Massacre. Dans la Ville, dans la vie.
Massacre des hommes, de l'Homme avec un grand H.
Des attentats, des morts, de la peur. du sang, partout, à chaque coin de rue, sur chaque survivant, dans chaque mémoire, chaque souvenirs.
C'est une horreur qu'on ne connaît que trop bien. le parallèle, tout le monde le fera, le saisira, y repensera avec effroi.
Chacun reconnaîtra ce réveil, comme une gueule de bois, les yeux vidés de ce qu'ils voient, les pensées confuses, hésitantes entre un rêve abominable et un mauvais cauchemar.
Les slogans, les marches, la foule. Les rires qu'on continue d'avoir, les terrasses qu'on continue de remplir, les concerts qu'on continue d'aller voir, l'émotion nous serrant la gorge.
Mais dans ces
massacres, Anne Hansan s'intéresse à un autre, plus silencieux, plus discret, plus sournois. Tandis que les bombes explosent à chaque coins de la ville, ici le
massacre se distillent lentement.. tic tac tic tac tic tac. le vase se remplit, goutte par goutte, et finit fatalement par déborder. ▫️
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Nous quittons la Ville pour l'Entreprise où nous faisons la connaissance de Charles Blanchot, cadre supérieur réputé et respecté de tous.
Archétype du salarié parfait : on l'imagine bien peigné notre Charles, raie sur le côté, chemise repassée, tirant sur sa cravate et souriant de toutes ces dents blanchies récemment.
Charles écoute tout le monde, encourage. Il irradie de bienveillance en même temps qu'il progresse de résultat.
Et comme chaque réussite, celle-ci appelle la jalousie. Couronne sur la tête, Guillaume Leprince ne rêve que de cela.
Et alors qu'une histoire de place de parking ébranle Charles, il ne se doute pas que sa chute ne fait que commencer. ▫️
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Véritable fable, critique d'une société où le capitalisme et le profit sont poussés à l'extrême, c'est sans jugement, et en évitant de nombreux travers qui aurait été bien trop simple, qu'
Anne Hansen réussit à nous l'écrire.
On perçoit, très clairement, l'ironie du système actuel, l'hypocrisie des rapports qu'elle y décrit, mais c'est à nous lecteur de tirer nos conclusions. Personne n'est désigné responsable dans ce
massacre du 21ème siècle qu'elle nous raconte.
L'Entreprise est désormais une machine, et lorsqu'un grain de sable vient l'enrayer, on souffle, il disparaît. Aussi simple que cela.
La roue tourne. L'étoile chute. Les rouages se mettent en place les uns après les autres, à une vitesse qui nous effraie.
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D'une écriture prenante, on suit cette chute, le malaise grandissant, persistant.
L'effet boule de neige mis en place, on voudrait le stopper, nous demandant jusqu'à quel point cela peut aller ? Jusqu'à ce que Charles nous livre sa réponse, comme un point final brutal qui transperce le papier. ▫️
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À lire absolument, mais pas le matin en allant vers la votre d'entreprise !
Terriblement actuel.
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