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3,58

sur 93 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Même si ses parutions les plus célèbres prennent pour décor le Rwanda où il été reporter de guerre ( Une saison de machettes en 2005) , le romancier Jean Hatzfeld n'oublie pas qu'il a également été un journaliste sportif, émérite particulièrement observateur, en explorant le monde du sport dans plusieurs de ses romans

Ainsi, Jean Hatzfeld prend de la hauteur et fait croiser la destinée de quatre sportifs de haut niveau dans son roman Deux mètres dix. qui vient de sortir en poche.

D'un côté, deux femmes, championnes de saut en hauteur et de l'autre, deux hommes, champions d'haltérophilie lors de deux compétions qui se déroule pendant les jeux 1980 à Moscou et en 1984 à Los Angeles . Deux de ces champions sont issus de l'Union soviétique (mais khirghizes) deux autres sont américains.

En pleine guerre froide, on voit que le sport va se méler de géopolitique et que les portraits de ces quatre sportifs sont bien plus profonds que ce qu'ils pourraient sembler être de prime abord, l'auteur mélant petite et grande histoire avec ambition et a propos.

Ce sont de véritables épopées romanesques avec un vrai sens de la narration et un vrai suspens que décrit Hatzfeld décrit entre fiction et réalité, en s'attardant longuement sur les descriptions des épreuves et des compétitions. Parfois un peu confus - et pas assez compréhensif pour un lecteur qui n'aurait aucune notion de sport, ce "Deux mètres dix" qui fait joliment rimer sport avec politique et poésie, reste d'une belle ambition et mérite largement la lecture.

Un très bon roman sur le sport, à la manière de ce que fait un Vincent Duluc dans un style certes quelque peu différent .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Deux mètres dix, c'est la limite encore jamais franchie en saut en hauteur féminin.
Dans le monde du sport de haut niveau des années 80, le roman fait le portrait de quatre athlètes : deux sauteuses en hauteur et deux haltérophiles. A chaque fois, l'un des deux est soviétique, l'autre américain. Les exploits sportifs y sont partie prenante de la guerre froide entre les deux blocs, mais sans jamais passer devant les objectifs patriotiques. Les boycotts des Jeux de Moscou puis de ceux de Los Angeles ont donc des conséquences sur les victoires et les défaites des uns et des autres, bien davantage que les performances sportives. L'auteur montre bien aussi les rivalités à l'intérieur même des républiques soviétiques, entre celles d'Europe et celles d'Asie.
Après leurs carrières respectives, Tatyana contacte Susan pour l'inviter chez elle au Kirghizistan et Randy part sur les traces de Chabdan Orozbakov, lui aussi kirghize.
La narration s'attache à chaque personnage et le suit des origines jusqu'à la fin de sa carrière et même encore après, lorsque le corps se souvient des excès, du dopage, et les fait payer, et lorsque la guerre froide n'est plus pour chacun qu'un souvenir qui pourrait presque être devenu insignifiant.
J'ai particulièrement apprécié le décor historique et géographique, mais j'ai aussi trouvé un peu dommage que les liens entre les quatre personnages ne soient pas davantage montrés, et que les échanges entre eux soient finalement trop rares.
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Encore un livre se rapportant au sport, et beau, et poétique, et passionnant !
Jean Hatzfeld raconte la compétition entre des athlètes américains et soviétiques, deux sauteuses en hauteur, puis deux haltérophiles, au tournant des années 70/80. En raison des boycotts de leurs pays respectifs, ils ne s'affronteront jamais aux Jeux Olympiques, mais se croiseront lors de quelques championnats -ou dans des visions, ou se retrouveront 40 ans plus tard.
Plus que de compétition pure, ce roman parle d'ouverture, de paix (de l'esprit) et de respect. Les Soviétiques sont des Kirghizes (et grâce à Hatzfeld, j'ai découvert un peu de leur culture et de leurs paysages), charmés par la décontraction yankee (pour la sauteuse), ou étonnés par la haine anti-communiste que leur vouent leurs adversaires américains (pour l'haltérophile).
L'auteur évoque les lendemains de gloire difficiles et les ravages du dopage, mais son écriture est éthérée, et ponctuée d'allusions au chamanisme, aux légendes d'Asie Centrale, et à la puissance de la Nature et des éléments. Brodé autour de sportifs de haut niveau fictifs et fascinants, c'est un récit court, léger et profond, une belle découverte !
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En pleine guerre froide, les grandes puissances de chaque camp utilisent aussi le sport pour montrer au monde la supériorité de leurs idéologies et systèmes politiques.
Des athlètes américains et soviétiques se préparent pour les Jeux Olympiques. Il leur faut notamment des prédispositions physiques, du talent (technique), le soutien des autorités sportives ou politiques, et un travail acharné.

