qui est aujourd'hui très aisément reconnaissable. Et pourtant il a été presqu'oublié pendant près de trois siècles !
De très nombreux critiques d'art ont étudié ses tableaux. Yannick Haenel, lui aussi, les commente avec intelligence. Mais l'écrivain essaie d'aller plus loin, en entrecroisant le destin du peintre avec sa propre vie. Ainsi, le roman commence dans la grisaille du Prytanée militaire où le jeune Yannick a réellement passé des années très mornes. Broyant du noir dans ce pensionnat, il découvre un détail de l'époustouflant tableau "Judith et Holopherne" de Caravage: en fait, il peut voir seulement la fascinante figure de Judith… dont il tombe amoureux (comme ça peut arriver à un collégien) et dont le souvenir gouvernera sa future vie amoureuse... Cependant, l'auteur ne persiste pas très longtemps dans la perspective de ce brillant début. La suite parait plus convenue, avec l'évocation de ses visites d'expositions, le récit des étapes de la vie du Caravage, ainsi que de brillants commentaires sur ses tableaux. Ceux-ci - évidemment empreints de subjectivité - sont pertinents, mais... ils exigent du lecteur une grande concentration pour saisir la pensée de Yannick Haenel. A ce sujet, j'ai été un peu agacé par l'abus des italiques (tic de professeur ?).
Dans ces conditions, il va de soi qu'une iconographie manque cruellement dans cette édition. Mais ce n'était pas un problème pour moi, puisque je disposais déjà d'une monographie illustrée consacrée à la vie et à l'oeuvre du Caravage - ce qui m'a paru vraiment indispensable. Au final, je dirai que j'ai trouvé ma lecture très intéressante dans l'ensemble.
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Yannick Haenel est un auteur que j'adore. le livre "La solitude Caravage", qu'il a fait paraître en 2019, est un petit bijou. Il y décrit sa passion dévorante pour l'oeuvre du grand peintre italien. Cette passion naît à l'adolescence, période pendant laquelle le jeune Yannick se morfond dans un pensionnat sinistre. Il se réfugie dans les livres et découvre un jour la beauté vénéneuse d'une femme peinte au XVIè siècle par le Caravage. Il s'agit d'une figure biblique, celle de Judith. Cette image l'ensorcelle, lui fait connaître ses premiers émois érotiques. Dans de courts et passionnants chapitres, l'auteur tente de percer les secrets du génie. Yannick Haenel sait merveilleusement partager l'amour qu'il porte à ce peintre en quête d'absolu. La vie incroyablement romanesque du Caravage (plusieurs fois emprisonné, courtisé par les plus grands princes de son époque...) est passionnante mais c'est surtout la force de son art qui est mise en avant. L'auteur nous offre une réflexion passionnante l'acte de création.
Lien : http://inthemoodfor.home.blog
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A quinze ans, Yannick Haenel étudie au Prytanée de la Flèche et découvre une partie d'un tableau du Caravage : Judith décapitant Holopherne. Ignorant qu'il s'agit d'une mise à mort, il ne voit que le beau visage d'une jeune femme. Celle-ci va être la porte qui va lui permettre, au fil des années, d'entrer dans l'univers du peintre.
Ici, la biographie de Caravage est brièvement évoquée car le propos de l'auteur est autre. C'est une méditation sur l'oeuvre du peintre. Des premiers tableaux (Le Petit Bacchus malade, Garçon à la corbeille de fruits, Bacchus) au Martyre de Sainte Ursule qui est l'oeuvre ultime, le cheminement de l'artiste est clair. Yannick Haenel écrit : "par son art, le peintre s'efforce de se rendre présent aux temps sacrés, il éclaire le monde depuis l'invisible auquel l'ouvre la peinture." La vie tumultueuse du peintre et son oeuvre ne se contredisent pas. "C'est à ce pays spirituel aussi sombre qu'efficace que la peinture du Caravage nous invite; et si le crime y est prégnant, c'est parce qu'il ne saurait exister de grâce sans qu'en même temps le malfaisant ne se jette sur vous."
De Milan à Porto Ercole, une vie se dessine, une oeuvre aussi. On y voit un artiste brillant être tour à tour protégé et rejeté par les Grands de ce monde. Souvent, il fuit. Traqué, il ne cesse jamais de peindre L Histoire sainte en donnant la part belle à la figure du bourreau et en se représentant lui-même, épouvanté certes, mais de plus en plus proche du Christ.
L'intensité et la grandeur de la peinture du Caravage nous sont rendues avec magnificence par la plume de Yannick Haenel qui égrène pour nous de profondes méditations sur l'oeuvre de génie du célèbre artiste.
Une belle lecture.
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