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EAN : 9782268100661
216 pages
Les Editions du Rocher (05/09/2018)
4.1/5   5 notes
Résumé :
« Trois semaines auparavant, cent cinquante personnes avaient été massacrées dans la Ville. Pour rien et par hasard. »
Charles Blanchot, cadre supérieur dans l'Entreprise, est responsable d'un projet de réorganisation. Élément prometteur et zélé, il s'élève dans la hiérarchie grâce à ses projets réformateurs. Des progrès qui précèdent une chute tout aussi rapide, dévoilant une violence réelle et quotidienne. C'est le roman d'une décomposition et d'un forfait,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
D'un coté il y a la Ville.

La Ville qui vit sous la terreur d'une époque où on meurt d'aller boire un verre en terrasse.

La Ville où ses habitants doivent s'habituer de devoir côtoyer cette peur du vivre ensemble.

De l'autre, il y a la puissante, la grande Entreprise. La broyeuse de destins. L'abri de grandes espérances et de terribles désillusions.

Au milieu, il y a des hommes et des femmes. Qui vivent. Qui espèrent. Qui aspirent à s'élever.

Il y a aussi la contrée neutre, loin de la ville ou la nature repose.

Vous l'aurez compris, Anne Hansen, dans ce premier roman qui prend les allures d'une fable tragi-comique, offre un parallèle entre la société et le monde en entreprise.

On assiste au massacre de notre belle humanité dans un ouvrage incisif et tranchant. Apre.

Lecture qui ne laisse pas son lecteur serein une fois le livre refermé. L'auteur arrive à créer un climat d'oppression, d'inéluctable qui dérange profondément tout en décrivant une réalité de la vie en entreprise.

L'histoire de Charles, salarié et mari aimant, ne m'a pas laissé indifférent. Loin de là.

Ce massacre de l'individu, au profit de la fameuse Entreprise laisse un goût amer en bouche. Un malaise persistant.

Une lecture qui laisse songeur. Qui donne même des sueurs froides…
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Une histoire de souffrance au travail, celle d'un homme qui peu à peu se vide de son énergie vitale, seul au milieu de tous. En parallèle, quelques tableaux d'une ville où le quotidien des gens et leur état d'esprit change après un attentat. Moralité que j'en tire: on se fait à tout, malheureusement... Et c'est pour lutter contre cette tendance que je vous incite à lire ce livre.

Premier roman d'Anne Hansen. J'ai pu le découvrir dans le cadre d'une opération Masse critique de Babelio, que je remercie ainsi que les Éditions du Rocher.

Le thème de la souffrance au travail n'est certes pas original pour inspirer un roman. Celui-ci décrit la chute d'un homme, écrasé par le poids d'une structure qu'il a lui-même mise en place. Drame qui parfois arrive à celui qui atteint son « niveau d'incompétence », rendu célèbre par Laurence Peter. Ou plutôt, dirais-je, drame de celui que les cadres de son entreprise laissent atteindre son niveau d'incompétence sans accompagnement, sans bienveillance. le plus frappant, dans cette histoire-ci, c'est de voir l'isolement frapper l'homme par petites touches inéluctables, y compris au sein de son foyer. La conséquence finale est remarquablement décrite; sa simplicité est effroyable.

L'Entreprise, dont la direction supérieure est savoureusement nommée la Pyramide, se situe au sein d'une Ville qui a connu des attentats. Ceci n'a qu'une place marginale dans le livre, mais cela permet à l'auteur quelques parallèles sur la réaction des gens face à la violence ainsi que sur leur résignation. Comme je l'écrivais en introduction, c'est une raison pour laquelle je vous inciterais à lire ce récit, même si son thème n'est pas neuf: il ajoute son petit poids de sensibilisation à cette plaie de la société moderne qu'est la souffrance au travail, mal insidieux dont le nombre de victimes est colossal et qui n'est pas encore pris suffisamment au sérieux à mon sens.