Avec des allers-retours dans le temps, Jean Hatzfeld met en scène la progression, le succès, puis le déclin voire la chute, de deux haltérophiles et de deux sauteuses en hauteur de chaque camp.

Ce roman m'a parfois fait penser à « L'appel » a consacré au sauteur en hauteur Dick Fosbury, champion américain qui popularisa la technique du saut dorsal. le roman d'Hatzfeld, même s'il met en scène des personnages fictifs, est cependant beaucoup plus réaliste que celui de Fanny Wallendorf, montrant des aspects multiples de la vie de ces sportifs.

Bien qu'il dénonce le recours massif au dopage, l'auteur rend un très bel hommage à ces sportifs, à leurs efforts, et à leurs disciplines.
Le lecteur vibre avec les barres d'altères et celles de saut.

Merci à Babelio (opération Masse critique).
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Je dois cette lecture à Gwen21 dont le billet m'a donné furieusement envie.
Et aussi le thème de départ qui allie plusieurs de mes passions, l'histoire, et particulièrement la période de la guerre froide, et le sport. Si je suis assez sportive (j'ai longtemps pratiqué la natation, je fais régulièrement de la gym suédoise depuis plus d'une décennie et je cours toutes les semaines), je suis surtout une sportive du dimanche, comme on dit, ne cherchant pas la performance, même si je l'admire, mais aimant plutôt l'effort qu'exige la pratique sportive. Et un de mes plaisirs, tous les quatre ans, ou plutôt tous les deux ans depuis l'alternance, est de regarder les jeux olympiques. Je peux passer des heures avec le téléviseur allumé, regardant des disciplines aussi diverses que le tir à l'arc, la gymnastique, le plongeon ou l'athlétisme.

Dans ce récit, il est question d'athlètes de très haut niveau, des athlètes olympiques, deux sauteuses en hauteur, deux haltérophiles, les quatre oeuvrant au début des années 80, l'une des sauteuse étant américaine, l'autre kirghize concourant pour l'URSS; l'un des haltérophiles étant lui aussi américain, l'autre kirghize. Mais que s'est-il passé au début des années 80 et qui a pu bouleverser ces athlètes ? le boycott des Jeux de 1984 à Los Angeles du bloc de l'Est en réponse au boycott des Jeux de 1980 à Moscou des Américains. La carrière d'un sportif est relativement courte, quatre ans c'est très long.

Mêlant les petites histoires dans la grande, la grandeur d'un pays se mesurant également à la performance de ses athlètes, quel qu'en soit le prix, Jean Hatzfeld nous dépeint dans ce récit les vies tantôt réussies tantôt brisées de quatre sportifs dont on ne voulait voir que les performances et les sourires, sans penser qu'il y avait, derrières ces athlètes, des hommes et des femmes faits de fêlures, de chair et de sang. du dopage d'État aux hauteurs du Kirghizstan, l'auteur explore les failles de ces hommes et de ces femmes au service d'une propagande plus ou moins affichée, qu'on n'hésite pas à lâ(yn)cher une fois qu'ils n'ont plus d'intérêt.

