AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,86

sur 135 notes
5
2 avis
4
7 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un livre que je n'aurais certainement jamais ni acheté, ni lu si on ne me l'avait offert. de Gisèle Halimi je connaissais les combats – celui du droit à l'avortement, de la reconnaissance du viol comme crime - son positionnement en faveur de l'indépendance de l'Algérie…
Je connaissais peu la femme, la mère, la fille. le récit commence par la chute d'Edouard, le père, le premier homme de sa vie. A travers l'histoire de sa famille mais surtout le lent déclin de cet homme inspirant, Gisèle raconte comment elle s'est construite, comment enfant elle a rejeté la religion, un carcan dans la vie des femmes, comment la Tunisie et le mixage culturel a façonné son désir ardent de liberté et de justice sociale. Edouard et Fortunée, malgré les menaces, les punitions – et tout leur amour ! - ne pourront pas empêcher leur fille de s'engager très tôt dans des luttes qui les dépassent.
C'est plusieurs décennies d'histoire qu'elle narre avec une plume ample, un style de grande qualité qui rend le récit fluide et très agréable à lire. L'avocate se livre sans détours, alterne les petites anecdotes parfois très drôles avec des pans de l'Histoire du XXème siècle qui nous rappellent les heures sombres de la décolonisation. On croise ainsi des personnages célèbres, Simone de Beauvoir et Sartre, Simone Veil, Edgar Faure et Jacques Chirac – certains sont légèrement égratignés, d'autres sont dépeints comme plutôt sympathiques malgré les divergences idéologiques.
Gisèle Halimi, une femme courageuse, sûre de ses combats et engagements, tiraillée entre sa vie de mère et sa passion de la justice. Une amoureuse aussi, une femme libre. Très attachante mais parfois agaçante, car elle ne lâche rien, prend des risques, en fait courir aux autres mais dont la ténacité a souvent permis que l'injustice soit réparée, le préjudice reconnu, la condamnation à mort évitée.
Les dernières pages sont particulièrement émouvantes et évocatrices pour chaque lecteur ayant des parents vieillissants.
Un très beau récit que je suis ravie d'avoir découvert.
Challenge MULTI-DEFIS 2021
Commenter  J’apprécie          200
De tous les hommes qui ont joué un rôle important dans la vie de Gisèle Halimi, il y en a un qui en a occupé la place centrale, assis sur un trône glorieux et indéboulonnable. Pour preuve, il n'y a qu'à ses pieds que Gisèle Halimi acceptait de s'asseoir. Comme pour bien des femmes, cet homme, c'est le père, Edouard. Un homme élevé à son époque dans les lois de son pays et de ses traditions religieuses où les femmes sont rangées bien en-dessous mais qui pour l'amour de sa fille a su « grandir » dans son coeur et dans sa tête. Avant d'être un récit d'avocate retraçant les grands procès qui ont jalonné sa brillante carrière, c'est sur un récit de fille endeuillée que s'ouvre ce récit autobiographique. Edouard est atteint d'un cancer incurable et vit ses derniers instants. Gisèle va essayer de faire de ses derniers moments des pages de souvenirs lumineux pour pallier lors du jour funeste la perte et l'absence. Alors, elle s'emploie à lui décrocher la légion d'honneur et à faire de chaque instant passé une petite pièce de puzzle dessinant la page de ce bonheur familial ouverte sous le soleil de Tunis dans les années soixante. Ce puzzle, c'est ce recueil autobiographique de moments de vie tour à tour grave et drôle à la fois. On parcourt au fil des pages la vie de cette fillette butée mais courageuse, brillante et rusée qui ne lâche jamais. Des rues de Tunis où les codes traditionnels l'écrasent avant qu'elle ne les piétine, du racisme qu'elle endure jusqu'à la rendre plus forte, aux bancs de la Sorbonne où elle fera ses preuves jusqu'à se faire sa place au barreau. Elle ne travestit jamais sa pensée ou ses idées : des plaidoiries à haut risque en Algérie à la lutte féministe auprès des deux fameuses Simone, de la défense de Marie-Claire Chavelier, mise en accusation pour avoir avortée aux procès anticolonialistes dont le point d'orgue sera celui de Djamili Boupacha, on découvre le parcours d'une femme admirable qui a su à chaque fois casser les codes non pas seulement dans son propre intérêt mais surtout pour emporter d'autres hommes et d'autres femmes dans son envol pour la liberté. Une très belle leçon de démocratie, d'altruisme et d'intelligence doublée de paragraphes plus intimes où la petite fille pour dire adieu à ce papa adoré fait briller une dernière fois tous ses souvenirs lumineux où s'incruste le sourire d'un homme admiré et chéri jusqu'au dernier instant.
Commenter  J’apprécie          110
Une personnalité intéressante : Gisèle Halimi n'est pas seulement une féministe de combat, c'est aussi l'avocate des procès d'Alger, une jeune tunisienne issue d'un milieu plutôt traditionnel qui a su prendre son envol très tôt. Elle raconte sa vie dans un désordre chronologique charmant. Elle a rencontré Coty, De Gaulle, Giscard, Chirac et Mitterrand (recours en grâce), nagé avec Bourguiba, fréquenté Sartre et Simone de Beauvoir... mais son grand homme: c'est Edouard, son père, le magicien.
Tendresse familiale, combats militants, passion du Droit. C'est une autobiographie passionnante et une collection de portraits intéressants
Commenter  J’apprécie          80
Le lait de l'oranger est un récit autobiographique dans lequel Gisèle Halimi retrace les faits marquants de son enfance et de sa carrière.
Elle évoque son père et la structure familiale construite autour de traditions ancestrales. Elle décide d'écrire ce récit lorsqu'elle comprend que son père est gravement malade.