Et puis je vous incite à lire ce livre pour encourager Anne Hansen dans son travail d'écriture. J'avoue avoir froncé les sourcils plus d'une fois dans les premiers chapitres car les (trop) nombreuses incises m'ont paru nuire à la fluidité du texte, m'obligeant à de déplaisants retours en arrière dans ma lecture. Si c'était fait exprès, ben ça ne m'a plu, na ! Heureusement (pour moi), la fluidité s'améliore rapidement au fil du texte et l'impression finale que le texte m'a laissée était très positive !

Une fois n'est pas coutume, je terminerai mon commentaire sur ce livre par un mot sur son aspect. Enlevez la jaquette et admirez: trois petites lignes de couleur suffisent à transformer une banale couverture blanche en une oeuvre d'art ! Magnifique de simplicité, en harmonie avec le choix du papier ! Et un joli à plat de couleur pour prolonger le plaisir en ouvrant le livre ! C'est beau comme le costume de Paul Smith que je rêve de m'offrir un jour. Bravo aux graphistes !
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Massacre. Dans la Ville, dans la vie. Massacre des hommes, de l'Homme avec un grand H.
Des attentats, des morts, de la peur. du sang, partout, à chaque coin de rue, sur chaque survivant, dans chaque mémoire, chaque souvenirs.
C'est une horreur qu'on ne connaît que trop bien. le parallèle, tout le monde le fera, le saisira, y repensera avec effroi.
Chacun reconnaîtra ce réveil, comme une gueule de bois, les yeux vidés de ce qu'ils voient, les pensées confuses, hésitantes entre un rêve abominable et un mauvais cauchemar.
Les slogans, les marches, la foule. Les rires qu'on continue d'avoir, les terrasses qu'on continue de remplir, les concerts qu'on continue d'aller voir, l'émotion nous serrant la gorge.
Mais dans ces massacres, Anne Hansan s'intéresse à un autre, plus silencieux, plus discret, plus sournois. Tandis que les bombes explosent à chaque coins de la ville, ici le massacre se distillent lentement.. tic tac tic tac tic tac. le vase se remplit, goutte par goutte, et finit fatalement par déborder. ▫️
▫️
Nous quittons la Ville pour l'Entreprise où nous faisons la connaissance de Charles Blanchot, cadre supérieur réputé et respecté de tous.
Archétype du salarié parfait : on l'imagine bien peigné notre Charles, raie sur le côté, chemise repassée, tirant sur sa cravate et souriant de toutes ces dents blanchies récemment.
Charles écoute tout le monde, encourage. Il irradie de bienveillance en même temps qu'il progresse de résultat.
Et comme chaque réussite, celle-ci appelle la jalousie. Couronne sur la tête, Guillaume Leprince ne rêve que de cela.
Et alors qu'une histoire de place de parking ébranle Charles, il ne se doute pas que sa chute ne fait que commencer. ▫️
▫️
Véritable fable, critique d'une société où le capitalisme et le profit sont poussés à l'extrême, c'est sans jugement, et en évitant de nombreux travers qui aurait été bien trop simple, qu'Anne Hansen réussit à nous l'écrire.
On perçoit, très clairement, l'ironie du système actuel, l'hypocrisie des rapports qu'elle y décrit, mais c'est à nous lecteur de tirer nos conclusions. Personne n'est désigné responsable dans ce massacre du 21ème siècle qu'elle nous raconte.
L'Entreprise est désormais une machine, et lorsqu'un grain de sable vient l'enrayer, on souffle, il disparaît. Aussi simple que cela.
La roue tourne. L'étoile chute. Les rouages se mettent en place les uns après les autres, à une vitesse qui nous effraie.
▫️
▫️
D'une écriture prenante, on suit cette chute, le malaise grandissant, persistant.
L'effet boule de neige mis en place, on voudrait le stopper, nous demandant jusqu'à quel point cela peut aller ? Jusqu'à ce que Charles nous livre sa réponse, comme un point final brutal qui transperce le papier. ▫️
▫️
À lire absolument, mais pas le matin en allant vers la votre d'entreprise !
Terriblement actuel.