Le roman offre des moments de vie de ses héros, naviguant entre passé et présent de manière plutôt morcelée ce qui peut être assez déroutant puisque le sentiment d'unité qu'on attend généralement d'un roman peut sembler absent. Ce fut pourtant pour moi une très bonne lecture, la découverte d'une plume et d'un écrivain.

Lu en avril 2022
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Je découvre avec plaisir l'écriture de Jean Hatzfeld grâce à un roman que j'ai apprécié mais que j'ai du mal à chroniquer parce que je trouve qu'il porte mal son titre. J'ai plutôt envie de l'appeler Qu'avons-nous fait de nos championnes et champions Olympiques ? parce que "Deux mètres dix" fait référence uniquement au saut en hauteur ce qui donne un certain déséquilibre car ce n'est pas la seule discipline évoquée. S'il s'agit bien du portrait de deux grandes sportives de saut en hauteur il y a aussi en échos celui de deux haltérophiles.
Le jeu de miroir met face à face une américaine et une soviétique qui se croisent sur les podiums et idem du côté masculin alors que ce qui rapproche les compatriotes soviétiques c'est leur origine du Kirghizstan, en Asie centrale. Parce qu'au-delà l'intérêt sportif dont l'auteur connaît parfaitement les coulisses, il y a celui du contexte géopolitique puisque cela se passe en temps de Guerre Froide qui se joue aussi sur les podiums.
On comprend que le dopage est pratiqué des deux côtés et que les intérêts du pays, à l'Est comme à l'Ouest, passent avant l'humain. Mais si la situation en URSS est détaillée avec l'envoi au Goulag de l'haltérophile accusé d'être un réfractaire politique pour avoir tenu un drapeau Kirghize sur la plus haute marche du podium, ce n'est pas le cas pour les États-Unis. On ne sait pas ce qui s'est passé pour que la championne américaine se retrouve dans le caniveau, SDF et alcoolique. Certes, on peut l'imaginer mais cela déséquilibre un peu le texte.
J'ai été particulièrement séduite par les descriptions des performances sportives et même époustouflée. Vous savez, c'est comme quand on assiste à une épreuve olympique on reste souvent scotché la bouche ouverte (enfin moi).


Challenge Solidaire 2022
Challenge ABC 2022-2023
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Deux disciplines (le saut en hauteur et l'haltérophilie), deux athlètes dans chacune de ces disciplines, un soviétique et un américain. Soit 4 destins en tout, intimement liés. Des adversaires au cours de leurs carrières, en pleine période de guerre froide, jouets d'une cause politique qui les dépasse. Puis, des retrouvailles étonnantes quelques décennies plus tard dans les montagnes kirghizes...

J'ai été un peu perturbé au départ dans ma lecture, ne sachant pas si ces athlètes étaient réels ou bien des personnages de fiction (à ma décharge, je suis loin d'être un spécialiste de saut en hauteur ou d'halterophilie des années 80...). Une fois cette incertitude levée, je me suis mis à apprécier cette histoire, même si tout ceci (la relation entre Sue et Tatyana par exemple) m'a paru être un peu trop romanesque. Pour autant, ce récit illustre le destin de personnes qui, bien que nées dans des pays forts différents, se ressemblent finalement, plongées à une époque dans un terrible affrontement politique, qui se joue aussi dans les stades. le sport comme outil de propagande, comme un champ de bataille par substitution. Les athlètes ne s'appartiennent alors plus, gare aux défaites ou à tout geste politique... sans parler du dopage subi, qui révèle ses méfaits des années plus tard.
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C'est une histoire très curieuse de rencontres. Sue est américaine, Tatyana est kirghize. Toutes deux sont championnes de saut en hauteur fin des années 1970, début des années 1980. Sur cette même période Chabdan, kirghize, et Randy, américain, s'illustrent en battant des records du monde en haltérophilie. C'est l'époque de la guerre froide, Etats-Unis d'Amérique et Union des républiques soviétiques se mesurent, se combattent aussi à travers les performances de leurs athlètes. Trente ans plus tard, ces sportifs à la retraite, se retrouvent et soignent leurs maux. Jean Hatzfeld, presque sans l'air d'y toucher, comme si on était dans un songe, parle de geste sportif aérien et puissant, de dopage et de ses conséquences, de la vie "d'après" des sportifs de haut niveau, de haine entretenue entre États belliqueux, de revendications indépendantistes et de déportation, de solidarité et de remords, d'amitié et de résilience. Ces 2m10, barre qui reste encore à franchir, comme un cap, une volonté de croire au lendemain apaisé. Ce roman un peu déroutant par sa construction, marque toutefois par sa poésie, ce flottement qui emporte.
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J'ai eu la chance de recevoir en avant-première le dernier ouvrage de Jean Hatzfeld "Deux mètres dix". J'ai beaucoup aimé ce roman qui traite d'un sujet toujours d'actualité : le sport de haut niveau et ses dérives, qui plus est sur fond de guerre froide.

