Du punch, de la dérision, de l'ironie, de la tendresse, du talent, telle père, telle fille. See you Jules Clement.
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On était le 21 juin, jour de solstice, la première journée de travail de Jules depuis presque un mois. Une journée bonne et mauvaise, comme les verres à moitié pleins ou à moitié vides, le premier jour de l’été et le plus long de l’année. La lumière était dorée, le temps radieux, mais il était coincé dans une voiture de patrouille. C’était l’été, donc en principe les gens n’allaient pas déraper sur des routes verglacées, ou mourir de froid, ou s’entre-tuer dans des accidents de chasse, mais c’était aussi l’époque des vacances scolaires et de l’auto-stop facile, donc celle où tous les cinglés rappliquaient, fuyant les villes stériles et les plages tropicales surchauffées.
La semaine précédente, Jules, qui envisageait une petite échappée improvisée, avait vu dans le supplément voyage du New York Times une photo des Absaroka Mountains et un titre qui disait : « Montana : profitez-en pendant que ça dure ». Une partie du comté de l’Absaroka était décrite comme « Hollywood-sur-Yellowstone » et Jules, le cœur serré, s’était dit que c’était râpé. Les vacanciers de tout le pays semblaient déjà être descendus, ou montés, vers le Montana. Les hôtels de Blue Deer, quatre mille habitants environ en temps normal, en hébergeaient au moins mille de plus les jours d’été. Peut-être même plus encore : Jules n’écoutait jamais très attentivement aux réunions de la chambre de commerce.