Alors qu’Haïkel approchait avec détermination ses mains du corps inerte de Tara, les yeux rivés sur les veines pourpres, il sentit soudain une lame d’acier glacée se poser dans le creux de son cou.
« Enfin, te voilà. »
Haïkel se raidit. Il ne voyait pas son adversaire caché dans son dos. Cependant, il avait très bien senti la nuance de joie et de menace dans sa voix pétrifiante.
Tout à coup, il sentit l’épée se décoller de sa peau et devina que son ennemi reculait pour lui permettre de se retourner, ce qu’il fit sans attendre : il reconnut alors Thèce, que Victor avait déjà vu une fois, à travers Nina.
En découvrant le missionnaire face à lui, Haïkel ne put s’empêcher d’avoir un frisson : pourtant légionnaire, Thèce avait des ailes de feu aussi imposantes que les siennes. Le buste droit, la mâchoire serrée, il jouissait incontestablement d’une supériorité physique, façonnée par son passé de guerrier et amplifiée par le sang de Tendor.
Extrait HAGEN, 2. Convoitises, Chapitre 17
À présent, au bout de deux-cent-trente-six longues années, les faits lui montraient qu’il avait eu raison de ne pas douter. Elle était là, en personne, allongée sur la méridienne, si belle qu’elle eût pu asservir le plus redoutable adversaire d’un simple regard ; d’apparence si douce, avec son teint de lait et ses cheveux or rejetés contre le coussin. Et elle le regardait en souriant, de son regard d’impératrice, comme si elle avait déjà gagné, comme si rien ne pouvait l’arrêter, comme si elle était reine et que la Sphère était son royaume.
Qu’il aimait cela en elle, Fiork ; et oubliant totalement Grégory et Sini qui s’étaient éclipsés devant lui après des salutations auxquelles il n’avait pas répondu, il la contemplait sans décrocher un sourire, d’un regard dur et froid, mais jubilant intérieurement du retour de la seule qui, à ses yeux, rendait ce monde intéressant.
Extrait HAGEN, 2. Convoitises, Chapitre 14