Avec Nelly, la révolte gronde.
Mais c'est Claire qui prendra les armes.
*
Le style de
Nelly Harrau est celui d'une auteure de seize ans lorsqu'elle commença d'écrire.
Pas de poésie, pas de phrases sucrées, pas de lyrisme.
Que des mots bruts. Des mots âpres. Des mots modernes. Des mots de tous les jours.
Les mots d'une rebelle. Les mots d'une désemparée. Les mots d'une Claire déstructurée qui n'a pas connu d'amour. Une jeune fille qui a souffert de l'absence de ses parents.
C'est une histoire. C'est un drame. Ce sont une suite de plusieurs drames qui vont traverser la vie presque toute neuve de cette gamine de seize ans.
Comme si Claire était née sous la plus mauvaise étoile. Comme si dès le départ, elle avait déjà perdu toutes les douces lumières de son enfance,
Qu'elle n'ait pas eu le temps d'apercevoir à l'aube de sa vie, les lueurs éclatantes de l'espoir, de l'envie, du désir.
*
L'amour n'est plus et ne sera plus.
L'amour n'aura jamais été pour Claire.
La violence, la haine, le dégout de soi ont fait table rase dans son coeur.
Claire ne respire déjà plus. Claire va bientôt mourir. Trop jeune pour mourir.
Son sort est scellé. Personne ne pourra la sauver.
Seul Guillaume semble avoir une grande tendresse pour elle.
*
Trop de mépris, trop d'humiliation, trop de malveillance, trop de souffrance.
Trop bafouée, trop souillée, trop salie.
Trop de mots « Trop », alors que la vie pour elle ne faisait que commencer.
La rage, la colère, bientôt la mort comme une délivrance sont devenues ses meilleures alliées.
*
Claire va donc à jamais serrer les dents.
Va fermer très fort ses petits poings, les doigts figés dans la pâleur de leurs crispations.
Claire va verrouiller son âme. Tous ses sentiments se gripperont, jusqu'à la rouille des désillusions, des chagrins et de la détresse.
*
Un oiseau se pose sur une branche.
Face à ma fenêtre à barreaux.
Il lâche une fiente verdâtre.
Il vient de salir mon paysage.
Et j'ai des envies de meurtre,
De lui arracher le cou,
De le déplumer vivant.
*
Nelly Harrau a écrit une histoire effrayante par ses tragédies, dont certaines auraient pu être les siennes.
Dont certaines sont vraies et été vécues par des dizaines d'autres jeunes filles comme Claire.
Toutes ces filles qui se sont trouvées, très jeunes confrontées à la violence de la vie.
Des gamines innocentes qui se sont prises d'énormes claques en plein visage. Des grandes baffes que leur assénait le destin et dont ces filles n'en comprenaient pas le pourquoi.
L'auteure a su aiguiser ma curiosité jusqu'au bout, en dévoilant petit à petit le vrai désastre de Claire.
Même si j'ai trouvé la fin du roman vraiment trop cruel pour être réel…
*
« Les ombres glacées qui viennent te marquer le visage
C'est que des bruits de clés à tous les étages
C'est des envies d'ailleurs qui passeront jamais le grillage
C'est des hommes qui pleurent dans des lits trop sages
Là-bas c'est un monde à part et sans toi
Là-bas c'est une vie comme tu n'en veux pas
Là-bas le temps se fige
C'est même pas qu'on t'oblige
C'est comme ça là-bas »
https://www.youtube.com/watch?v=CleCcN6mARQ