Il arrive quelquefois que parmi les livres lus, il y en ait un qui nous arrête tout net, qui nous fait tout remettre à plus tard. On ne s'arrêtera plus de le lire jusqu'au dernier mot. Et même à ce moment là, on reprendra encore les passages qui nous ont fait vibrer, qui nous ont émus, … Une fois sa lecture terminée, c'est un peu comme quand de bons amis nous quittent, on voudrait les empêcher de partir, mais il faut se résigner …
A la fin du petit livre (100 pages) de
Hélène Hanff, on est dans cette situation : on voudrait faire durer le plaisir, on voudrait encore être au moment où on le prenait en main pour le commencer.
Ce petit roman bâti sur un échange épistolaire qui dura près de 20 années , de 1949 à 1969, est une pure merveille.Qui aurait pu imaginer qu'en mettant bout à bout, et dans l'ordre chronologique , les lettres échangées entre l'auteur et le responsable d'une librairie londonnienne , on donnerait vie à une véritable petit chef d'oeuvre.
Nous sommes en 1949, la guerre a laissé sur le vieux continent ses stigmates .
A New-York, ville opulente,
Hélène Hanff, prise par la passion de la lecture, ne vit pas sur l'or. Comment combiner alors son goût pour les (beaux) livres sans se ruiner complétement ?
C'est en lisant une petite annonce qu'elle trouve alors la solution :faire appel à un « bouquiniste » réputé de Londres ,Marks and Co., et situé au 84, Charring Cross Road.
Commence alors un échange de lettres, dont au fur et à mesure du temps qui passe, le style évolue ; de la lettre polie et officielle par laquelle elle passe sa première commande, on passe de manière douce et quasi imperceptible à des lettres au style plus direct, moins emprunté ; petit à petit les relations commerciales laissent le pas à d'autres relations, plus familières, plus amicales, presque intimes,…
Et malgré la distance qui séparent les deux correspondants , ils finissent par se connaître fort bien : ils s'inquiètent de la santé de l'un d'eux, ou de leurs proches, se félicitent, se réconfortent, se confient leur vie, s'entraident, s'inquiètent,…
Tout cela avec un humour très particulier, américain ou britannique, selon les origines de l'auteur de la lettre.
Hélène Hanff finit par connaître tout le monde à la « boutique », et promet de venir un jour… peut-être en 1953, si tout va bien,…
Mais ce n'est qu'en 1971, à la suite de la publication de ces lettres, qu'elle mettra enfin le pied en Angleterre.
Son correspondant est décédé quelques années plus tôt, et le magasin n'existe plus.
Mais son livre fait un réel tabac. Ses lettres, leurs lettres, ont touché le coeur et l'âme de ceux qui les ont lues, projettant par la même occasion
Hélène Hanff sous les feux du succès : après la parution de son livre, un feuilleton en est iré, puis un film avec Anthony Hopkins et
Anne Bancroft.
Ce petit livre est un bijou, qui plaira à coup sûr à tous ceux qui aiment lire et qui aiment les livres.L'ayant à peine terminé, je me suis empressée de le faire découvrir à des amis : ils l'ont tous adoré.
Pour moi , de tout ce que j'ai lu pour le Grand Prix, c'est 84, Charring Cross Road, qui vient largement en tête. Ne serait-ce pas là le plus bel hommage ( hélas,posthume) à cette femme attachante que fut
Hélène Hanff.
Ma note :20/20