Elle raconte comment elle s'est construite en s'autorisant à sortir du cadre dans lequel elle était "rangée" . Elle veut une vie de femme libre et elle devra combattre, être persévérante, ne pas plier face au racisme et au sexisme pour se faire une place. Elle prendra des risques professionnels et personnels pour défendre ses idées et défendre des individus que la société s'apprête à condamner sans un procès équitable.

C'est une histoire et une femme inspirante, un récit très bien écrit.

SI je ne mets que 3,5 étoiles, c'est parce que j'ai lu il y a quelques mois Une farouche liberté et que j'ai trouvé de nombreuses redondances. Je m'attendais à lire une autre partie de sa vie et de ses combats.


Commenter  J’apprécie          70
C'est le 3eme livre que je lis de grande G. Halimi et à chaque fois je suis époustouflée par sa force !
La force de ses convictions, de son parcours, de son caractère ! Elle n'était pas toujours simple, têtue, bornée au delà du raisonnable mais toujours en phase totale avec les combats de sa vie. Ici Gisèle nous parle d'Édouard, le magicien. Son père. Comme avec son livre sur Fortunée, dit Fritna, sa mère, on entre dans son intime, ses peurs, ses colères, sa Tunisie. Gisèle nous parle de sa famille, de ses amours, de ses paradoxes de mère, de femme.
Avocate, elle donne une grande place au procès d'El Halia à Alger. 8 ans de sa vie. Dans ce récit autobiographique, elle évoque aussi son combat au droit à l'avortement, à ériger le viol en tant que crime. Elle les rencontre tous : VGE, Chirac, De Beauvoir, Sartre, Veil etc elle a sur eux un regard sans complaisance, honnête, sans faille. Et toujours son père autour d'elle, la Tunisie, son rejet de la religion, son envie de liberté, d'indépendance, elle accompagne son père jusqu'au bout, le médaille et le rend fier !
Force et tendresse dans ce livre !
Commenter  J’apprécie          30
Un voyage d'une femme libre tout au cours du XX° siècle

Quand on vécu certains de ses combats de loin, on comprend encore mieux toutes les avancées depuis les années 1950, mais rien n est acquis

Ce qui est très intéressant c'est aussi l immersion dans le milieu juif de Tunisie avec toutes ses traditions et entorses à celles-ci
Commenter  J’apprécie          21
Le décès de Gisèle Halimi il y a quelques mois m'a donné envie de lire ses livres pour connaître davantage cette figure du mouvement féministe, dont au final je connaissais assez peu d'éléments de sa vie, de son parcours hormis les grands combats et causes qu'elle a portés.

Et dans ce livre elle raconte plus particulièrement des éléments de sa vie liés à son enfance tunisienne, ses origines et notamment ses parents et l'influence qu'a eu leur éducation et sa grande admiration pour son père.

C'est passionnant et éclairant, car cela nous permet de saisir davantage cette personnalité hors du commun.

Ainsi, j'ai notamment lu avec beaucoup d'intérêt les pages où Gisèle Halimi s'interroge sur la nature du féminisme, sur les relations homme-femme et en particulier au sein du couple.
Mais aussi ses tiraillements entre sa carrière et ses combats, accaparants, et ses aspirations et frustrations de mère, d'épouse et d'amante contrainte parfois de sacrifier ce volet de sa vie pour mener à bien la mission qu'elle s'était donnée.

Un éclairage également sur ses engagements contre la guerre d'Algérie, aux côtés des victimes de la répression et de la torture, sur ses prises de positions et défenses contre des victimes de viol et en faveur de l'avortement.
Ce qui, dans une France des années 50 et 60 conservatrice et corsetée, l'amène à parfois douter de ce pays des Lumières et des libertés que, jeune, elle avait idéalisé au travers de ses lectures des grands auteurs français.

Leçon de courage et leçon de vie.

Un livre sans nul doute à lire et qui n'a pas pris un ride.
Commenter  J’apprécie          21


Lecteurs (475) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1712 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}