Nous y rencontrons deux sauteuses en hauteur, l'Américaine Sue Baxter et Tatyana Izvitkaya, kirghise d'origine Koryo-saram comme on appelle les coréens présents dans les anciens États soviétiques et deux champions en haltérophilie, l'Américain Randy Wayne et le géant kirghise, Chabdan Orozbakov.

Quatre grands champions, quatre destins que l'auteur décortique à partir des jeux olympiques de 1980. Car, autant que la rivalité, ces athlètes développent un sentiment d'admiration réciproque. Cet ouvrage est passionnant qui à la fois raconte l'histoire de ces héros mais dresse aussi le portrait de deux sports qu'il décrit à la manière d'un tableau. L'auteur a ce talent de rendre vivant une épreuve d'haltérophilie et de décrire par le menu la préparation des athlètes pour un concours de saut en hauteur avec poésie "Il reste en lisse cette soviétique d'allure insolite… Elle regarde la barre, sourit. Des cheveux noirs et lisses embrassent en ovale un visage asiatique aux traits fins... Elle se déplace de deux pas vers le centre du sautoir, prélude d'une originale trajectoire d'élan."

S'ajoute à cela une belle étude de l'ex-URSS et de ses exigences en matière de sport. Chaque épreuve fait l'objet d'une attention extrême, rien n'est laissé au hasard et les pilules circulent…

Il s'agit là d'un roman aux intérêts multiples qui conjugue de magnifiques portraits d'athlète et de leurs relations, un rappel de ce que fut la guerre froide et ses impacts jusque dans les grandes compétitions sportives, et un regard sur le monde du dopage traité avec beaucoup de finesse.

J'ai trouvé ce récit passionnant.

Lien : https://memo-emoi.fr
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En lisant le résumé, je m'attendais à un roman qui parlait exclusivement de sport et de compétition mais je me suis trompée et j'en ai été agréablement surprise.
Jean Hatzfeld nous offre le récit d'adolescents repérés pour leurs qualités sportives, entraînés pour arriver le plus haut possible, atteindre la gloire, monter sur le poduim olympique, battre des records. Sue, Tatyana, Randy et Chabdan sont des virtuoses dans leur discipline.
Les "affrontements" ont lieu dans un contexte de guerre froide ce qui rend la compétition tendue. du côté russe, la pression est forte. Les athlètes ne peuvent se permettre le moindre écart sous peine d'être considérés comme antipatriotiques et d'être arrêtés par le KGB. Toutefois, une connivence naît entre Sue et Tatyana.
Des années plus tard, la gloire est loin. Sue est tombée de son piédestal, devenue alcoolique passant d'hommes en hommes quand elle n'est pas terrassée de douleurs dues au traitement suivi pour améliorer ses performances.
Quand Tatyana reprend contact, elle hésite et puis va la rejoindre au Kirghizistan.
Randy ,lui, regrettant son comportement des années avant envers Chabdan, part en pélérinage avec sa femme.
J'ai aimé ce récit très humain. L'auteur explore les conditions de vie des Kirghizes, peuple qui a subi de nombreuses oppressions de la Russie, leurs conditions de vie.
Une lecture très riche et pleine d'enseignement.

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