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Ce livre une fois refermé hantera longtemps ma mémoire. Je l'ai lu d'une traite, emportée par la spirale qui emportera Charles. La vie de Charles peut ressembler à la notre et chaque lecteur se reconnaîtra. Espoirs ordinaires, compromis et compromissions, petites manoeuvres et ...... le a chute.
Le style de l'auteur, sobre, précis et incisif. le récit est court, puissant et marquant.
J'ai adoré cet ouvrage reçu grâce à l'opération Masse Critique.
Merci aux Éditions du Rocher qui m'ont permis de découvrir Massacre, premier roman et belle réussite d'Anne Hansen.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
On allait s’habituer aux massacres, on les intégrerait aux données d’avenir, les sociologues en étaient sûrs. Il existait, dans l’arsenal des ressources de défense des humains, un sentiment de dernière extrémité, qui portait un nom harmonieux, arrangé en un décasyllabe joliment altéré. L’ « Épuisement compassionnel » ne tarderait pas à se changer en une indifférence résignée, et l’on n’aurait plus assez de larmes, plus assez de révolte, pour poser de nouveau des lumières de plastique sur les pavés des places meurtries.
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[La fête d’entreprise] ne manquait jamais de débuter par une prise de parole sans cérémonie des Responsables de service, qui félicitaient des efforts passés et réaffirmaient leur foi en l’équipe, dont ne doutait pas « qu’elle relèverait encore, dans les mois à venir, de nombreux challenges, et tendrait toujours plus vers l’excellence ». Ce constat anticipé semblait, à chaque fois, plonger l’orateur dans un état d’euphorie et de profonde satisfaction rappelant celui de la mère de famille qui embrasse d’un œil humide la grappe de bambins bien peignés et souriants, réunis pour lui rendre hommage à l’occasion d’une fête en son honneur.
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Caroline n’insista pas pour qu’il les accompagne, comme chaque fois à présent qu’elle avait l’occasion de se soulager de sa présence, sans pour autant de se départir de cette affabilité chargée d’indifférence plus cruelle pour lui qu’une vraie solitude.
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Désormais entrés en état d’urgence, ils étaient en droit de passer outre certaines lois de l’Entreprise, telles que l’ « esprit corporate », qui ne s’imposait qu’en temps de paix.
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La place qu’on s’est faire ne met en aucun cas à l’abri de la chute, tant il est difficile de plaire encore quand on a beaucoup plu.
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Video de Anne Hansen (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anne Hansen
Le temps d'un café, Anne Hansen nous raconte sa frénésie pour l'écriture et l'expérience du premier roman écrit à la suite du traumatisme des attentats du 13 novembre 2015. Un parallèle réussi entre la violence dans les États et la violence dans l'Entreprise.
« Trois semaines auparavant, cent cinquante personnes avaient été massacrées dans la Ville. Pour rien et par hasard. » Charles Blanchot, cadre supérieur dans l'Entreprise, est responsable d'un projet de réorganisation. Élément prometteur et zélé, il s'élève dans la hiérarchie grâce à ses projets réformateurs. Des progrès qui précèdent une chute tout aussi rapide, dévoilant une violence réelle et quotidienne. C'est le roman d'une décomposition et d'un forfait, celui de la violence qui écrase un salarié sous les regards de ses semblables, témoins impuissants ou indifférents jusqu'au désastre final. L'histoire de Charles est une comédie, celle tragique des gens ordinaires, lorsqu'ils s'essaient au combat.
Anne Hansen est romancière. Massacre est son premier roman.
Journaliste : Marie-Clothilde Bailbé / Réalisation : Jonathan Vayr
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